Steve Guerdat : « Je regarde tous les parcours de Julien »
À Milan, en 2023, Julien Épaillard avait partagé son premier podium européen avec son ami Steve Guerdat. Fan du Normand depuis son plus jeune âge, le Jurassien rend hommage au vainqueur de la Finale Coupe du monde de Bâle.
« Julien fut mon idole gamin déjà, à l’époque où il remportait le championnat d’Europe jeunes cavaliers 1996, à Klagenfurt, en Autriche. Il avait 19 ans et moi 14. J’avais vu des vidéos, car Laurent Fasel montait alors pour nous et il y participait, il avait fait la faute sur le dernier, une triple-barre. Julien avait été bluffant. Je le trouvais déjà exceptionnel, un talent à l’état pur. Julien a continué à tout gagner quand j’ai commencé les grands concours. Je me souviens d’une discussion il y a près de quinze ans au Sunshine Tour, où je lui avais dit que je ne comprenais pas qu’il ne participe pas aux plus beaux concours et aux championnats.
« Tu es le seul à avoir plus de talent que Marcus Ehning, pourquoi ne vises-tu pas ces épreuves-là et la place de no1 mondial ? C’est tellement dommage que tu n’exploites pas tes dons ! » Je le provoquais un peu... mais il me semblait injuste que personne ne connaisse le plus fort de nous tous ! Il ne m’a pas écouté pour autant et n’a disputé son premier championnat que dix ans plus tard, aux Mondiaux de Herning (en 2022). J’étais très heureux d’être sur le même podium que lui l’année suivante aux championnats d’Europe de Milan. Il vient d’obtenir une consécration à Bâle et j’espère qu’il va continuer à viser les sommets.
J’ai la tête dure, des convictions, mais je comprends aussi que certains prennent d’autres chemins, visent d’autres buts que moi. Je n’ai d’ailleurs pas été surpris de ce qu’il a dit après les JO de Paris, que c’était trop de sacrifices financiers de préparer des Jeux. Ça montre bien nos divergences sur des sujets importants, mais je le respecte aussi, car il joint ses paroles à ses actes et heureusement qu’on n’est pas tous pareils... En apparence, tout nous sépare, la façon de monter, de manager nos carrières, de préparer nos chevaux, de choisir nos objectifs, mais je l’admire, respecte ses choix et l’apprécie énormément comme personne. Je regarde tous ses parcours, que ce soit sur 140, 150 ou 160 cm et j’espère qu’il va continuer à viser les podiums. »
Cet article a été publié en p. 4-11 du Cavalier Romand de juin. Toute reproduction des textes et photos, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’éditeur.