FEI: les délégués plébiscitent la Princesse Haya, avant de débattre de l'endurance

A Lausanne, en marge du 3e Forum sportif qui a encore traité d'endurance, de voltige et des JEM, les délégués ont adopté un changement de statuts en faveur de leur Présidente. A 103 voix contre 3!

La Princesse Haya La Princesse Haya

Lausanne accueillait pour deux jours à l'IMD le 3e Forum sportif de la Fédération équestre internationale (FEI), mais plus encore que le débat sur l'endurance, mise à mal ces derniers temps, ou d'autres sujets sur la table, c'est l'AG extraordinaire chargée de modifier les statuts en vue d'un troisième mandat qui agitait surtout la plupart des délégués (si, si!) et certains médias...

On se souvient qu'en 2006 la Princesse Haya, alors tout juste élue à la présidence de la Fédération équestre internationale (FEI), avait elle-même été à l'origine de l'instauration d'une limitation à deux mandats présidentiels de quatre ans. Et qu'en septembre dernier encore, à Barcelone, elle affirmait haut et fort ne pas vouloir changer d'avis sur la question. En coulisses pourtant, on s'affairait pour obtenir son accord et organiser un plébiscite. Et, en novembre dernier à Montreux, alors qu'une pétition en sa faveur signée par 100 Fédérations nationales circulait, la fille de Feu le Roi Hussein de Jordanie et épouse du Cheikh Mohammed Al-Maktoum, patron de Dubaï, ne disait plus vraiment non. 

Ce mardi 29 avril à Lausanne, lors de l'Assemblée générale extraordinaire organisée dans le cadre du 3e Forum sportif, entre deux débats et juste avant celui consacré à l'endurance, le plébiscite fut encore plus net que prévu: 103 voix pour un troisième mandat, 3 contre, les Pays-Bas, le Liechtenstein et la Suisse, et aucune abstention. Le Suisse Claude Nordmann avait pourtant agité quelques épouvantails et des grands mots: une décision peut-être cruciale pour l'avenir du cheval au sein du programme olympique, l'image de la FEI face au dopage, le bien-être des chevaux mis à mal par l'endurance, les conflits d'intérêts, etc. Le Danois Ulf Helgstrand, qui a pris la parole en mélangeant ses problèmes personnels (son champion de dressage de fils est impliqué dans une affaire de cruauté - langue bleue -) et ses consignes de vote ainsi que d'autres pays européens avaient semble-t-il tourné casaque au dernier moment, mais le verdict des urnes (ou plutôt des bulletins) était de toute manière sans appel.

Qui face à la Princesse?

Autant dire que le(s) candidat(s) qui se présentera(ont) face à la Princesse, aura(ont) du mal à convaincre une telle assemblée, même si la Présidente dit "souhaiter d'autres candidatures et un vrai débat, avec des idées neuves". Seul candidat déclaré aujourd'hui, le Genevois Pierre E. Genecand était resté bloqué à l'aéroport de Buenos Aires (lire notre papier de hier), mais il n'aurait sans doute rien pu changer à ce royal plébiscite… Aura-t-il envie de persévérer?

Ainsi (ré)confortée, la Princessse Haya est revenue dans la salle sous les applaudissements et, la larme à l'oeil, elle a confessé son émotion. Et même trois heures plus tard, lors de la conférence de presse, elle a préféré que les journalistes la questionnent: "Aujourd'hui, je ne trouve pas les mots". Et de redire sa gratitude: "C'est très touchant de voir que tous mes efforts sont reconnus. Je me prononcerai officiellement en mai ou juin, lors du dépôt officiel des candidatures". Les questions sur "les conflits d'intérêts que compliquent les affaires de dopage de son mari en endurance" n'ont pas manqué, mais elle a sa réponse: "Beaucoup de gens ont des conflits d'intérêts, mais s'ils sont clairement annoncés et connus, ça fonctionne très bien. Je n'ai jamais été impliquée dans une décision concernant quelqu'un de ma famille, ni jamais construit un parcours d'endurance! Je suis reconnaissante à la FEI de respecter cela."

Le Bureau tient aussi sa prolongation

Dans la foulée, les délégués ont aussi prolongé le mandat des 18 membres du Bureau: douze ans pour eux aussi, contre quatre ans aux membres des Commissions que certains d'entre eux président. Le vote a été plus timide: 77 voix, là où le minimum requis était de 70. L'assemblée a là encore voulu protéger les siens, mais elle craint sans doute un manque de rajeunissement et d'idées nouvelles. On peut le comprendre.

Concernant les JO, la Princesse Haya veut défendre les trois disciplines actuelles - et aucune autre? -, mais précise "que rien n'est jamais acquis". Le Conseil olympique de la FEI, qui réunira tous les amis du cheval au sein du CIO, quatorze personnalités, à majorité de sang bleu, devrait aussi aider le mouvement équestre.

Les questions de Pierre Arnould...

Reste l'épineux problème de l'endurance, mais le débat, placé juste après ce plébiscite, n'a pas vraiment eu lieu. D'abord parce que personne, hormis le très courageux Belge Pierre Arnould, ne voulait contrarier personne, ensuite parce que la plupart des demandes et recommandations faîtes par les Fédérations suisse et hollandaise et quelques passionnés d'endurance emmenés par ce même Pierre Arnould ont apparemment, et comme par enchantement, été prises en compte par le groupe stratégique, désormais relayé par la Task Force. 

Amélioration de l'éducation et de la prévention, coaching, code de conduite, sanctions contre les officiels qui n'appliquent pas les règles, contre les cavaliers dont les chevaux seront blessés ou morts lors des raids d'endurance, création de Conseillers indépendants, augmentation des tests anti-dopage, suivi des examens de chevaux blessés, enregistrement et surveillance des entraîneurs, "et sans réduire la responsabilité totale du cavalier", etc., de quoi rassurer….

Reste à savoir si toutes ces mesures seront appliquées. "Vos règles d'aujourd'hui sont bonnes, celles de demain peut-être meilleures encore, mais ce qui compte c'est l'application de ces règles, or là comment pourrait-on croire que tout cela sera respecté, alors que cela n'a pas été appliqué jusqu'ici, tout au moins à l'encontre de certains. Continuera-t-on à faire ce que l'on veut aux Emirats, à courir entouré de véhicules? Comment choisira-t-on ces Conseillers indépendants? Comme ceux de la société Quest, qui travaillent à la fois pour la FEI et Meydan (ndlr: une société du Cheikh)? Et le cas de substitution d'un cheval des Emirats aux derniers Mondiaux quand donc sera-t-il jugé? La famille de l'endurance attend des explications", a martelé Pierre Arnould. Des questions restées sans réponses.

Un peu de détente, avec les JEM et la voltige

Après tout ça, l'après-midi consacrée aux Jeux équestres mondiaux (JEM) et à la voltige est apparue comme un heureux divertissement, frais et bienfaisant. Laurent Cellier, le directeur sportif des JEM - on est à 116 jours de l'ouverture - a présenté un événement qui se veut à la fois grandiose, convivial (en Normandie, c'est normal!) et festif. En anglais (seule langue désormais en vigueur à la FEI, hélas), il a présenté tous les sites, les infrastructures (y compris 6 cliniques vétérinaires et des boxes pour 1'500 chevaux), le programme, les responsables et les 3'000 bénévoles, l'accueil et les accréditations, avec l'aide de Pauline Laïdi. Il a insisté sur son excellente collaboration avec Tim Hadaway, le Monsieur cheval des JO de Londres passé à la FEI, qu'il voit deux jours par mois.

La voltige est menée avec joie et dynamisme par Bettina de Rham, responsable de l'attelage, du reining et de la voltige à la FEI, par Emma Seely et plusieurs autres dames ainsi que l'amusant Ecossais John Eccles, le père des deux championnes, qui ont tous présenté quelques innovations pour la discipline ainsi qu'un petit film plein d'émotion qui vous donnait les frissons. Dommage que l'assistance était un peu plus clairsemée (inévitable, après deux jours aussi lourds), mais attentive. Il y a dix fois plus de CVI qu'il y a dix ans (on est passé de dix à cent…), 1'500 compétiteurs, 43 nations concernées et, avec l'aide de la solidarité FEI, ce nombre va croissant. En revanche, Jacqueline Braissant a demandé que l'on ne sélectionne pas un Mauricien en Australie pour qu'il puisse aller aux JEM… 

La Coupe du monde, créée voici trois ans, est aussi un "plus", tout comme l'introduction du "Pas de Deux", et on va introduire des CVIO 4 étoiles, même s'il n'y a que 2 ou 3 CVIO concernés.  On va peut-être allonger le programme libre, de 60 à 80 secondes. Pour la Coupe du monde uniquement ou aussi pour les 3 et 4 étoiles? D'autres idées sont à l'étude. Ne devrait-on pas organiser des shows pour promouvoir la voltige dans de grands CSI? Louis Romanet a aussi demandé le prix des chevaux de compétition. "Entre 6'000 et 50'000 Euros" a précisé John Eccles, en soulignant qu'il était Ecossais! Un peu d'humour, après tout ça, ça passait bien.

Alban Poudret

 

 

 


Nos partenaires

N'attendez plus!

Abonnez-vous!

Suivez le #CavalierRomand

Le magazine a bien été ajouté à votre panier !

Continuer sur le site Voir le panier