Serge Guerdat est décédé hier, l'histoire continue

Son fils Philippe et son petit-fils Steve, champion olympique à Londres, avaient concrétisé les rêves que ce passionné avait échafaudé, en commençant les concours à plus de trente-cinq ans.

Serge Guerdat avec son fils Philippe et son petit-fils Steve Serge Guerdat avec son fils Philippe et son petit-fils Steve

Passionné du concours hippique et de la vie, père et grand-père de champions, Serge Guerdat est décédé paisiblement dans la nuit de dimanche à lundi, dans sa 85e année et au terme d'une vie bien remplie, la plupart de ses rêves exaucés. 
Si quelqu'un croyait dur comme or à l'exploit réussi par Steve Guerdat le 8 août 2012 à Greenwich Park, c'est bien le grand-père du champion olympique et, depuis ce sacre, Serge Guerdat se repassait quasiment tous les jours les images de Londres, dans son petit appartement orné de photos (ici Serge avec Philippe et Steve, encore bébé). Cinquante ans de passion et les efforts de trois générations avaient été couronnés à Londres. Comme une consécration pour Serge Guerdat.
Livres et palmarès ne retiendront certes que les victoires et les médailles de Steve Guerdat et celles de son père, Philippe, mais cette belle histoire avait commencé par le grand-père, dont on oubliera pourtant les classements en M2, voire peut-être les gags homériques, la faconde ou les tournées de champagne à gogo, offertes à la cantonade. Sans Serge, sans sa passion pour les chevaux et sa foi en ses "poulains", l'aura des Guerdat n'aurait pourtant peut-être pas dépassé ce Jura qu'ils aiment tant.
Serge Guerdat ne venait pas d'une famille de cavaliers et s'il fut très tôt attiré par les chevaux, il ne se mit véritablement à cheval qu'à partir de 30 ans, avec "Tintin" Léchot. "J'ai commencé à zéro!". Cinq ans plus tard, il montait en concours et, dix ans plus tard, lançait un commerce de chevaux et construisait les écuries du St-Hubert, à l'entrée de Bassecourt, pour vivre de sa passion et aider son fils aîné Philippe, encore junior. L'artisan, spécialiste des montres et des bijoux, passionné de modélisme - il a été champion du monde dans cette catégorie-là! -, s'improvisait marchand! 
"A 10 ans, sur un poney, on voyait déjà que le Philippe était un as!", se rappelait le paternel, pourtant avare de compliments (une marque de fabrique!). Les Guerdat sont plus caustiques, francs et incisifs que flatteurs! Serge Guerdat fit tout pour que Philippe puisse évoluer au plus haut niveau, ce qu'il réussira durant vingt-cinq ans, décrochant deux médailles européennes, remportant le Grand Prix de France 1988 à Dinard, le GP de Madrid 1995 et sept Coupes des Nations, dont Aix-la-Chapelle, Rome et Rotterdam. 
"Le Philippe faisait le maximum. Il montait en Coupe des Nations avec un cheval qui touchait devant, sous le ventre et derrière, et il sortait quand même sans faute, c'était inimaginable, il en voulait tellement! Il ne gagnait, en revanche, pas souvent le Grand Prix et, à l'époque, ça rapportait à peine 5'000 fr, dix (ou cent!) fois moins qu'aujourd'hui, c'était un autre sport", soulignait Serge.
Philippe passera ensuite prématurément - lui savait pourquoi - le relais à Steve, alors âgé de 14 ans. Avant de devenir l'entraîneur à succès que l'on sait, avec la relève suisse tout d'abord, puis l'Espagne, l'Ukraine, la Belgique et aujourd'hui la France. Quant à Steve, on connaît son phénoménal palmarès, truffé de médailles, de Grands Prix et d'exploits.
Depuis quelques années, Serge Guerdat ne se déplaçait plus souvent dans les concours (on l'avait encore vu en 2012 à Bâle, pour son anniversaire, ou lors des festivités post-londoniennes), mais il suivait tout à la télévision et son appartement était un véritable musée à la gloire de ses petits-enfants - Yannick, le frère ainé de Steve, notre webmaster et entrepreneur à succès est un véritable as de l'informatique - et de "son Steve", avec des posters et toutes les manchettes du Quotidien Jurassien consacrées au champion olympique. 
En revanche, dans ses archives, Serge Guerdat ne retrouvait plus aucune photo de lui à cheval! "Elles doivent être dans des caisses!". Dire qu'il vivait pour ses petits-enfants est un euphémisme. "Le cheval m'a fait une vie de bonheur et mon Steve m'a donné le paradis sur terre", nous confiait-il en novembre 2012. Serge, tu le vis désormais au-delà, mais nous entendrons encore longtemps l'écho de ton rire et de tes blagues.
Alban Poudret

 


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