Les temps forts à ne pas manquer aux Dutch Masters
Du 7 au 10 mars cette année nous revient le Dutch Masters, l’un des quatre composants de l’événement-maître du saut d’obstacles : le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Une fois encore, ce concours vous réserve d’innombrables épreuves sportives et animations. Né en 1967, il réunit sous le toit du Brabanthallen les meilleurs couples cheval-cavalier au monde pour quatre journées d’épreuves exaltantes qui feront à coup sûr le bonheur du public. En plus des manifestations de saut d’obstacles et de dressage, il accueillera des concours nationaux et proposera de nombreux stands et boutiques, sans oublier diverses animations pour les enfants, de rencontres avec des influenceurs aux compétitions de hobby horse, en passant par des tours à dos de poneys.
Les festivités démarreront le jeudi sur les pistes nationale et internationale. L’épreuve phare de la journée sera le Grand Prix de dressage de la coupe du monde FEI Dressage World Cup™ présenté par RS2 Dressage. En présence de compétiteurs tels que Charlotte Fry, championne du monde actuelle en individuel, ou Isabell Werth, cavalière de dressage la plus primée au monde, la compétition sera féroce. Le soir-même, la foule pourra se délecter devant le ‘Dressage Masters’. Pour commencer la soirée, la merveilleuse Patricia van Haastrecht, candidate de The Voice (Pays-Bas) également connue pour la comédie musicale Mamma Mia!, se produira devant le public. Sanne Voets, cavalière paralympique, nous offrira ensuite une fabuleuse reprise libre en musique, puis la foule pourra assister à un amusant renversement de situation lorsque Dinja van Liere et Marieke van der Putten affronteront un parcours d’obstacles, tandis que Harrie Smolders et Maikel van der Vleuten s’essaieront au piaffer. Pour finir, laissez-vous émerveiller par Dinja van Liere, Rieky Young et Anky van Grunsven qui vous offriront un cours magistral de dressage et par la spectaculaire « reprise en musique des frisons ».
Le vendredi, planning très chargé : ce n’est pas moins de huit épreuves qui auront lieu sur les deux pistes ! La piste numéro deux verra tout d’abord se dérouler le KNHS Para Dressuur Trophy, durant lequel les cavaliers de para-dressage devront effectuer une reprise libre en musique. Vendredi marquera également le début des épreuves internationales de saut d’obstacles, avec l’épreuve phare, le prix VDL Groep à 1,55 m, en soirée. L’an passé, le Hollandais Willem Greve avait ravi la foule en décrochant une spectaculaire victoire. Il sera là cette année pour tenter le doublé.
Le Dutch Masters sera l’occasion d’assister au dernier Majeur à fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Une cérémonie aura lieu le samedi pour marquer cette occasion. Les passionnés de saut d’obstacles pourront plonger dans l’histoire de l’initiative et revivre certains des plus grands moments des dix dernières années. Ces festivités seront suivies de l’épreuve phare de la journée, le Prix Audi à 1,50 m. Avant cela, le public pourra assister à la reprise libre en musique de la coupe du monde FEI Dressage World Cup™ présentée par WeLoad Energy Systems, qui permettra à certains de gagner des points nécessaires pour se qualifier pour la finale de la coupe du monde, qui se déroulera début avril.
Le dimanche, tous les regards se tourneront vers la piste principale pour le Rolex Grand Prix, la prestigieuse épreuve tant convoitée par tous les cavaliers de saut d’obstacles. À partir de 15 h, quarante des meilleurs couples au monde devront faire preuve d’agilité, de complicité et d’une condition physique au top pour avoir une chance de remporter ce prix. Cette année, c’est l’Allemand Richard Vogel qui entrera en piste en tant que Prétendant actuel au Grand Slam of Show Jumping, dans l’espoir de devenir le second cavalier au monde à remporter la victoire ultime.
Les cavaliers à suivre
Le Dutch Masters est bien sûr le premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année et sera le dernier à fêter les dix bougies de l’initiative. Faisant halte du 7 au 10 mars à Bois-le-Duc, il réunira les meilleurs couples cheval-cavalier au monde. Au total, ce seront quarante-quatre cavaliers issus de douze pays différents, dont les six premiers au classement mondial, qui se disputeront la victoire dans les épreuves internationales de saut d’obstacles. Le très convoité Rolex Grand Prix aura lieu le dimanche après-midi.
Richard Vogel, actuel Prétendant au titre, fera ses début au Dutch Masters dans l’espoir de faire un pas de plus dans sa conquête du Rolex Grand Slam of Show Jumping. En selle sur son formidable étalon United Touch S, le jeune Allemand avait volé vers la victoire au CHI de Genève. Mais Vogel a pris la décision tactique de venir cette fois accompagné de Cepano Baloubet, son hongre âgé de dix ans, à bord duquel il a déjà remporté plusieurs prix 5*.
Cinq autre Allemands seront aussi au rendez-vous, dont Daniel Deusser et Marcus Ehning, tous les deux déjà vainqueurs de Majeurs et qui espéreront bien faire partie du tour d’honneur. Autre cavalier allemand au départ du célèbre concours indoors : Christian Kukuk, qui tentera de faire au moins aussi bien que sa troisième place au CHI de Genève en décembre dernier.
En tête du contingent de cavaliers néerlandais désireux de ravir leur public, Harrie Smolders, numéro dix mondial, sera rejoint par treize de ses compatriotes, dont Leopoldo Van Asten, déjà gagnant du Grand Prix en ce lieu (avant l’avènement du Rolex Grand Slam) et Lars Kersten, gagnant à Göteborg la semaine dernière de la dernière phase de qualification pour la FEI Jumping World Cup™. Passionné et enthousiaste, le public hollandais créera à coup sûr une atmosphère sensationnelle au moment de l’entrée en piste des cavaliers sous le toit du Brabanthallen.
La Grande Bretagne sera représentée par trois cavaliers, dont Scott Brash, seul cavalier à avoir remporté le célèbre Rolex Grand Slam of Show Jumping. Ben Maher, actuel numéro deux au classement mondial, cherche toujours à décrocher sa première victoire à un Majeur. Il viendra tout droit du Winter Equestrian Festival de Floride où il a fait de très bons résultats. À 24 ans seulement, Robert Murphy fera sa première entrée dans le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Issu de la Rolex Young Rider Academy, Murphy est un cavalier à suivre de près à l’avenir.
Numéro un mondial et vainqueur de cette épreuve en 2019, Henrik von Eckermann représente toujours une menace pour les autres cavaliers haut classés. Il sera l’un des favoris au départ de cette édition. Max Kühner est lui aussi un ancien gagnant de l’épreuve désireux de reconquérir son titre. Ce pilier de l’équipe autrichienne viendra accompagné d’EIC Up Too Jacco Blue, aux rênes duquel il a remporté le Prix Audi lors de la dernière édition du concours. Passé tout près de son premier Majeur en 2023, le Français Julien Epaillard tentera d’éclipser la deuxième place qu’il avait alors obtenue. L’un des cavaliers les plus rapides au monde, il est certain de mettre le feu à la foule au moment du barrage.
Les talentueux Steve Guerdat et Martin Fuchs auront pour espoir de voir hisser le drapeau suisse. Guerdat, qui a participé à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’histoire, a fait une très bonne année 2023 couronnée d’une victoire au Rolex IJRC Top 10 Final du CHI de Genève. Guerdat et Fuchs (qui à eux deux comptent déjà six Majeurs à leur actif) auront pour objectif de décrocher leur première victoire au Grand Prix du Dutch Masters.
Parmi les autres cavaliers de renom, on trouve l’Irlandais Bertram Allen, Témoignage Rolex, Grégory Wathelet, meilleur cavalier de saut d’obstacles de Belgique, et le suave Italien Lorenzo de Luca.
Interview de Richard Vogel
- Félicitations ! En tant que Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, comment vous sentez-vous à l’approche du Dutch Masters ?
- J’ai hâte d’y être ! Mon standing a considérablement augmenté depuis le CHI de Genève, pour lequel je n’étais pas du tout favori. Je n’étais a priori qu’un jeune cavalier cherchant à se faire les dents sur ce type d’épreuve. J’y suis allé dans l’idée de faire de mon mieux. Je n’aurais jamais imaginé gagner le Rolex Grand Prix du CHI de Genève. Cette épreuve, cette compétition, ce jour-là resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Un moment inoubliable. À l’approche du Dutch Masters, notre état d’esprit est différent. Je ne pense pas faire partie des favoris, mais le public attend une bonne performance de notre part. Nous allons faire tout notre possible pour nous classer, et pourquoi pas décrocher une nouvelle victoire. Ce sera la première fois que je participe au Dutch Masters. Je n’ai entendu que des bonnes choses à son sujet : tous les cavaliers que je connais adorent ce concours. J’ai donc extrêmement hâte de m’y rendre, d’autant plus que je suis le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping.
- J’imagine qu’avec le recul, votre victoire au Rolex Grand Prix du CHI de Genève a pris une place très spéciale ?
- Absolument. C’était une victoire d’autant plus spéciale que le CHI de Genève était l’un de nos objectifs principaux l’an passé : nous avions organisé tout notre planning en fonction. Avant le CHI de Genève, j’ai passé deux mois à concourir au Mexique. United Touch S n’est pas venu avec moi au Mexique. Nous l’avons laissé chez nous et nous avons élaboré un programme d’entraînement pour lui et Naomi, sa groom et cavalière. Elle l’a gardé en top forme pendant mes deux mois d’absence. Je ne suis rentré que deux ou trois semaines avant le CHI de Genève. Nous avons peaufiné la préparation autant que possible durant ces dernières semaines, et je me sentais bien à l’approche du concours. J’ai pris United Touch S avec moi, car le reste de mes chevaux avaient été transportés directement à Wellington en Floride depuis le Mexique. Ce n’était pas un concours ordinaire pour mon équipe : nous n’avons participé qu’à deux épreuves, l’épreuve qualificative pour le Grand Prix et le Rolex Grand Prix lui-même. La semaine a passé lentement. Je préfère être occupé, faire au moins deux épreuves par jour, ou avoir deux chevaux pour travailler sur le plat le matin et sauter en compétition l’après-midi. Le jour du Rolex Grand Prix, j’ai eu un bon feeling sur United Touch S. L’échauffement s’est bien passé, et puis la chance joue toujours un rôle. Après notre sans faute à la première manche, nous n’avions rien à perdre. Autant tout donner au barrage, me suis-je dit. La chance nous a souri, et notre pari a réussi.
- Quel cheval incroyable, United Touch S ! Pourriez-vous nous le décrire un peu ?
- Effectivement, il est très spécial. Je ne trouverais sûrement jamais un autre cheval avec autant de moyens à l’obstacle. En plus de cela et de sa grande foulée, il est très généreux et a une détente incroyable. En tant que cavalier, le ressenti est incroyable. Je suis très reconnaissant à son éleveur et propriétaire de me laisser le monter. Au début, nous avons rencontré quelques problèmes sur les trajectoires les plus complexes. J’ai dû beaucoup réfléchir pour faire en sorte de lui permettre de gérer les parcours un peu techniques avec son énorme foulée. C’est difficile pour lui de la raccourcir, mais il y arrive de mieux en mieux, et nous n’avons pas fini de progresser. Au départ, j’intellectualisais trop le parcours. J’essayais toujours de suivre les trajectoires décrites dans le plan du parcours. S’il y avait marqué sept foulées courtes, c’est ce que j’essayais de faire. Mais nous nous sommes vite rendu compte qu’il était plus facile d’enlever une foulée. Cela a pris un bon moment pour trouver comment adapter le parcours au cheval. Mais nous avons travaillé et évolué ensemble jusqu’à former un partenariat soudé. United Touch S fait beaucoup d’efforts et j’essaie de faire de même de mon côté. J’essaie dès que possible de faire en sorte que le parcours lui soit adapté, par exemple en tournant plus court ou en retirant une foulée. Je connais ses points forts et ses points faibles, et j’essaie d’utiliser ces connaissances quand je le monte.
- Quel type de caractère a United Touch S chez lui ?
- Une fois sur la piste, United Touch S est assez tendu et sensible. Il a beaucoup de sang. Au box par contre, que ce soit chez nous ou en compétition, il est ultra détendu. C’est un étalon mais il est tranquille, on peut le monter en compagnie de juments sans problème. Il est très sage et donne beaucoup de lui. Comme je l’ai dit, nous travaillons actuellement sur sa foulée trois ou quatre fois par semaine. Le reste du temps, il fait autre chose, comme des balades. Réduire sa foulée n’est pas chose facile pour lui, mais il aime travailler et s’améliorer. J’ai vraiment l’impression qu’il comprend et qu’il aime évoluer et se perfectionner.
- Quelle préparation avez-vous suivie en vue du Dutch Masters ? Le fait d’être Prétendant au titre provoque-t-il une pression supplémentaire ?
- Nous n’avons pas beaucoup changé notre préparation. Un peu de pression, ça ne fait pas de mal, cela force à se concentrer. Depuis le CHI de Genève, nous nous sommes focalisés sur le Dutch Masters. Nous avons essayé de mettre au point un programme adapté. United Touch S ne viendra pas avec moi au Dutch Masters, mais j’amènerai à sa place Cepano Baboulet, l’un de mes meilleurs chevaux. La piste de Bois-le-Duc étant plus petite que celle du CHI de Genève, elle lui conviendra mieux. Cepano Baboulet était en compétition au Mexique à la fin de l’année dernière, puis à Wellington ces derniers mois. Je l’ai monté lors de trois concours, surtout des épreuves qualificatives pour des Grand Prix, pour qu’il soit en pleine forme pour le Masters. Il est revenu en Europe en avion la semaine dernière et se trouve maintenant dans nos écuries en Allemagne. De là, nous ferons le trajet pour Bois-le-Duc ensemble.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur votre piquet de chevaux ? À votre avis, est-ce que certains d’entre eux ont les qualités requises pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?
- J’ai la chance immense d’avoir accès à un très bon cheptel de chevaux, comme United Touch S ou Cepano Baboulet. Ce dernier a remporté plusieurs épreuves au CHIO d’Aix-la-Chapelle l’an passé, et a participé à la FEI Nations Cup™ du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ à Calgary. L’an dernier, Cepano Baboulet était mon deuxième choix, car il n’avait encore que neuf ans. Pour lui, c’était une très bonne expérience de participer à des gros concours, aux épreuves qualificatives de Grand Prix et à la FEI Nations Cup™. Maintenant qu’il est un peu plus âgé, je pense qu’il est prêt à passer à l’étape supérieure. Il a déjà sauté dans plusieurs Grands Prix 5*, bien qu’ils ne soient pas comparables à ceux du Rolex Grand Slam qui sont les plus grandes épreuves au monde. Il n’a encore jamais sauté à ce niveau, mais il a gagné deux épreuves 5* l’an passé. Je suis sûr que nous avons une chance. J’ai aussi un autre cheval de 10 ans très prometteur, Cydello, qui vient de m’arriver. Je nourris de grands espoirs quant à son avenir. Avec sa carrure compacte, on dirait le contraire de United Touch S, mais tout comme ce dernier, il est très généreux, intelligent et motivé. Le style est très différent, mais l’enthousiasme est le même ! Il est très prometteur, mais il manque encore d’expérience. Il pourrait finir par concourir au plus haut niveau.
- Le Dutch Masters, tout comme le CHI de Genève, se déroule en intérieur. Votre préparation est-elle différente selon que vous participiez à un concours indoor ou outdoor ?
- En gros, ma préparation est la même. Avant le CHI de Genève sur United Touch S, je l’avais fait sauter en intérieur, et nous nous sommes entraînés à prendre des trajectoires plus courtes pour qu’il s’habitue. Ceci dit, la piste du CHI de Genève est plus grande que nombre des pistes extérieures auxquelles nous sommes habitués. Ce n’est pas une piste indoor typique. Pour le Dutch Masters, il ne va pas être possible pour des raisons logistiques de faire concourir Cepano [Baloubet] dans une épreuve indoor. Celles-ci n’existent simplement pas en Floride. La météo souvent au beau fixe permet de monter en extérieur. C’est d’ailleurs pourquoi nous y sommes, car c’est mieux pour les chevaux. Je n’ai jamais fait de concours indoor sur Cepano Baboulet, mais cela ne m’inquiète pas : je ne crois pas que cela fasse une énorme différence pour lui. Nos chevaux ont beaucoup d’expérience, et dès leur entrée en piste, ils comprennent ce qu’ils ont à faire et focalisent leur attention sur les obstacles. Les chevaux moins expérimentés peuvent être distraits par la foule. Le public est souvent très près du bord de la piste, et l’atmosphère est différente par rapport à un concours en extérieur. Les chevaux n’y sont pas insensibles. L’atmosphère des concours indoor est plus intense, mais les chevaux plus chevronnés ont l’habitude et savent qu’ils doivent se concentrer sur la tâche à accomplir et ne se laissent pas distraire.
- Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?
- Tout à fait, chaque membre de l’équipe joue un rôle essentiel. Toute absence se ferait ressentir immédiatement. La qualité de l’équipe ne suffit pas à garantir la réussite dans un Majeur, mais sans cela, il serait impossible de concourir au plus haut niveau de notre sport. Les grooms en particulier assument toutes sortes de responsabilités : Felicia, ma groom de voyage, m’accompagne à tous les gros concours. Elle sera dans l’avion avec moi de Wellington en Allemagne. Il se peut qu’elle manque un ou deux concours d’entraînement par an, mais c’est tout. En Allemagne, je me fie totalement aux membres de mon équipe. Ici à Wellington, nous avons aussi Maggie, qui est encore nouvelle mais qui fait du super boulot. Lorsque je pars en concours, elle reste aux écuries pour s’occuper des chevaux que je ne monte pas à cette occasion. Nous faisons beaucoup d’allers-retours. Les écuries se trouvent à dix minutes seulement du lieu de concours, c’est très pratique. En Europe, la situation est un peu différente, car les concours ont souvent lieu à plusieurs heures de trajet de chez nous, ou même très loin comme le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de Calgary. Il faut donc pouvoir se fier à une bonne équipe qui connaît bien les chevaux, sait les monter et les longer, et a une sorte de cinquième sens qui leur permet de détecter même de légers changements d’humeur chez les chevaux. Il faut toujours avoir une longueur d’avance : si l’on ne détecte un problème que lorsqu’il devient évident aux yeux de tous, il peut être plus difficile à résoudre que si on l’avait détecté plus tôt. C’est le but en tout cas, et c’est pour cela qu’il faut s’entourer des bonnes personnes. Les chevaux doivent recevoir les meilleurs soins possibles. Nous travaillons aux côtés de deux maréchaux ferrants très qualifiés. Le premier s’appelle Christian Götz. L’autre est aussi très doué et s’occupe de nos jeunes chevaux. Lorsque nous avons un problème de ferrure, nous avons accès aux avis de deux personnes très qualifiées qui se respectent l’une l’autre. Nos vétérinaires, Shane Fouhy et Ulli Laege, s’occupent aussi très bien de nos chevaux. Nous partageons la même philosophie, qui consiste à prévenir plutôt qu’à guérir. Nous n’attendons pas qu’un cheval se mette à boîter pour agir. Un pied sain est un facteur essentiel quand il s’agit de concourir au top niveau. Les chevaux doivent être en parfaite forme physique et mentale. C’est pour cela que les grooms endossent de très grosses responsabilités. Ils doivent savoir lorsqu’un cheval doit en faire davantage, ou si au contraire ils ont besoin de repos au pré ou d’une balade en forêt. Je suis convaincu que le mental du cheval fait partie intégrante d’une bonne performance. Il y a énormément de choses à faire et à planifier, mais j’ai la chance d’avoir une super équipe. Il me serait impossible de faire tout cela sans elle. C’est un travail véritablement collectif.
- Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?
- Il est impossible de penser au saut d’obstacles sans penser au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Il représente le plus haut niveau dans notre sport, avec les Jeux olympiques et les Championnats du monde. Les cavaliers participant au Dutch Masters, au CHIO d’Aix-la-Chapelle, au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ou au CHI de Genève sont les meilleurs de la planète. Sur les trente premiers au classement mondial, on en trouvera toujours vingt-cinq ou plus sur place. On finit donc par une épreuve rassemblant les meilleurs cavaliers et leurs meilleurs chevaux, qui ont tous une chance de gagner. La compétition est intense mais elle permet d’atteindre un niveau de performance inégalé. Après chaque concours l’an passé, je suis revenu chez moi empreint d’une nouvelle expérience. C’est l’opportunité idéale de regarder les meilleurs cavaliers à l’échauffement ou lors de la reconnaissance. Ce n’est parfois que des petits détails, mais pour un jeune cavalier comme moi, c’est une expérience très enrichissante.
- Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?
- Ils sont très importants. Je ne suis pas particulièrement avide de tennis ou de golf, mais je connais le nom des grands tournois et je sais quand ils ont lieu. Et même si l’on ne regarde pas forcément tous les matchs, on s’intéresse quand même aux résultats. Ils permettent de communiquer au public que le gagnant d’un Majeur est forcément l’un des meilleurs du moment dans ce sport, ou a en tout cas dû battre les meilleurs. Pour les non amateurs, cela permet de savoir quels cavaliers se trouvent au sommet du classement.
- Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ?
- J’aurais été agriculteur, sur les terres de mon grand-père.
- Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ?
- De ne pas laisser tomber. Le chemin de la réussite est pavé d’échecs, qu’il faut savoir utiliser pour étoffer ses connaissances. C’est très important de ne pas avoir peur de perdre ou d’échouer. En cas d’échec, tirez-en les leçons qui s’imposent et essayez de mieux faire la prochaine fois. C’est ce que je me suis dit à l’entrée du barrage au CHI de Genève. Ce n’était pas le moins risqué des sans faute, mais j’y ai vu une chance de victoire. Il faut savoir prendre des risques pour réussir, et en cas d’échec j’en tire toujours une leçon.