Calvaro est mort.

Double médaillé d´argent olympique, le crack blanc de Melliger "Calvaro V"est mort le 1er octobre au soir, à 17 ans-et-demi. Lui, le Pégase blanc, le dieu des stades équestres, aurait-il pu profiter d´une retraite comme le commun des mortels?

"Je suis très triste, car je viens de perdre l´un de mes meilleurs amis, mais je crois que pour lui, c´était la seule issue souhaitable, car il était à bout de forces", ainsi parlait le 3 octobre Willi Melliger de "Calvaro V", mort l’avant-veille au soir. Le géant gris n´était plus que l´ombre de lui-même, et, d´entente avec son vétérinaire, Melliger avait décidé de l´euthanasier. Le cavalier n´était pas chez lui, à Neuendorf, il donnait des cours en Italie et il est ensuite parti pour le CSI de Vienne-Neustadt. "Pour oublier".

"Calvaro V était chaque jour plus maigre. Il devenait impossible de lui faire prendre du poids, ni même de bien l´alimenter car il avait fréquemment des coliques, ça devenait un cauchemar pour nous", expliquera encore Melliger, visiblement très attristé. Déjà lors de ses adieux au public, début février à Zurich, "Calvaro V", holsteiner gris fils de " Cantus " était apparu amaigri et amoindri. Des couvertures cachaient son pauvre corps et le sourire de Martina Hingis masquait un tant soit peu la tristesse ambiante, mais cela ne faisait guère illusion.

La piste, la vraie, celle où l´on montre de quoi l´on est capable, "Calvaro V" l´avait quittée un an plus tôt déjà, à Göteborg. Il avait fini par un double sans-faute, le seul du dimanche, remontant ainsi à la 4e place de la finale de la Coupe du monde ´01. Mais ce jour-là la presse n´avait d´yeux que pour le vainqueur, "Tinka´s Boy", l´étalon de Markus Fuchs. "Calvaro V", le cheval le plus magnétique et le plus adulé de la planète-cheval, était ainsi parti sur la pointe des pieds, lui le colosse aux pieds d´argile.

Etait-il fait pour la retraite, lui le battant, le fier et nerveux destrier? Sans doute pas. "Il n´a jamais apprécié de rester longtemps au pré. Il est trop nerveux pour cela, même la compagnie des autres chevaux le stresse", précise Melliger. Et si sa raison de vivre à lui, ce n´était pas les parcours, les difficultés à maîtriser, les foules à subjuguer. La nature ne lui avait pas seulement donné vingt centimètres de plus, mais aussi une prestance et une aisance hors du commun. Il nous arrive de nous demander s´il n´est pas fou de faire sauter tout ça aux chevaux, mais en repensant à la carrière de "Calvaro V", on se dit que celui-là n´était jamais mieux que sur les barres. C´est là-haut, tout là-haut, qu´il rejoignait une certaine forme de sérénité, de plénitude.

Voyageur… sédentaire !

"Calvaro V" a fait plusieurs fois le tour de la planète en sept ans de carrière avec Melliger, mais ses dix-huit mois de retraite, il les a passés à Neuendorf, hormis quelques séjours en clinique. Il avait certes été décidé que le géant gris finirait ses jours à Riaz (FR), à La Baumetta, dans les superbes installations de son propriétaire, Hans Liebherr, mais il a fallu y renoncer. Melliger précise: ""Calvaro V" était trop nerveux, trop faible aussi, le changer d´environnement aurait été une source d´angoisse supplémentaire pour lui et Monsieur Liebherr l´a très bien compris".

A nul autre pareil

"Il volait et j´avais l´impression que rien ne pouvait lui arriver", le sentiment de Willi Melliger lorsqu´il était sur le dos de "Calvaro V", les grandes années. Entre les Jeux d´Atlanta et ceux de Sydney, également ponctués d´une médaille d´argent, Willi Melliger recevait trois à quatre mille lettres, presque toutes adressées au cheval ("Calvaro V, Neuendorf, Suisse", ça suffisait!), des centaines de dessins et des dizaines carottes par an...

LE SOUVENIR

A Genève, après sa magnifique 2e place à la finale de la Coupe du monde ´96, le public de Palexpo s´était levé. Comme un seul homme. A Zurich ou à Vienne, après ses victoires, ce fut aussi du délire, mais le plus incroyable ce fut la ferveur qui l´entoura lors de ses adieux, en février à Zurich. Un simple tour de piste, qui frôlait l´hystérie, chacun voulant l´approcher, le toucher, comme s´il s´agissait d´une pop-star. En voyant des centaines de jeunes, d´enfants, le ceinturer d´un peu près, on a craint l´incident... "Calvaro V", l´inquiet, le nerveux susceptible, est pourtant resté impassible. Le géant s´était un peu tassé, mais le grand sensible avait sans doute aussi compris que ces gens-là l´aimaient.

SON PALMARES

Acheté (sur vidéo!) en septembre 1994 au marchand allemand Axel Wöckener, Calvaro V, hongre holsteiner gris pommelé fils de "Cantus", né en 1986, a fait le bonheur de Willi Melliger durant sept ans. Il a décroché de l´or (équipe) et du bronze aux Championnats d´Europe ´95, de l´argent à la finale de la Coupe du monde ´96 à Genève, de l´argent encore aux JO d´Atlanta (individuel), du bronze aux Européens ´97 (individuel), la 4e place finale mais la 1ère place de la "tournante" aux Mondiaux de Rome ´98, de l´argent aux Européens d´Hickstead ´99, de l´argent encore aux JO de Sydney 2000 (par équipe), grâce à un double sans-faute déterminant, la 4e place à la finale de la Coupe du monde 2001, sa dernière épreuve. No 1 mondial en 1999. "Calvaro V" a remporté les GP de Zurich, Brême et Paris, le Derby de Vienne etc.


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