Martin Kühnis et Citano van’t Prinselveld ont signé leur meilleur résultat ensemble en se hissant à la 2e place du Grand Prix d’Aarberg. © photoprod.ch-Delphine Valloton Martin Kühnis et Citano van’t Prinselveld ont signé leur meilleur résultat ensemble en se hissant à la 2e place du Grand Prix d’Aarberg. © photoprod.ch-Delphine Valloton

Martin Kühnis, former son cheval, une vraie satisfaction (1/2)

Martin Kühnis brille en cette première partie de saison. 2e du Grand Prix d’Aarberg fin mai, 11e et meilleur Romand à Galgenen et déjà 2e d’une rankings à Busto Arsizio en avril avec son holsteiner de 12 ans Citano van’t Prinselveld, le Haut-Valaisan a marqué ses premiers points au classement des wild-cards pour le CHI de Genève. Âgé de 36 ans, celui qui fut à l’époque dans les cadres de la relève est installé depuis plus de quinze ans à La Souste, à 10 minutes de Sierre, à la sortie de la forêt du Bois de Finges. Là, il y a monté une écurie de commerce et les lieux se sont peu à peu développés, pouvant accueillir désormais plus de septante pensionnaires.

Martin, votre sentiment sur votre 2e place dans le Grand Prix d’Aarberg ?
Je suis super content de mon cheval ! L’année dernière, Citano n’avait pas fait trop de concours sur l’herbe, car je le sentais moins sûr de lui sur ce type de terrain. Le but à Aarberg était de le mettre en route pour Lyss (théâtre du championnat de Suisse élite mi-août, ndlr). Je l’ai senti beaucoup plus en confiance, j’ai adoré le monter ! C’était un Grand Prix assez délicat et plutôt difficile, avec des fautes partout. J’étais ravi d’être sans faute. Au barrage, je me suis retrouvé un peu près du vertical, mais j’étais satisfait du chronomètre, avec une demi-seconde de plus qu’Evelyne (Bussmann, ndlr).

Parlez-nous de votre progression avec Citano van’t Prinselveld (par Cormint et Éphèbe for Ever).
Je l’ai acheté à la fin de ses 4 ans. Il était à peine débourré et, honnêtement, difficilement montable. Il avait peur de tout, sursautait dès qu’on ouvrait une fermeture éclair, faisait demi-tour et prenait peur du cavalier. On a beaucoup travaillé à la maison, il a commencé les concours à 5 ans et a suivi le circuit des Promotion (quatre sans-faute sur quatre dans les 6 ans au Chalet-à-Gobet, ndlr). Il n’a jamais eu d’autre cavalier que moi en piste. Les saisons précédentes, je le sentais un peu timide lors de la reprise. Désormais, il est assez expérimenté pour sauter seulement les grosses épreuves et je peux davantage le protéger. Il est moins timide, plus présent, il en veut et ça se voit dans ses yeux. C’est un cheval spécial à tous points de vue, il mourra à la maison, c’est sûr.

Vous avez marqué vos premiers points pour le circuit des wild-cards. Le CHI de Genève, c’est dans un coin de votre tête ?
Je ne me fais pas trop d’illusion parce qu’il y a plein de cavaliers romands exceptionnels ! Je ne sais pas si j’ose me permettre de regarder jusque-là. Je suis réaliste et j’aimerais surtout que mon cheval reste en bonne santé et ne saute pas trop. C’est d’ailleurs pour cela que, même si Julien (Pradervand, ndlr) est un ami, j’ai dû faire l’impasse sur Crête. Pour le bien-être de mon cheval, je ne peux pas tout faire. J’en n’ai qu’un comme Citano ! Chaque année, mes deux buts sont de me qualifier pour le championnat de Suisse élite et de qualifier un maximum de jeunes pour les finales d’Avenches, où les Superpromotion me réussissent bien (1er en 2023, ndlr). Si j’ai la chance de monter à Genève, alors ce serait un rêve qui se réaliserait. J’avais pu participer au Jockey Club entre 2003 et 2006, grâce la fondation Little Dreams (créée par Orianne et Phil Collins, ndlr). Vingt ans après, ce serait joli ! Actuellement, je suis plutôt autonome, mais je reste très reconnaissant d’avoir reçu cette aide-là à l’époque. Sans ce soutien, je ne serais probablement pas là où je suis aujourd’hui et pour ça, je remercie encore Madame Collins et Alban (Poudret, conseiller hippique pour la fondation, ndlr).

Comment tout a commencé pour vous ?
À La Souste déjà, où il y avait alors une vingtaine de boxes et une école d’équitation, et où ma cousine avait un cheval en 1999. Un jour, ma maman et elle m’ont mis à cheval. Le propriétaire voulait prendre sa retraite. De mon côté, je faisais le cursus sport-études à Brigue, j’ai ensuite pu acheter l’écurie en 2009. Actuellement, nous avons une centaine d’élèves, 73 chevaux, dont une trentaine de pensionnaires et une quinzaine de jeunes de chaque année entre 3 et 5 ans. Quatre palefreniers, deux apprentis, une monitrice, qui est aussi cavalière de dressage, ainsi qu’un cavalier travaillent sur place. J’ai refait moi-même le paddock extérieur (42x52), que j’ai encore agrandi il y a trois ans.

Les jeunes chevaux, c’est aussi une source de satisfaction, non ?
En effet, ça me fait plaisir de voir que les jeunes que j’ai importés ont une bonne suite de carrière. Et puis, depuis 2023, j’ai eu à chaque fois le meilleur 5 ans et le meilleur 6 ans du pays aux rankings suisses (en fonction du nombre de points, ndlr). Cette année, c’est mon étalon approuvé Makalu (par Million Dollar et Cassini) qui est en tête des 6 ans en ayant fait 17 sans-faute sur 19 parcours depuis octobre. Sa collègue d’écurie Olivia VIII (par Vangelis-S et Cabrio van de Heffinck) est 2e. Ça, ça me rend hyper fier ! J’achète le 70% des chevaux chez des amis éleveurs, en France, en Hollande et aussi en Pologne. J’ai un bon contact avec Andreas Kosicki, l’éleveur de Quel Homme de Hus. Je déniche les chevaux moi-même. Je pars le dimanche soir pour un ou deux jours. 80% de notre commerce se base sur des chevaux débourrés par nos soins. Ça prend un peu plus de temps, car on aimerait faire progresser le cheval selon ses atouts et lui trouver le bon client.

Propos recueillis par Elisa Oltra

Cette interview est parue en p. 43 à 44 du numéro de juillet. Toute reproduction des textes et photos, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’éditeur.


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