25e Coupe du monde à Las Vegas: Un Marcus, mais...

A Marcus Ehning la 25e Coupe du monde de saut : qui l’aurait dit ? Le pilote allemand a certes beaucoup de talent, mais on ne pensait pas son Anka capable de triompher à Las Vegas. La bonne alezane a de la force, mais de là à entrer au " panthéon " des chevaux (certains parlerons de Cesar’s Palace…), de rejoindre Dollar-Girl, E.T., Baloubet du Rouet, Tinka’s Boy et Cento (pour ne citer que les dertniers lauréats en date...) au palmarès.... Rodrigo Pessoa, 2e, passe près d’un 4e sacre qui eût été historique et Malin Baryard, 3e, continue sa progression. Markus Fuchs, le vainqueur de la finale ‘01 et leader de la ligue européenne 2002-03, a fait jeu égal avec Ehning dans l’épreuve finale, mais il était trop tard, la chance avait filé dans la chasse. Le Suisse peut tout de même être fier de la 5e place conquise au Nevada, qui fait sans doute de lui et de son bon étalon le couple le plus performant et le plus fiable sur les quatre dernières années. C’est bien un petit homme vert prénommé Marcus, membre du team Sony-Ericsson de surcroît, qui s’est imposé à Las Vegas, dans la 25e finale de la Coupe du monde de saut, mais pas celui que l’on attendait. Car là où Marcus Ehning n’était qu’un outsider parmi (tant) d’autres, Markus Fuchs, leader de la ligue européenne 2002-03 et actuel No2 de la hiérarchie mondiale, était l’un des tout grands favoris. Fuchs a certes été le seul à faire jeu égal avec Ehning le dimanche, en bouclant les deux manches sans faute, mais il avait concédé trop de terrain les deux premiers jours, notamment dans la chasse, pour espérer davantage qu’une 5e place, fort honorable au demeurant. Marcus Ehning est certes un des ténors actuels, un pilier de l’équipe allemande depuis quatre ans (or par équipes aux Européens ’99 et aux JO de Sydney 2000), un grand talent reconnu depuis son plus jeune âge, il lui manquait encore un sacre individuel pour assoire définitivement sa notoriété . Et en Amérique, sans son fabuleux étalon " For Pleasure ", trop vieux pour un tel déplacement, avec sa seule jument oldenbourgeoise Anka 191, réputée moins fiable et brillante, il était un candidat parmi d’autres. A Las Vegas pourtant, Anka s’est révélée hyper-compétitive, enchaînant les sans-faute : 6e le jeudi, 3e le vendredi et 1ère exaequo le dimanche, une sorte de marche triomphale ! Ehning a certes eu une grosse frayeur le dimanche, lorsque sa robuste alezane de 12 ans (par Argentinus) a " fait banquette ", comme on dit dans le jargon, plongeant ses postérieurs au beau milieu de l’oxer no 3, et ne les relevant à temps qu’au prix d’un solide coup de reins. Dans la seconde manche, la chance l’a aussi assistée à plusieurs reprises, évitant à son cavalier un barrage contre Rodrigo Pessoa, duel qui eût été fort risqué. Il faut bien dire qu’Anka, malgré sa force et sa volonté, n’a pas l’allure des chevaux d’exception sacrés lors des finales précédentes. A Las Vegas, c’est surtout un cavalier très " pro " qui s’est imposé, avec précision et sang-froid, sur des parcours exigeants et techniques. Manquaient peut-être le panache et l’émotion, même si Ehning a lâché ses rênes et levé les bras au ciel une fois la ligne d’arrivée franchie… A 29 ans (célébrés la veille du triomphe !), l’Allemand fête là son plus beau sacre individuel. LES AMERICAINS PIAFFENT… Rodrigo Pessoa regrettait bien sûr d’être passé si près d’un quatrième titre avec Baloubet du Rouet, après ‘98, ’99 et 2000 (à Vegas déjà), exploit qui eût été historique. 2e en 2001 derrière Fuchs, 3e l’an dernier, 2e cette fois derrière Ehning, Pessoa aura peut-être encore sa chance l’an prochain car, à 14 ans, son étalon semble encore très fringant. La 3e place du podium (virtuel !) récompense la belle complicité, toute de finesse et d’élégance, entre Malin Baryard et Butterfly Flip. La jolie Suédoise, 2e le jeudi comme le vendredi et largement en tête avant l’ultime journée, n’est pas passée loin. Il s’en est fallu de deux " touchettes " le dimanche. Reste que, comme à Leipzig, l’an passé, Malin prouve que sa place est tout devant. En aura-t-on confirmation dès les Européens de Donaueschingen, fin août ? Lars Nieberg et son bel étalon Fighting Alpha, 4es, ont également tenu leur place, leur rang. Malgré les défections de von Rönne et de Becker (tenant du titre), les Allemands étaient au nombre de huit et ils placent quatre des leurs dans les dix premiers. Les Américains, qui alignaient quatorze concurrents mais ne comptent que Laura Kraut (5e exaequo) dans les dix, ne peuvent en dire autant… Quatorze ans, bientôt quinze, depuis le dernier sacre du Canadien Ian Millar et Big-Ben, que les cavaliers du Nouveau Monde rêvent de dominer la vieille Europe… Et la dernière victoire U. S., celle de Katharine Burdsall et The Natural,à Paris, remonte à 1987… AVEC UN SEUL ETRIER… 5es, Markus Fuchs et " Tinka’s Boy " peuvent être fiers de leur nouvelle prestation à Las Vegas, trois ans après leur 2e rang (entre Pessoa et Mändli). Il n’ont d’ailleurs plus grand chose à prouver, eux qui forment probablement le couple le plus souvent aux avant-postes depuis quatre ans. Il y avait certes eu quelques déceptions en fin de course, à Sydney ou à Jerez, mais, dans ce sport-là impossible d’être toujours là. Comme aux Européens d’Arnhem, le retard avait cette fois été pris dans la chasse, le premier jour, et il était irrécupérable. De complicité et de bravoure, ils n’ont en tout cas pas manqué, notamment en toute fin d’épreuve le dimanche, lorsque Markus Fuchs avait perdu un étrier pour attaquer la ligne la plus compliquée… Déjà, dans la première manche, ils avaient impressionné. Le Suisse avait su raccourcir les foulées de son étalon doré sans lui faire perdre son parfait équilibre : quelle maestria ! En signant un double sans-faute ce jour-là, le Suisse a fait une bonne opération, à la fois aux niveaux comptable, sonnant et trébuchant…. Ludger Beerbaum (8e au final sur Goldfever, à égalité parfaite avec sa belle-sœur, Meredith) n’a même pas eu cette consolation-là. Markus Fuchs se rapproche du reste du No 1 mondial au classement FEI-Gandini, au point d’espérer pouvoir le déloger dans le courant de l’été. Un nouveau challenge ? Parmi les battus, des Américains surtout, Peter Wylde, qui faisait ses derniers parcours avec Fein-Cera, 3e à Jerez et 12e seulement à Vegas, ou elle s’est un peu amochée en traversant un obstacle du barrage, le vendredi, Leslie Howard, qui n’est pas allée jusqu’au bout avec Priobert de Kalvarie, McLain Ward, qui a fait illusion en remportant la chasse avec Viktor avant d’atterrir à la 23e place finale, mais aussi des Européens, comme Markus Merschformann, 1er le vendredi soir avec Camirez B mais 18e au final. Comme Trevor Coyle (Fleur est plus contractée que jamais), Franke Sloothaak, Jan Tops, Eric van der Vleuten, Edouard Coupérie ou Robert Smith (36e exaequo avec le Japonais Hirota !), qui ne sont pas allés au bout, contrairement à Gerco Schröder, 10e, ou au jeune Tchèque Ales Opatrny, bon 19e. Et si le terrain (terre, tourbe et copeaux) a été… vertement critiqué, surtout les premiers jours, les parcours pleins d’intelligence de Conrad Homfeld (ancien double vainqueur de la Coupe du monde) ont été appréciés des cavaliers. S’en retournera-t-on à Las Vegas en 2005 ? C’est prévu. D’ici là, la Coupe du monde se sera donnée un nouveau responsable, mais le Suisse Max E. Ammann, créateur-directeur durant 25 ans, ne sera pas aisément remplaçable. Alban Poudret

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