Retour sur les 4es Jeux Mondiaux de Jerez

Des infrastructures grandioses, une région toute dévouée au cheval, un budget de plus de 38 millions de francs, et probablement sans déficit au bout (ça aussi, c´est nouveau!), sept disciplines à l´affiche- un record- (et même une 8e, avec le horse-ball, en démonstration), ces 4es Jeux Equestres Mondiaux de Jerez de la Frontera n´auront pas manqué de grandeur. Et les vainqueurs, même s´il s´agissait souvent de (demi) surprises, ont été à la hauteur de l´événement. D´authentiques hommes de cheval, comme Jean Teulère et Dermott Lennon, ou femmes de cheval, comme Nadine Capellmann, des jeunes souvent, des nouveaux aussi, c´est plutôt bien pour le sport. Comme le grand retour de nations d´élevage comme la France, la Suède ou l´Irlande. Tout cela est réjouissant. Reste pourtant comme un goût d´inachevé. La chaleur du sud, du soleil de l´Andalousie, on l´a surtout senti lors des cérémonies d´ouverture et de clôture, avec les productions de la "Real Escuela" (l´Ecole Royale Andalouse d´Art Equestre), les présentations de cobras (des juments attachées les unes aux autres) et les défilés de chevaux de Pure Race Espagnole montés par des cavaliers du crû, une belle femme assise sur la croupe de leur cheval... Ou lors des épreuves en extérieur (cross, marathon, endurance), organisées à Garapillos. Là, on était en Espagne! Et à ciel ouvert, un peu comme à Sydney... Dans le grand stade, en revanche, tout était un peu artificiel, aseptisé, sans âme, un peu froid et fade. Surtout lorsque les gradins étaient clairsemés, comme le jeudi 19, lors de l´épreuve finale du saut par équipe.où de nombreux couacs ont eu lieu (sono, jugement etc.). En dressage, certains jugements frisaient le scandaleet la politique n´était peut-être pas toujours absente. Nettement plus grave, la mort de deux chevaux en endurance soulève un certain nombre de questions. Comment la Fédération Equestre Internationale (FEI) peut-elle tolérer des "locations" de chevaux. Ainsi le cheval du Malais avait-il été loué à des Français peu scrupuleux, qui ne lui avaient encore jamais fait courrir 160 km. Comment un cavalier "étranger" y parviendrait-il du premier coup? Ne faut-il pas connaître son cheval, ses moindres réactions, ses premiers signes de fatigue, de boiterie, pour attaquer un tel raid? On exige que les "sauteurs" aient obtenu leur qualification avec le même cavalier et en endurance cela ne serait pas nécessaire? Absurde! La FEI doit faire un sérieux travail pour être à la hauteur de sa mission. Comme elle doit tout tenter pour sauver le concours complet aux Jeux Olympiques. Il y va, à plus long terme, du salut de l´équitation aux Jeux. N´oublions pas que les sports équestres furent sérieusement menacés dans les années huitante (quatre-vingt) au CIO. Ce fut même une des raisons qui poussa Pehr Gyllenhammar et des officiels à lancer les Jeux Equestres Mondiaux... Une méga-manifestation qui offre une très belle vitrine aux sports équestres. Pour autant que l´organisation, la technique et la communication soient à la hauteur, ce qui fut le cas à Jerez. Même si les 320´000 spectateurs annoncés ), les 1000 médias répertoriés étaient fortement exagérés. Et si les télévisions étaient peu nombreuses. De ce point de vue là aussi, l´attribution des prochains JEM à Aix-la-Chapelle est plutôt un gage de réussite. A Aix, ce sera sans doute bien organisé et les tribunes seront pleines. En revanche, en disant non à Lexington, on a tourné le dos à l´universalité du sport et le CIO le notera probablement. CONCOURS COMPLET: UNE EPREUVE DIFFICILE, MAIS MAGNIFIQUE Le concours complet n´est pas une promenade de santé et le parcours des Mondiaux était particulièrement sélectif. Le spectacle n´en fut que plus intense. Les Américains ont triomphé par équipe, mais le titre individuel revient à un grand homme de cheval, le Français Jean Teulère (48 ans), récompensé pour l´ensemble de son oeuvre. Et dire qu´il est question qu´il disparaissse des JO! Avec le concours complet, on touche pourtant à l´essence même du sport. Du sport spectacle autant que du sport où se dépasser soi-même compte plus encore que de dépasser les autres. Pour preuve, le cross de Jerez, un peu difficile, peut-être, sans doute, mais grandiose, riche en suspens, en surprises, en rebondissements et en émotions, suivi par plus de 30´000 spectateurs enthousiastes. Les Américains furent les grands dominateurs de ce samedi ensoleillé, l´équipe s´installant en tête, grâce notamment aux deux tours presque sans faute ( 2,80 et 2,40 pts pour temps dépassé) de John Williams et Kimberly Vinoski. Williams menait aussi la danse en individuel, mais là, l´Australien Dutton et le Français Teulère, brillant avec " Espoir de La Mare " étaient en embuscade, à moins d´une faute d´obstacle. Le lendemain, le parcours de saut, disputé à Chapin, sur le terrain en herbe annexe au stade, a ruiné bien des espoirs. Tant mieux pour le Français Jean Teulère, véritable homme de cheval, puriste et styliste! Si le cross fut l´incontestable pièce de résistance, on a pu consater que ce parcours d´obstacles, ultime test de ce triathlon équestre, contribue aussi à l´intensité de cette discipline. Le suspens a duré jusqu´au bout et les nerfs de certains n´ont pas tenu. Ainsi les Australiens, encore double médaillés après le cross (équipe et individuel) et qui ont tout perdu pour avoir joué au mikado avec les barres du parcours. Ainsi l´Américain John Williams, d´une gaucherie inquiétante et qui se retrouvait en " chocolat " pour quatres fautes. Mais, c´est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et pour tout dire, il a aussi fait le nôtre. Jean Teulère, Jeannette Brakewell, Piia Pantsu, le tiercé gagnant de ces Mondiaux avait fière allure. Et le Français couronne une carrière de plus de 20 ans. Par équipe, les Américains ont gardé l´avantage. Les Suisses, 9es et au-delà du 30e rang en individuel (Wehrli et Isler ont fini, c´est déjà ça), ont plutôt déçu. Il y a encore du pain sur la planche! ENDURANCE LE CADET DE LA FAMILLE AL MAKTOUM EN OR Si le Sheik Al Maktoum, Ministre de la Défense des Emirats Arabes Unis et un des dix hommes les plus puissants au monde, dit-on, a été éliminé, tout comme deux de ses fils, le cadet Ahmed Bin Mohammed Al Maktoum (16 ans à peine) a triomphé, offrant le titre mondial à son pays, au bout de 160 km assez pénibles, disputés en bonne partie sous la pluie et sur un terrain glissant et parfois boueux. Discipline en vogue, et en phase avec la nature, l´endurance s´est beaucoup développée. La preuve ici à Jerez, avec 154 concurrents de 35 pays et des 5 continents. Ceux-ci ont dû parcourir la campagne, entre les vignes sablonneuses du Xérès et les terrains plus rocailleux des villages blancs accrochés à la montagne. Sur 160 km, du petit matin presque jusqu´au soir. Et dans des conditions très pénibles,on l´a dit. Quatre contrôles vétérinaires étaient certes disposés sur le parcours (certains en réclamaient cinq...) et des juges veillaient ici ou là. Trop de pulsations cardiaques, on s´arrête dix minutes. Et la seconde fois, on est hors-course. Neuf chevaux avaient même été refusés lors de l´inspection d´entrée. Et plusieurs favoris, dont le Sheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, le citoyen le plus puissant des Emirats, furent éliminés en début de course. Lui et trois de ses fils étaient en lice, avec des super cracks. 9 heures, 19 minutes et 29 secondes, tel est le temps mis par les nouveaux champions du monde, le Sheik Ahmed Bin Mohamed Al Maktoum et " Bowman ", superbe pur-sang arabe (né en Australie) de 13 ans, pour couvrir les 160 kilomètres du parcours. L´expérience de l´un a compensé la jeunesse de l´autre: le Sheik est le plus jeune champion du monde de l´histoire! Aucune autre discipline ne demande un effort d´une telle longueur et, quand la pluie s´y met, comme là, cela devient presqu´un parcours du combattant. Qu´à cela ne tienne, " Bowman " est agile, il a le pied sûr, et ce terrain tantôt glissant, tantôt collant, ne l´a pas handicapé: 17,19 km de moyenne, c´est du costaud! Bowman est un pur-sang arabe qui a été préparé en Australie, par Margaret Wade, elle-même 4e et donc évincée du podium par un cheval qu´elle a elle-même formé. Le comble! Alex Raggio di Sole, le brave compagnon de l´Italien Antonio Rosi a décroché l´argent tout en concèdant 19 minutes: il n´y avait pas photo au finish! En revanche, la lutte pour le bronze s´est faite au coude à coude, la petite Aveyronnaise Sunny Demedy l´emportant sur Margaret Wade pour 4 secondes! Par équipes, les Français ont survolé l´épreuve. Les Italiens et les Australiens ont décroché l´argent et le bronze. Malgré des moyens considérables, la fortune du Sheik Al Maktoum, l´engagement des meilleurs spécialistes français, britanniques ou italiens et... une centaine d´aides et de porteurs d´eau (il en faut quelques-uns, répartis sur tout le parcours!), les cavaliers des Emirats Arabes Unis ont dû se " contenter " de l´or individuel. Les Suisses n´ont pas pu finir par équipe, malgré trois chevaux à l´arrivée... mais dont un individuel, Puschkin, 24e avec Christine Wagner. A. P. Deux morts qui interrogent Coup de tonnerre dans le ciel de Jerez, à l´issue de cette épreuve, tard dans la nuit, on apprenait que deux chevaux étaient morts à l´issue de l´endurance. " Floyd ", du Malaisien Nik Isahak W. Abdullah, tout en fin de course, et " Sir Fire ", de l´Espagnole Anna Maxenchs Serra, le lendemain matin. Consternation. Et rage, car le premier avait été loué peu avant la course à des Français peu scrupuleux. On ne devrait pas pouvoir " s´assoire " sur un cheval inconnu. N´est-ce pas interdit en saut? Or l´endurance est exigeante, demande beaucoup de sentiment et de connaissance du cheval. Oui, c´est rageant. Et le second n´avait jamais fini officiellement une épreuve de 160 km avec sa cavalière. Ou il faudra revoir les exigences de l´épreuve, enlever 20 km ou répartir une distance sur deux jours, ou être plus sèvère dans les qualifications. Et interdire toute location, ça c´est évident. DRESSAGE PAR EQUIPE: L´ALLEMAGNE DEVANT, MAIS UN TRIO INEDIT Le dressage est la discipline équestre où la hiérarchie est le moins souvent bousculée (d´aucuns diront qu´elle est figée...). Les demi-surprises que nous a réservée à Jerez l´épreuve par équipes sont donc à souligner. Les Allemands sur la première marche, c´est bien sûr habituel (une seule exception, en 1970), en revanche, les Américains sur la deuxième, c´est une " Première " (il y avait eu du bronze en ´94 et aux J. O.), et les Espagnols sur la troisième aussi (vous imaginez la fête!). Et les trois ensemble sur le podium, c´est nouveau aussi pour les photographes. Clic-clac, tout le monde sourit! On nous dira bien sûr que les Danois, 4es, ou les Néerlandaises, habituées aux honneurs et 5es cette fois, ont été un peu sous-estimées, c´est possible. Les autres n´ont toutefois pas volé leur bien. Et à force de vendre leurs chevaux ou leurs services (entraîneurs etc.), souvent le lard du chat (cher), aux nouvelles nations, les équipes du nord ont accepté de lâcher aussi leur suprématie. Cela apporte un bol d´air frais au " dressur ", tant mieux, même si la politique n´était pas non plus absente de ces décisions (il fallait "récompenser" l´Espagne, c´est évident!). Des changements, il y en a aussi eu au sein de l´équipe victoreuse, avec le retour, après une quinzaine d´années d´absence, d´Ann-Kathrin Linsenhoff, et l´arrivée d´un nouveau, Klaus Husenbeth. La Suisse, 6e, fait à nouveau partie du groupe de tête, et, après un trou d´une dizaine d´années, c´est plutôt une bonne nouvelle. Il y a de nouveaux chevaux, jeunes, comme Laudatio (8 ans) ou Regent (9 ans), c´est bien. Un excellent travail au trot, un passage remarquable, de beaux changements de pied, seul le pas laissait à désirer. D´autant plus remarquable que ce bai, fils de " Landadel ", n´est le cheval no 1 de la brune Françoise que depuis peu. Depuis la vente de " Sir S ". Puissent le Zurichois W. Frey et le Haras Albführen (sud de l´Allemagne) garder ce prometteur atout, pour le bien de la cavalière comme de l´équipe! Les notes de l´autre Suisse en lice, Christian Pläge, furent encore plus flatteuses. " Regent 2 " (10 ans), le cheval du Franco-Sédunois Jean Didier, fit une bonne reprise, avec de belles pirouettes et... un pilote très routiné. Résultat: 69,12 de moyenne. Le lendemain, Michel d´Arcis avait pourtant dû souffrir durant la reprise totalement ratée de Silvia Iklé sur un " Romario " démonté, qui s´est braqué, s´est cabré, et sa cavalière n´a plus pu en faire façon. Elle en a perdu ses esprits et s´est même trompée dans l´ordonnance de son programme. Le soir, le sourire était revenu, grâce à l´assez bonne reprise de Daniel Ramseier sur un " Rali-Baba " moins fringant que de coutume (problèmes de ferrage), mais fiable. Dans le GPS, Pas d´ovation pour les trois Suisses en lice, mais une homogénéité assez réjouissante. Christian Pläge, 19e au final avec Regent, a encore une marge de progression avec le cheval du Valaisan (d´adoption) Jean Didier. Il partage ce 19e rang avec Daniel Ramseier, qui peut, lui, amèrement regretter les deux défenses d´un " Rali-Baba " très expressif. Quant à Françoise Cantamessa, 23e, elle a tout l´avenir de " Laudatio " (8 ans) devant elle. Si elle peut le garder... Or, aux dernières nouvelles, c´est non! Le principal, c´est que l´équipe est ainsi qualifiée pour les J. O. d´Athènes 04. " Nous voulions terminer dans les sept et atteindre 5´000 pts, nous avons obtenu et même dépassé ces deux objectifs, c´est magnifique ", résume le chef d´équipe, Michel d´Arcis. A. P. DRESSAGE INDIVIDUEL: NADINE CAPELLMANN D´ACCORD, MAIS... Nadine Capellmann est une nouvelle championne du monde tout-à-fait convaincante. On n´en dira pas tout autant de sa dauphine, l´Espagnole Beatri Ferrer-Salat, ni d´Ulla Salzgeber, 3e plutôt pour l´ensemble de son oeuvre que pour ce que son cheval (raide, voire boiteux par moment) a montré là... La petite Brentina de Deborah McDonald méritait plus le bronze, c´est clair... Il y avait UNE seule jument parmi les 25 qualifiés pour ce GP Spécial. Mais Brentina, une hannovrienne de 11 ans formée depuis l´âge de 3 ans par Deborah McDonald, a fait plus qu´honneur à son sexe. Remarquable de constance et d´harmonie, sans doute en raison de l´équitation toute en finesse et en douceur de sa cavalière, elle aurait mérité encore mieux que sa 3e place au provisoire (et surtout que sa 4e place finale). Interrogée sur le fait qu´elle monte une jument, l´Américaine a répondu qu´elle avait toujours aimé les chevaux du sexe faible, convaincue qu´elles pouvaient donner encore plus. A la question: " mais n´a-t-elle jamais eu ses chaleurs au mauvais moment? ", elle a répondu: " jamais! ". Le dimanche, dans la Kür, Brentina fut à nouveau sous-payée. Fallait-il une Espagnole et les deux Allemandes sur le podium? On est en droit de se poser la question...L´ Américaine et sa jument ont en tout cas conquis les 20´000 spectateurs du stade de Chapin. Certains connaisseurs ont qualifié leur reprise libre de " gentillette ". D´autres, au contraire, ont vanté son haut degré de difficulté. Allez comprendre... Une chose est sûre: elle fut d´une harmonie et d´une fluidité rares. Et par-dessus tout empreinte d´émotion. De la grande et belle équitation. Comme du reste la reprise de Lisa Wilcox et Relevant, 5es. Les Américains ont de beaux couples en dressage, désormais. L´Allemande Nadine Capellmann n´a toutefois pas volé son titre. La cavalière d´Aix-la-Chapelle est la nouvelle championne du monde avec... " Farbenfroh " (" coloré " en allemand), qui l´était moins que de coutume. Elle n´a pas eu à prendre de risques, mais sa victoire est logique. Politique, en revanche, le 2e rang de l´Espagnole Beatriz Ferrer-Salat, " à contre-courant " sur un " Beauvalais " contracté. Quant au bronze d´Ulla Salzgeber, on l´a dit, il récompense plutôt un passé. Que le jugement d´une épreuve de dressage suscite parfois interrogation et incompréhension n´est pas nouveau. Mais à Jerez, dans l´épreuve individuelle, on a atteint des sommets. " A la question: "comment expliquez-vous que " Brentina " (ndlr: la jument de Deborah Mc Donald, 4e) ne soit pas sur le podium? ", Volker Moritz, président du jury, répondait par un "elle a bien commencé, mais elle a manqué d´engagement sur la fin. " Un peu court. A celle: " ne pensez-vous pas que le " Rusty " (ndlr: le cheval d´Ulla Salzgeber, " enfermé ", irrégulier des postérieurs et pourtant vainqueur du libre et 3e au final) n´était pas celui que l´on a connu ? ", le même M. Moritz osa un " il a présenté une des plus belles reprises en musique de sa vie". Tout jugement implique une certaine subjectivité. Et l´erreur est humaine. Mais là... A Jerez, une partie du public (les Espagnols, eux, étaient venus fêter les leurs), beaucoup de passionnés et de journalistes se sont sentis floués. S. D. K. et A. P. ATTELAGE LES NEERLANDAIS RAFFLENT TOUT! En attelage à quatre chevaux, Chardon et les Néerlandais ont tout rafflé, mais la lutte fut très intense. Notamment sur le marathon, magnifique, difficile et très technique, où le Suédois Erksson refit une bonne partie de son retard après le dressage. Une partie, mais pas suffisamment... A l´issue de ce merveilleux marathon, disputé sous le soleil et devant 22´000 spectateurs, les trois premiers du classement général, le Néerlandais Ijsbrand Chardon, l´Allemand Sandmann et le Suédois Eriksson, semblaient hors de portée des suivants. Surtout si la maniabilité du lendemain était facile. Et elle le fut, hélas... Il est vrai que le constructeur (chef de piste), Alan Brink, était Néerlandais, comme le leader! L´Allemand Sandmann a conservé lui la 2e place. L´un des seuls à régater avec Eriksson sur le " marathon ", l´épreuve-reine disputée dans la campagne de Garrapilos, fut un jeune gars de 21 ans à peine, qui disputait là son tout premier Championnat et son 2e grand international après Aix-la-Chapelle, le jeune Suisse Stefan Kläy, qui a épaté tout le monde. Quelle dextérité sur au moins six des huit obstacles d´un parcours très exigeant, en technique et en force, fatal aux ex-champions du monde Félix-Marie Brasseur (chute d´un cheval au no 1) et Michael Freund (abandon, sur épuisement d´un cheval à l´obstacle 4). Beau joueur, le Hollandais Chardon reconnaissait aussi avoir eu l´avantage de partir dans les derniers au marathon, évitant ainsi les grosses chaleurs et les erreurs de ceux qui l´avaient précédé. Avec ce 3e titre mondial, après ceux de ´88 et ´92, (et ce 7e podium en individuel), Ijsbrand Chardon est devenu le meneur le plus titré de tous les temps. A Jerez, il a une fois de plus prouvé qu´il était le meilleur en dressage - là, Félix-Marie Brasseur, impérial avec ses lipizzans, le talonnait de près. Dans le marathon, unanimement considéré comme particulièrement technique et réussi (les obstacles, magnifiques, étaient très serrés), son agressivité et son engagement ont provoqué des accrocs, Ultime test, la maniabilité (20 portes) n´a pas provoqué les changements habituels au classement. " Trop facile ", aux dires de beaucoup et notamment de l´équipe suisse, qui remontait tout de même du 5e au 4e rang grâce aux sans-faute de Werner Ulrich (7e en individuel) et de Daniel Würgler, vainqueur de cette épreuve. VOLTIGE L´ALLEMAGNE ET LA SUISSE ASSEZ PROCHES... Par équipes, ou pluôt par groupes, on a assisté à Jerez à un nouveau duel au sommet entre jeunes Allemands et jeunes Suisses. Cela fait seize ans, depuis la première confrontation mondiale du genre, bref depuis la nuit des temps, que les voltigeurs suisses font jeu presque égal avec les Allemands. Tout au moins dans la discipline-reine de la voltige, l´épreuve par équipes (de huit). Cinq titres pour les uns (Allemands), trois pour les autres (Suisses), jamais " moins " que la médaille d´argent, et des luttes très serrées. Il en est encore allé ainsi ici à Jerez, où l´Allemagne a finalement triomphé. Avec tous ses moyens et ses 30´000 voltigeurs, l´Allemagne est un poil de cheval devant la petite Suisse, qui compte à peine 1000 pratiquants. L´enthousiasme de la famille Gebs, les entraîneurs des Saint-Gallois, leur professionnalisme, mais aussi leur esprit d´innovation et leur sens de l´esthétisme compensent -presque- cela. Et ce malgré quatre nouveaux arrivés dans leur formation (lire article à ce sujet). Les " p´tits Suisses " avaient un autre handicap, ils n´avaient pas de juge à eux. Mais, à Jerez, ce n´est pas de l´officiel allemand que sont venues les mauvaises notes, mais du Français. Cela dit, personne n´aurait l´idée de se plaindre de l´absence d´un juge helvétique. La voltige n´est pas le patinage artistique (ni le dressage), c´est un sport pur et amateur jusqu´au bout des sabots. On le pratique d´abord pour le plaisir. Les médailles, c´est du bonus! Cela ne l´empêcha pas d´attirer du monde, et pas seulement des supporters, ici, dans sa halle, tout au fond de cet immense domaine de 30 hectares dédié au cheval. Tout au contraire, le public était charmé par cette ambiance, cette fraîcheur. Et du suspens, il y en eut presque jusqu´au bout, jusqu´au 4e jour. Là, les Allemands de Mainz (Mayence) furent plus sûrs, plus maîtres d´eux, irréprochables. Vrai aussi qu´ils ne prirent que peu de risques, leur avance des trois premiers jours semblant suffisante. Tout le contraire de l´attitude des petits Suisses! " C´est magnifique d´être à nouveau vice-champions du monde, on a tout essayé, tout risqué, c´est le sport ", Ewald Gebs, le père -adoptif- des huit petits voltigeurs suisses se voulait positif et même enchanté après leur médaille d´argent. Sa fille, Anne-Marie, longeuse et animatrice du groupe, était plus triste et, autour d´eux, les yeux étaient rougis et les propos hoquetants. Tout cela contrastait évidemment avec les sauts de joie des Allemands. Si on avait le coeur serré, du côté des Suisses, c´est aussi parcequ´on l´avait donné, tout entier. Quelle générosité, quelle prise de risques. Excessives, sans doute. Leur programme était (nettement) plus dense, technique et original que celui des Allemands. Il le fallait, probablement, pour tenter de renverser la vapeur lors de la 4e manche. Mais une ou deux mains dans la sciure et une " glissade " de Patric Looser sur la croupe de " Le Grand ", imperturbable, lui, rendaient la mission impossible. Le seul garçon du groupe avait tout de même réussi à atterrir sans lâcher sa " cavalière ". Mais il était déçu pour ses copines du groupe! La Suède conserva sa 3e place, de justesse, malgré la belle remontée et le programme libre audacieux des Slovaques, 4es. Plus athlétiques, mais moins émouvants, les Américains se contentaient de la 5e place. Suivaient les Tchèques et les Polonais. En individuel, tant Nadia Zülow que Mathias Lang ont conservé leur titre mondial. Avec brio. L´Allemande était encore devancée par la Danoise Rikke Laumann après deux manches, mais elle est remontée pour s´imposer. Elle décroche ainsi de l´or pour la 3e fois de sa fantastique carrière et elle a déclaré: "la voltige était bien organisée ici et le stade était fantastique, le paddock d´entraînement aussi, c´était de très bonnes conditions. Je vais personnellement peut-être encore continuer deux ans, mais pas jusqu´aux Mondiaux 2006 d´Aix. C´est trop long, trop prenant, je travaille 25 heures par semaine, au sol et aux engins, et m´exerce trois fois avec un cheval. Sans compter les heures que je passe avec Rubin´s Universe, mon propre cheval, qui ne fait pas que de la voltige". A noter que sa longeuse, Agnès Werhahn, obtenait là son 8e titre mondial et sa 25e médaille à ce niveau! Mathias Lang, le Français, a aussi défendu son titre suprême avec brio et il insistait aussi sur sa joie d´être aux Jeux Mondiaux: "pour les voltigeurs, c´est très important de faire partie de ce grand ensemble. Pour nous tous, c´était une semaine extraordinaire". Mathias Lang A frappé fort d´entrée de jeu, pour ne plus être rejoint. A. P. REINING: LA DISCIPLINE DES AMERICAINS Même dans l´arène ovale et futuriste (assez géniale) de Chapin III, durant les épreuves de reining, on ne se croyait pas en Andalousie, mais en Amérique! Dans les gradins (tribunes), comme sur la piste! Le règne du western, des stetson (chapeaux de cow-boys), des bottes de cow-boys, des petits foulards rouges et blancs et des tenues en jeans. Ce n´est pas un cliché, c´est la réalité. Et tout est ainsi, même la façon d´applaudir (ou plutôt de siffler et de crier d´extase), de partager sa joie. On se serait cru à Denver ou à Kensas City! Et le palmarès fut à l´image de cette ambiance très "country", avec les Etats-Unis à la 1ère place, les Canadiens à la 2e et les Italiens (les Européens les plus... admiratifs (?) devant les cousins d´Amérique) à la 3e. En individuel, c´était encore plus éloquent avec deux Américains en tête, suivis d´une Canadienne. L´or à Shawn Flarida sur Sanjo Freckles. Pas de place pour les autres pays sur le podium! Les Suisses étaient 8es par équipes. Seuls les Japonais étaient derrière. On fera mieux la prochaine fois! A. P.

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