Alain Jufer : « J’aimerais viser la finale aux États-Unis. »
En signant une superbe 2e place dans le Grand Prix de Vérone mi-novembre avec Dante MM, Alain Jufer a réalisé sa plus belle performance en Coupe du monde. De quoi lui donner des idées !
Alain, depuis votre retour début août, après trois mois de pause forcée pour une fracture du pied, vous avez brillé avec Dante MM : une victoire dans le GP du Chalet, un championnat de Suisse un peu moins réussi (10e), des excellentes Coupes des Nations à Avenches et à Gassin, des classements en GP 5* et cette 2e place ici, une belle série, une régularité exceptionnelle ?
Oui, c’est vrai, beaucoup de gros tours à zéro ou à une barre avec Dante et une joie immense en gagnant la Finale 4* d’Avenches avec les copains ! Et ici on franchit un nouveau palier en Coupe du monde. Je me sens privilégié d’avoir des propriétaires comme les miens, Marlis et Urs Mühlebach, qui me soutiennent énormément en me confiant des chevaux de qualité depuis sept ans après avoir aidé Willi Melliger, Beat Mändli, Werner Muff et autres. Dante a encore franchi un cap.
Cette régularité et cette réussite sont dues au talent et à la forme de Dante MM bien sûr, mais on a aussi l’impression que vous êtes plus libéré. Est-ce que cet accident n’aurait pas aussi eu des aspects positifs, vous poussant à provoquer la chance, à rattraper le temps perdu ?
C’est vrai que je voulais un peu rattraper le temps et compenser tout ça par une grande victoire, notamment à la Finale d’Avenches. J’étais très motivé par cette épreuve-là, par ce team et on l’a réussi, ensemble ! Maintenant, j’aimerais bien rêver d’une nouvelle aventure, disputer une finale de Coupe du monde et aller jusqu’aux États-Unis (à Fort Worth, au Texas, ndlr) pour ça. Cette 2e place ici à Vérone me motive vraiment à forcer ma chance. Après Stuttgart, puis Bâle, j’espère enchaîner encore d’autres étapes si ça se passe bien. J’ai fait une partie du chemin, un bon tiers en tout cas, mais il ne faut pas crier victoire. Dante a 14 ans, il est au top de sa forme.
Revenons à votre pause forcée, ne revient-on pas plus motivé encore et plus fort psychologiquement après une telle épreuve ? Ne profite-t-on pas alors mieux des occasions, sans trop se poser de questions ?
Oui absolument et j’ai du reste beaucoup pensé à Steve (Guerdat), un grand ami, durant cette période difficile, ces périodes que nous avons un peu partagées. Lui, après ses sérieux problèmes au dos, est revenu très fort, il n’a pas arrêté de se classer et de briller. De début juin à début septembre, même s’il y a eu un arrêt début août. Partout il était dans le coup, à St-Gall, à La Baule, à Aix, à Bruxelles, à Calgary. Et cela m’a inspiré.
N’est-ce pas incroyable que Steve ait réussi, par les poils certes, à se qualifier pour la Finale du Top 10 en montant à peine six mois sur douze ?
C’est fantastique, il n’y a que lui pour réussir ça ! Il m’a appelé quand la nouvelle est tombée, lui-même n’arrivait pas à y croire ! Je lui ai aussi dit : « Sois sûr à 100% pour ta santé avant de te lancer, manquer un Genève ce ne serait pas la fin du monde ». Il m’a assuré écouter scrupuleu- sement les médecins. Mais tout ça m’a motivé, c’est vrai, on est content et reconnaissant de tout ce qui arrive après une telle pause. On en a parlé plusieurs fois ensemble.
Vous avez aussi de nouveaux chevaux ?
Oui, Dominator MM, un 9 ans qui saute très fort, je l’avais déjà à Lyss, à Gassin et ici, il a beaucoup de potentiel, il vient de chez Holger Hetzel, comme tous les autres chevaux des Mühlebach depuis trente ans. Ils ont aussi acheté un 8 ans, Chaccoo de l’Escant, pas très rapide, mais avec tous les moyens.
La suite de votre programme avec Dante MM ?
Je veux faire un bon Genève avec lui, viser de beaux résultats, y compris dans le Grand Prix (il fut 6e en 2014 avec Wiveau M, ndlr), pour moi ce serait la cerise sur le gâteau. Et essayer de me qualifier pour la finale de la Coupe du monde à partir de Bâle.
Justement, y a-t-il des étapes prévues entre Genève et Bâle ?
Non le lundi après Genève, le 15 décembre, je vais subir une double opération, enlever les vis de mon pied gauche et soigner le ménisque de mon genou droit. Si tout se passe bien, je pour- rai monter trois semaines après, assez tôt pour être à Bâle. Et entre deux... je pars aux Maldives avec Stéphanie !
Aux Maldives, vraiment ?
Non, non, c’est le gag que j’ai fait à mon médecin, il a moyennement apprécié !
Propos recueillis à Vérone par Alban Poudret











