Richard Vogel Touch les sommets
Ils s’étaient révélés au monde en décembre 2023 à Genève, ils avaient encore frappé de grands coups depuis, mais manqué le podium lors de leurs deux finales de Coupe du monde (8e en 2023 à Omaha, 6e en 2025 à Bâle) et raté leur rendez-vous avec l’Olympe l’été dernier à Paris (12 pts dans la qualificative). Un an plus tard, les voici champions d’Europe, pour leur première tentative du genre !
Le longiligne Richard Vogel et son souple étalon westphalien United Touch S, souvent qualifié de supersonique ou d’extraterrestre, tiennent leur première couronne. L’un a tout l’avenir devant lui, l’autre 13 ans déjà, ils ont triomphé « an der Zeit ».
Né au sud de l’Allemagne, dans le Bade Wurtemberg, le petit Richard reçut de sa mère la passion des chevaux. « Mon grand-père élevait des chevaux, mon oncle aussi, il formait des talents, et ma maman était une cavalière passionnée. » Au décès de sa mère, il n’a que 12 ans et comme son père, menuisier, ne montait pas, tout aurait pu s’arrêter là, « mais il m’a toujours soutenu ». L’adolescent était déjà doué et obstiné, « un peu têtu même ! ».
À 17 ans, à un an de la matu, il arrête ses études pour se consacrer à sa passion. « Richie » se forme alors à la fois au Club de Mannheim et chez les Herbert, « ma deuxième famille, qui me soutient encore ». En octobre 2016, il part deux ans à Riesenbeck, engagé par Ludger Beerbaum, mais il sait déjà qu’il est trop indépendant pour y rester longtemps. Deux ans plus tard, à 21 ans, il s’installe chez David Will, et développe avec lui les écuries du Hofgut Dagobertshausen, à côté de Marbourg, où ils auront bientôt 16 employés et une soixantaine de chevaux.
Ce sera aussi l’arrivée, en 2021, de Sophie Hinners, la compagne de Richie Vogel. Cavalière des écuries Hendrix, aux Pays-Bas, durant trois ans, la jeune Allemande complète ainsi le team et progresse à vue d’œil. Ça tombe bien, car les deux cavaliers-commerçants, qui ont créé la société VW (leurs initiales !) ont plusieurs fers au feu. Will est l’entraîneur de l’équipe saoudienne et il passe du temps là-bas. Et, l’hiver, Richard Vogel séjourne des mois à Wellington, en Floride.
United Touch S débarque,comme par miracle !
Mi-2022, ce dernier trouve un crack d’exception, United Touch S (par Untouched et Touch of Class, par Lux Z), propriété de l’éleveur Julius Peter Sinnack, qui a depuis courageusement refusé des sommes astronomiques pour garder son as, né d’un croisement audacieux, gênant même, entre un frère et une sœur utérins. Rocambolesque aussi la création de cette paire d’exception : c’est « grâce à la suspension de son ex-cavalier, le Hollandais Bart Bles, contrôlé « positif à une substance illicite prise lors d’une soirée » que l’Allemand put le monter.
À La Corogne, Richard Vogel a volontiers partagé son succès avec une autre membre de son team, la Suédoise Felicia Wallin, sa groom-écuyère depuis cinq ans. C’est elle qui prend soin de United Touch S au jour le jour et le monte lorsqu'il est loin. 2es de la chasse, United Touch S et Richard Vogel ont profité du forfait de Daniel Coyle et Legacy (revenue ici tout juste à temps) pour prendre les commandes et ne plus faire que des sans-faute, même si certaines barres de l’ultime ligne dominicale ont tremblé.
« Je pense que tout le monde, ici dans les tribunes ou devant sa télévision, se rend compte à quel point United Touch est incroyable. Je suis heureux d’avoir pu lui offrir cette médaille, car il la mérite vraiment. Au bout du compte, nous ne sommes que des cavaliers, il nous faut des chevaux comme lui. Et, derrière nous, il y a toute une équipe ; je suis très chanceux d’être entouré par des personnes exceptionnelles. »
Alban Poudret
Ce article est paru en p. 8 du numéro de juillet. Toute reproduction des textes et photos, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’éditeur.