L’élevage perd-il son âme ?
Mondialisation et ultra libéralisme règnent sur l’élevage du cheval de sport, un domaine où du clonage à la saillie d’étalons disparus plus rien n’est interdit. Mais quand les progrès de la science élargissent perpétuellement le champ des possibles et que l’opacité règne, comment les éleveurs, parfois victimes d’un emballement général, peuvent-ils garder la raison ?
Chaque année depuis 2020 les meilleures juments de l’élevage de Kreisker sont amenées au centre d’insémination et de transfert du Haras de Hus, près de Nantes. Leurs ovocytes y sont ponctionnés et conditionnés avant qu’un taxi privé ne conduise ces précieux passagers jusqu’aux laboratoires de l’entreprise Avantea, en Italie, fondée par Cesare Galli. Quelques jours plus tard l’éleveur Guillaume Ansquer récupère des embryons congelés qui seront commercialisés ou implantés quand il le décidera dans des juments porteuses, toujours au Haras de Hus, avec 70% de juments gestantes à quarante-cinq jours selon ses décomptes.
C’est ainsi que Shirel de Kreisker (Diamant de Semilly), mère de la jeune vedette Freud de Kreisker, qui s’illustre sous la selle de Fanny Guerdat-Skalli, a eu huit poulains par procuration en 2024. Tous ont été portés par des juments trotteuses, Shirel n’étant pas gravide elle-même, ce qui facilite le processus de collecte. On recense pour la seule année 2024 deux produits de Comme Il Faut, deux de Cornet’s Balou, autant d’Heartbreaker, un de For Pleasure et un d’Uricas VD Kattevennen.
Guillaume Ansquer, fin éleveur auquel Le Cavalier Romand consacrait un grand article en décembre dernier, est un passionné de génétique. Il lance la mode des étalons plus qu’il ne la suit, et obtient une trentaine d’embryons par an. « Mon but est d’équilibrer mes coûts : la vente de certains embryons finance la fabrication de ceux que je conserve. » Grâce à ...
Retrouvez l'intégralité de notre enquête sur les nouvelles méthodes d'élevages, plus ou moins controversées, en p. 5 à 9 du numéro de mars.