Steve Guerdat et Nino triomphent dans le Grand Prix de France à La Baule
Même Bertram Allen a dû s’avouer vaincu devant la fougue des héros des JO, qui ont su effacer le couac de vendredi de la plus spectaculaire des manières. Du grand art!
Plus l’attente et la pression sont grandes, plus Steve Guerdat est fort. On l’a vu aux JO de Londres, à la récente finale de la Coupe du monde, on l’a constaté si souvent à Genève et ailleurs, et on a encore pu le vérifier ce dimanche à La Baule, dans le Grand Prix de France Longines édition 2015.
Après le refus de Nino des Buissonnets dans la Coupe des Nations, sa faute à la rivière aussi, l’heure était à la réhabilitation, au rachat. Certains attendaient le champion olympique au contour, même si le très nombreux public accueillit son entrée en piste (presque) comme celle d’un Français! Steve Guerdat et son génial mais difficile fils de Kannan déroulèrent alors un tour de rêve, sans jamais frémir. Avec brio et liant et avec le meilleur chrono (77,14). Un signe?
Au barrage, Steve Guerdat avait l’avantage de s’élancer le dernier des dix (sur 50 à l’initial). Un avantage qui allait se transformer en handicap puisque Aymeric de Ponnat tomba sous ses yeux, Armitages Boy glissant dans un virage. Le cheval, arrêté pour blessure durant plus de huit mois l’an passé, sortit de piste en boitillant, à côté d’un cavalier dépité, soutenu par son chef d’équipe, un certain Philippe Guerdat, lui-même vainqueur de ce GP de France, en 1988 (à Dinard, alors!).
La bonne tactique et une maîtrise parfaite
Pas simple dès lors pour Steve Guerdat de se concentrer et d’oser tout tenter. Le Jurassien soigna du reste les deux premiers sauts pour mettre Nino en confiance, avant de galoper fort dans les longues lignes du Stade François-André et de couper très court, de façon parfaite, sur l’oxer Furusiyya et à l’entrée de la combinaison (deux tournants qu'il avait bien montré à Nino). A l’arrivée, près d’une seconde d’avance sur Bertram Allen, 2e avec Romanov, et une joie immense, partagée dans une communion rare avec le public. Et là, les spectateurs fêtèrent carrément le Suisse comme un des siens!
Bertram Allen, avait fait preuve de moins de précision sur les deux obstacles précités, mais d’un culot et d’un équilibre fous, et le jeune Irlandais est tout de même passé tout près d’une quatrième victoire ici (c’eût été une par jour!) et il a évidemment été sacré meilleur cavalier du concours. Quel artiste, celui-là!
Alexandre Fontanelle meilleur Français!
Le très élégant Brésilien Marlon Modolo Zanotelli a pris une superbe 3e place avec Rock’N Roll Semilly, Michael Whitaker la 4e avec son bon Amai, victorieux du GP d’Aix-la-Chapelle 2012 (on l’y retrouvera sans doute le 31 mai pour le Rolex Grand Slam), et l’Espagnol Manuel Fernandez Saro la 5e avec Eliot (par Winningmood), l’ex gris de Jose Larocca, qu’il remonte depuis peu (il le lui avait cédé il y a deux ans).
Le jeune Alexandre Fontanelle termine 6e et meilleur des 4 barragistes français, malgré une barre avec Prime Time des Vagues. Victorieux en 2013, Patrice Delaveau n’a pas osé prendre trop de risques sur ce terrain assez glissant - et après les refus de Vegas? - avec son génial petit Orient Express HDC, 7e. Kevin Staut était 8e, le jeune Anglais Spencer Roe 9e, le malheureux Aymeric de Ponnat (qui a donné des nouvelles rassurantes de son cheval peu après) 10e.
Des hauts et des bas
Dans le prochain Cavalier Romand, qui sortira dans dix jours, nous reviendrons en long et en large sur cette nouvelle grande victoire de Steve Guerdat - no 3 mondial, il pourrait même redevenir no 1 mondial s’il se distingue encore à Rome et (ou) à Aix -, avec des interviews notamment, et sur les hauts et bas de l’équipe de Suisse. Nadja Peter Steiner et Capuera II, 43es de ce GP, ont fait trois barres, mais sans démériter vraiment. Trois barres aussi et un abandon à mi-parcours pour Paul Estermann et Castlefield Eclipse, pourtant convaincants dans la Coupe.
Dimanche matin, Steve Guerdat s’était classé 4e avec la jeune Albführen’s Hapiness, Nadja Peter Steiner 10e avec Saura de Fondcombe, déjà 8e la veille (Cordel était alors 10e avec Claudia Gisler).
Alban Poudret