Le Global Tour lance ses nouveautés, au moment où les Fédérations européennes et les cavaliers se réunissent à Berne pour s'inquiéter du sport à deux vitesses...

Tandis que Jan Tops et Ingmar De Vos promeuvent la nouvelle Global Champions League à Valkenswaard, les Fédérations européennes (EEF) et des représentants du Club des cavaliers de saut (IJRC) se retrouvent au même moment à Berne pour partager leurs inquiétudes sur les nouvelles décisions de la FEI et les dérives du sport élitiste...

Global Tour,Coupes des Nations,EEF,IJRC,CSIO de Rome Quel avenir pour les CSIO (ici Rome) et les Coupes des Nations?

Est-ce un hasard ou non, peu importe, mais au moment où Jan Tops et son associé américain Frank McCourt, patron de l’OM, lanceront, en grandes pompes et en présence du président de la FEI Ingmar De Vos, leur nouvelle Global Champions League, épreuve par équipe désormais insérée dans le Global Tour, ce mardi matin à 11h00 à Valkenswaard, devant des journalistes soigneusement choisis, la Fédération équestre européenne (EEF) sera en assemblée à Berne, pour se pencher sur les nouvelles décisions prises par la FEI et l’avenir du saut d’obstacles, avec nombre d’officiels, de présidents de Fédération et des représentants de l’IJRC, le club des cavaliers de saut.
C’est que l’inquiétude grandit au sujet de l’avenir du sport. On a même mis entre parenthèses les problèmes de ces derniers mois, les JO à trois ou les Mondiaux modifiés (la FEI a du reste réintroduit la chasse, pour calmer le jeu), afin de parler en priorité de l’avenir des Coupes des Nations, menacé par la Global Champions League, qui compterait désormais pour les rankings (sans l’aval des cavaliers, pourtant responsables de ce classement), et du système des invitations, en l’occurence trop favorable au Global Tour (60% d’invitations libres, contre 20% aux autres CSI 5*!), et des taxes à venir. 
Les dernières décisions de la FEI en faveur du GCT et de la GCL, qui conduisent vers un sport à deux vitesses, les équipes de la GCL coûtant 2 millions aux cavaliers (les moins bons, forcément) ou à leur sponsor pour une saison (!), font débat. Certains cavaliers sautent dans le bateau en se disant qu’ils ont tout à y gagner, argent et points rankings, mais d’autres résistent. Kevin Staut et Steve Guerdat ont dit leur inquiétude ce week-end sur le site de L’Eperon http://www.leperon.fr/Sport/Saut-d-obstacles/Kevin-Staut-et-Steve-Guerdat-inquiets-pour-leur-sport et ils ne sont pas les seuls.

Des responsables tirent la sonnette d’alarme
Pour lancer la réunion de l’EEF, quatre personnalités, le président de la Fédération néerlandaise Theo Ploegmakers, le Secrétaire général de la Fédération allemande Sönke Lauterbach, le chef de l’équipe d’Espagne Marco Fuste et l’ex-chef des équipes de France, de Suède ou d’Espagne Henk Nooren ont aussi dit leur vive inquiétude ce week-end, estimant que cela pouvait fausser totalement le sport. Ils ont écrit une lettre et fait un document commun, avec chiffres à l’appui. 
«La FEI a donné une position privilégiée aux concours du Global Tour et de la Global Champions League, en prétextant qu'il s'agit d'un circuit. Du coup, à l’avenir, tous les concours 2, 3, 4 et 5* qui formeraient un circuit pourraient obtenir les mêmes conditions que les concours du Global et cela fausse le sport ». L’IJRC avait d’ailleurs décidé que les épreuves de la Champions League, ouvertes à certains privilégiés et fermées aux autres, ne compteraient pas pour les rankings, mais la FEI passe outre. Pour l’heure, en tout cas.

Vers un sport de nantis ?
Et l’EEF de regretter que les accords construits depuis plusieurs années quant à un nouveau système d’engagements plus transparent soient dénaturés, dévoyés. Par ailleurs, l’EEF s’inquiète des futurs montants des engagements en concours, inspirés de ce qui se fait en Amérique du Nord, où le sport est nettement plus élitaire. "La FEI veut harmoniser les tarifs des engagements, mais cela veut dire que les Européens payeront plus du double et en fonction de la dotation d’une épreuve." Et de calculer qu’un CSI 2* pourra demander 1’242 Euros par cheval au lieu de 537 Euros et surtout 3’726 Euros au lieu de 1’491 pour 3 chevaux. Quasiment le triple! Et pour un CSI 4* comme Dortmund, on passerait de 2’041 Euros à 5’191 Euros pour 3 chevaux. Une fortune! On payerait aussi pour les CSI 5*, aujourd’hui gratuits (hormis les CSI-W et les CSIO).
L’EEF relève aussi qu’en Europe, les compétitions 2* ou 3* servent à la fois pour les cavaliers professionnels et pour les éleveurs, qui entendent former les jeunes chevaux vers le plus haut niveau. "La FEI doit être capable d’offrir à chaque cavalier une chance raisonnable d’atteindre le haut niveau. En ne s’adressant qu’à certains, nous allons perdre en crédibilité et mettre notre sport en danger.’’ 
Pour l’EEF, "l’Europe domine clairement le CSO et le sport équestre et elle devrait pouvoir décider du développement du système », là où la FEI voudrait copier les Etats-Unis. Certaines de ces mesures seront encore discutées lors du Forum sportif de la FEI, les 10 et 11 avril à Lausanne et l’EEF espère peser de tout son poids. L’EEF rappelle que 81% des CSI sont organisés en Europe, que 79% des cavaliers sont européens et que ceux-ci montent 84% des chevaux enregistrés. Des cavaliers et chefs d’équipe sont présents à la réunion de Berne. 
Et le 20 mars, l’IJRC, représentée par Steve Guerdat, Kevin Staut, Marcus Ehning, sa directrice Eleonora Ottaviani et des cavaliers représentant la base, ira voir la FEI pour parler de tout cela et de bien d’autres choses (plus grand impact de la voix des athlètes, sytème de votes et transparence, rankings, contaminations involontaires et contrôles dans les écuries, disqualifications pour traces de sang, etc.) au siège de la FEI à Lausanne. Il y a urgence.
Alban Poudret


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