L'Allemagne du cheval en crise. Ludger Beerbaum privé de Coupes des Nations. Kutscher, le Dr Nolting et le Dr Haring menacés de suspension.

Dans le numéro du "Cavalier Romand" qui sort ces jours-ci (l'avez-vous déjà reçu?), nous consacrons notre éditorial au dopage et aux remous qui secouent l'équipe allemande de saut d'obstacles. Le feuilleton n'est hélas pas terminé du tout et les derniers épisodes en date sont déroutants. Ludger Beerbaum (photo), une icône dans son pays, est interdit de Coupes des Nations, il ne sautera pas à St-Gall, la semaine prochaine, Marco Kutscher est menacé de suspension, tout comme le Dr Nolting, ex-vétérinaire d'équipe, et le Dr Haring, ex-Secrétaire Général de la Fédération allemande. Le grand remue-ménage!
Mise sous enquête par la Fédération Equestre Internationale (FEI), critiquée par sa propre Fédération (FN), secouée par les dernières déclarations de Ludger Beerbaum, l'équipe allemande de saut d'obstacles est sous le feu des projecteurs. Et à feu? La TV et les médias poussent à la "grande lessive". Le jeudi 28 mai, c'est la dissolution de toutes les équipes "olympiques" (saut, dressage et complet) qui a été décidée par la FN dans l'attente des résultats des enquêtes en cours. Simple mesure d'apaisement vis-à-vis des médias ou grave crise?
L'Allemagne équestre, la nation réputée la plus forte et solide de la planète-cheval, semble ces jours-ci à feu et à sang. Un feu qui couvait depuis longtemps. Déjà depuis la sanction de 4 mois infligée par la FEI à Christian Ahlmann, dont le cheval, "Cöster", était positif à la capsaïcine aux JO 2008, un rendez-vous totalement manqué par les Allemands, déjà soupçonnés de tout et de rien (entraînements hors des heures, régimes spéciaux) à Hongkong. Depuis la décision de la FN allemande de recourir auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) contre la sanction, jugée trop clémente, de la FEI: un recours gagné "contre" son propre cavalier, qui voyait sa peine doubler (huit mois). Et depuis les soupçons pesant sur Marco Kutscher et le vétérinaire d'équipe, le Dr B. Nolting, accusés d'avoir traité "Cornet Obolensky" (injection de Lactanase et arnica) sans autorisation préalable. Et d'autres soupçons colportés par un ancien vétérinaire.

Les déclarations de Beerbaum
Lors du CSI de Hambourg, voici cinq jours, il y a aussi eu les déclarations de Ludger Beerbaum, qui accréditaient l'idée du "pas vu, pas pris!". "Jusqu'ici, tout ce qui n'était pas décelé par les contrôles était considéré comme permis " - "erlaubt wird was nicht gefunden ist"", déclarait en substance au "Frankfurter Allgemeine Zeitung" le grand champion, qui voulait surtout provoquer sa propre Fédération, coupable selon lui de ne pas soutenir "ses" cavaliers et de jouer les vierges effarouchées. Et de mettre en doute la décision de la FN d'instituer un "carnet vétérinaire" où seraient inscrits tous les médicaments donnés à chaque cheval, sous prétexte que le vétérinaire d'équipe aurait trop de pouvoir et que la vente d'un cheval serait dès lors plus difficile. Des déclarations qui ont provoqué un tollé de la part des médias. La télévision allemande a menacé de supprimer ses retransmissions de concours, comme elle l'avait fait voici deux ans déjà pour le cyclisme, en proie au dopage.
Ludger Beerbaum voulait surtout insister sur le fait que les médicaments incriminés étaient de la broutille et que les cavaliers avaient été trahis par leurs instances (un peu le message de Rodrigo Pessoa dans "Horse International"), mais au lieu de porter le débat sur l'axe "dopage ou médication", il a provoqué l'ire des médias. Et la FN envisageait de l'exclure de ses cadres, un véritable bras de fer s'engageant entre les officiels et leurs cavaliers, même si une Meredith Michaels Beerbaum, en-dehors de ces luttes médiatiques, appelait au calme (elle nous l'a confié, lors d'une interview).

Attaques sur tous les terrains
Un malheur n'arrivant jamais seul, Ludger Beerbaum s'est fait attaquer sur le terrain fiscal. Il aurait importé cinq chevaux provenant de Norvège et d'autres pays hors de la Communauté européenne avec de fausses indications de prix, pour éviter des taxes trop lourdes. C'est le grand remue-ménage, chacun dénonçant son voisin. Ce jeudi, FN et DOKR ont décidé la dissolution provisoire de leurs équipes olympiques, et ce dans les trois disciplines qui les concernent, saut, dressage (Isabell Werth avait pris la défense de ses collègues du saut) et complet. Et Ludger Beerbaum est par ailleurs privé de toute Coupe des Nations: adieu St-Gall! Et Aix-la-Chapelle?
La toute puissante télévision nationale (ARD/ZDF) attend les résultats des différentes enquêtes en cours, menées par la FEI, la FN, qui se voulait au départ plus rigoureuse que la première, et le DOKR pour savoir si elle retransmettra les prochains concours (à Aix-la-Chapelle, on doit trembler). On n'ose imaginer les conséquences qu'un boycott de la TV allemande aurait sur les autres chaînes étrangères et sur le sponsoring de l'équitation en général. Oui, décidément, le feu couve, il est même bien visible!
Alban Poudret

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