CSI-A de Zurich: les Belges ont eu le dernier mot

Le Swiss Life Classic, apothéose de ce 16e CSI de Zurich, s´est conclu par une double surprise belge. Non pas que Philippe Lejeune et Jos Lansink, deux cavaliers particulièrement aguerris et talentueux, ne méritent pas pareils honneurs, tout au contraire. Mais, enfin, personne, sinon peut-être eux, n´aurait misé sur un doublé de leurs chevaux, qui débutent encore à ce niveau. Plutôt prometteurs, comme débuts, non? Imaginez que Maïke, la bonne baie de Philippe Lejeune, avait effectué son premier Grand Prix deux mois plus tôt, à Paris-Porte de Versailles (4 pts). Une grande victoire avait suivi, en guise de cadeau de Noël, dans la pré-qualificative Coupe du monde de Malines (4 pts ensuite dans le GP). Le cavalier belge a sans doute eu le nez fin de la racheter deux jours avant Zurich, avec l´aide de deux amis, à son propriétaire tessinois Pedro Camata, car il tient là un vrai crack. Entre Maïke et Lejeune, la découverte avait eu lieu lors du Circuit du Soleil 2000, "un vrai coup de foudre". Le Belge a su attendre, préparer cette fille de Libero H et petite-fille de Lucky-Boy (par la mère) progressivement. A 9 ans, Maïke atteint sa pleine maturité. Et Lejeune fête là sa victoire la plus lucrative (90´000 frs qui seront particulièrement utiles ces temps-ci!). Quant à Cumano, l´étalon holsteiner gris (un Cassini) de Jos Lansink, il était le plus jeune des 38 (!) inscrits dans ce Grand Prix, avec ses sept ans-et-demi. Lansink l´a récupéré des mains de Marc van Dijck. Or leurs dernières prestations, à Leipzig comme ici, n´avaient guère été convaincantes. Seulement voilà, Lansink est un as, un sorcier, et dans ce Swiss Life Classic, Cumano survola les barres à la manière d´un Calvaro V (autre héros du jour). Le troisième et dernier couple sans-faute lors des deux passages, c´était John Whitaker et Lord Z, l´ex-étalon holsteiner de Mändli, déjà 1ers des GP de Birmingham et de Düsseldorf avec l´Anglais. John is back! Repêché de dernière heure, Markus Fuchs semblait parti pour la gloire. Crédité du sans-faute le plus rapide dans la première manche, "trop longue et trop sélective, surtout avec ce triple à la fin", il entra tout confiant pour la conclusion. "J´avais un excellent sentiment, je me sentais porté par le public". Trop confiant? "Peut-être, c´est comme ça que j´explique ma faute à l´abord du double". Le Suisse était d´autant plus déçu de sa 4e place qu´il avait franchi la ligne avec deux secondes d´avance. Et que cette épreuve manque à son palmarès. L´autre Hélvète dans la course, c´était Christophe Barbeau, comme à Palexpo. "Je voulais absolument confirmer cette 5e place en Coupe du monde, montrer que Genève n´était pas un hasard. Et Querly Chin m´a de nouveau épaté". 9e au final, le Fribourgeois de Lossy voulait prendre ses fautes du second tour sur lui: "Je n´avais plus rien à perdre, j´ai foncé, et même un peu trop, sur l´oxer no 2. Cela a déstabilisé ma jument. Sa faute sur les Bruxelles en forme de vagues l´a énervée, elle est très sensible, susceptible, et elle s´est ensuite jetée dans la combinaison, mais je suis ravi de sa prestation d´ensemble". Une satisfaction partagée par le propriétaire de Querly Chin, Vincent Stolz, de Villeneuve, qui avait la larme à l´oeil: "c´est la récompense de tant d´efforts, de tant de travail et de toute une équipe". Avec un Goldfever très affuté, Ludger Beerbaum rêvait d´un triplé dans le Swiss Life Classic, mais une faute dans la première manche l´a irrémédiablement relégué au 6e rang. Son plus mauvais rang du week-end, sans doute! 2e du Grand Prix Credit Suisse, derrière Robert Smith, le jeudi, 2e du Swiss Life Challenge (tournante) derrière Dubbeldam, le samedi, 3e de la Progressive Dannemann, derrière Pessoa et Mändli, le même jour, l´Allemand a tout de même gagné le Master ainsi que le kilo d´or promis par le Credit Suisse au cavalier le plus régulier. Presque naturel, pour le No 1. On retiendra surtout ses deux parcours d´anthologie dans le Mercedes Master avec Champion du Lys. Des parcours tout de finesse, de légèreté, d´équilibre et de précision. Du tout grand art! Malgré une prise de risques importante, son barrage fut presqu´encore plus pur et fluide que l´initial: digne de figurer dans un manuel -ou une video- d´équitation! Et Champion du Lys, cheval près du sang, sensible et fin, lui va bien. "Goldfever et Gladdys´S (au repos pendant Zurich) ont sans doute encore plus de potentiel que lui, mais Champion n´est pas mon cheval No 3, je n´aime pas cette numérotation, c´est plutôt mon 1c!", a joliment dit le No 1 mondial. A l´arrivée, Beerbaum avait plus de deux secondes d´avance sur Lejeune, 2e, tandis que Robert Smith, le vainqueur de la veille, qui avait troqué Mr Springfield contre Marius Claudius, pointait cette fois au 3e rang. Jeroen Dubbeldam fit une belle démonstration dans la "tournante". Battu d´une courte tête, après barrage, par Beerbaum l´an passé, le Néerlandais prit cette fois sa revanche. Le No 1 mondial avait fait une faute avec Sao Paolo, le cheval de Dubbeldam, lors de son 4e parcours et le champion olympique avait ainsi la possibilité de conclure, d´éviter un barrage. Il sut saisir l´occasion, avec brio (et un peu de chance dans la combinaison). Beerbaum partageait lui la 2e place avec Becker (8 pts chacun), tandis que Dermott Lennon se retrouvait loin derrière (avec 28 pts). A Jerez, la tournante lui avait permis de triompher, cette fois-ci le jeu se retournait contre lui. Comme quoi la tournante est un exercice passionnant mais sommes toutes assez aléatoire... De ce 16e Zurich, le 13e à se dérouler au Hallenstadion, on retiendra encore, sur le plan sportif, les deux victoires de Rodrigo Pessoa avec la véloce Bianca d´Amaury et le succès de Lars Nieberg et Adlantus As dans le Prix Liebherr. Un mot encore sur la qualité des parcours du tandem Fischer-Lüdi (les seules réserves concernaient, selon certains, l´extrême difficulté du tracé dominical) et sur celle de la décoration, notamment florale (toute en rouge et blanc). Par ailleurs, le niveau des attractions présentées était, une fois de plus, remarquable. La venue de la Household Cavalry, avec un quadrille de 24 écuyers et des trompettes, était un événement en soi: la garde de S.A.R. la Reine Elisabeth 2 d´Angleterre ne se déplace pas souvent. Et l´adjonction de danseurs plus modernes, de lights shows ou encore de poneys islandais permet de "ratisser large". Le public (44´000 spectateurs environ sur les quatre jours) était d´ailleurs nombreux, malgré la neige et la circulation perturbée du premier jour. Les frères Theiler et leurs associés, Oliver Höhner et Reto Caviezel, affichaient du reste une large satisfaction. Le CSI de Zurich est un "must" et rendez-vous est déjà pris en 2004: du 29 janvier au 1er février. C´est en 2005 que, réfection du Hallenstadion oblige, on sautera une édition. A. P.

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