Assemblée de l’IJRC : les cavaliers crient haut et fort leur frustration
Ce matin, l’IJRC (le Club des cavaliers de saut internationaux) s’est rassemblé au Starling hôtel, juste à côté de Palexpo, pour son assemblée générale. Dans la salle, tous les meilleurs cavaliers du monde étaient présents. Devant eux, à la table du comité, Eleonora Ottaviani, la directrice, Christina Liebherr, la présidente, Kevin Staut et Steve Guerdat. Parmi les auditeurs, Sabrina Ibanez, la Secrétaire générale de la FEI. Un sujet brûlant était à l’ordre du jour : le nouveau format des Jeux olympiques, accepté lors de la dernière assemblée de la FEI, passant les équipes de quatre à trois cavaliers et enlevant le score biffé, contre l’avis des cavaliers.
« La voix des cavaliers doit être écoutée », a martelé Steve Guerdat, qui ne ménage pas ses efforts pour défendre son sport. « Cela fait deux ans que nous expliquons à la FEI que cette proposition de nouveau format n’est pas bénéfique pour le saut d'obstacle, mais personne ne nous écoute. Pourtant, comme nous le disions dans la lettre que nous avons adressée à la FEI (à lire dans le Cavalier Romand de décembre), nous étions prêts à faire des concessions pour qu’il y ait plus de drapeaux lors des JO, comme le souhaite la FEI, mais on n’a pas pris en compte notre avis.» Et de nombreux autres cavaliers, notamment Meredith Michaels Beerbaum et Kent Farrington, d’ajouter que le niveau de notre sport n’en serait que péjoré s’il était ouvert à des nations qui n’y ont jamais brillé ou pas leur place.
Des cavaliers très remontés
Eric Lamaze et Cian O’Connor ont aussi largement pris la parole pour rappeler que leurs propres fédérations n’ont pas relayé leurs revendications, malgré l’unanimité des actifs contre ces mesures Un aspect qui n’a rien d’anodin : si les cavaliers présents aux derniers Jeux Olympiques avaient dû voter en leur nom propre, ils auraient refusé la proposition de la FEI à 42 voix contre 5. Les fédérations nationales, elles, ont accepté.
Il a aussi été question du poids de chaque fédération : les voix attribuées à un pays ne sont pas proportionnelles au nombre de cavaliers ou de chevaux enregistrés. Certaines nations disposent même du droit de vote sans même avoir le moindre cavalier, ce qui n’est pas pour ravir celles qui, comme l’Allemagne ou la France, en comptent des dizaines de milliers. Et 60 des 134 fédérations n’organisent aucune manifestation internationale.
Or, rien ne garantit que ce sursaut des cavaliers internationaux ait la moindre utilité : la décision de la FEI est prise. Confiant malgré tout, le comité de l’IJRC espère faire assez de bruit, dans les médias et sur les réseaux sociaux, pour que le CIO entende la voix des cavaliers et refuse la proposition de la FEI. Même si les espoirs sont quasi nuls, il s’agit de la dernière possibilité de sauvegarder le format actuel des JO. Il s’agit d’expliquer au CIO que la FEI a déjà fait marche-arrière pour les championnats d’Europe et du monde et les Coupes des Nations, qui restent à 4.
Les cavaliers de dressage en renfort !
Notons encore l’intervention, durant cette assemblée, des cavalières de dressage Monica Theodorescu et Isabell Werth, qui parlent d’expérience : le format du dressage aux Jeux olympiques a souvent été modifié. Toutes deux ont fermement soutenu que le niveau n’a jamais été aussi élevé que lorsque les équipes olympiques étaient composées de quatre cavaliers, comme à Rio. En complet, l’inquiétude est plus grande encore
Sabrina Ibanez, qui a répondu avec vigueur à toutes les attaques, a proposé à l’IJRC qu’une délégation de cavaliers vienne en discuter directement au siège lausannois de la FEI. Affaire à suivre, même si un retournement semble peu probable, aussi bien pour le changement de format des JO que l’abolition de la tournante ou encore de la chasse aux championnats du monde. Une tournante à 3 ou une manche de moins, les cavaliers sont ouverts à des compromis. Ce qu’ils refusent c’est que la sélection des dix équipes finalistes se fasse sur un seul parcours (!) et que 25 des 130 cavaliers seulement soient admis à l’individuel ! La FEI ferme les portes pour les Mondiaux et les ouvre trop pour les JO, au risque de toucher au bien être des chevaux et à l’esprit du sport.
Nous reviendrons plus en détail sur cette thématique dans le prochain Cavalier Romand.
Oriane Grandjean et Alban Poudret