Le petit alezan Atterupgaards Cassidy a marqué la carrière de la Danoise, ici lors des Européens de Göteborg en 2017. © hippofoto.be - Dirk Caremans Le petit alezan Atterupgaards Cassidy a marqué la carrière de la Danoise, ici lors des Européens de Göteborg en 2017. © hippofoto.be - Dirk Caremans

Cathrine Laudrup-Dufour : « Le dressage est une forme de danse, presque un ballet. » (1/2)

Elle a frôlé de peu la médaille d’or lors des derniers championnats d’Europe de dressage, fin août à Crozet-Jiva Hill, détrônée de justesse par le Belge Justin Verboomen. La cavalière danoise n’en signe pas moins une nouvelle performance d’exception avec deux médailles d’argent, portant à 7 son total de médailles européenes individuelles. L’actuelle n° 3 mondiale — passée pour la première fois en tête du classement en mars 2025 — confirme sa suprématie, toujours avec cette équitation fine et légère qu'on lui connait, qui fait d'elle un modèle pour beaucoup de passionnés.

Le rendez-vous pour l'interview devait être rapide, une dizaine de minutes calées avant la visite vétérinaire durant les Européens de Jiva Hill. Mais Cathrine Laudrup-Dufour a décidé d’y consacrer un vrai moment, et de décaler la rencontre pour avoir plus de temps. « On se prend un café et on se met là-haut au soleil, non ? C’est plus sympathique. » Les rôles de journaliste et d’interviewée s’éva- nouissent en quelques secondes, comme balayés par la simplicité et la chaleur de sa présence. Cafés en main, l'interview pouvait alors débuter.

Cathrine, vous avez découvert les Jeux olympiques il y a bientôt dix ans, à Rio, et vous en avez déjà vécu trois éditions. Quelle est, selon vous, la plus grande évolution que la discipline ait connu depuis ?
De mon point de vue, j’ai l’impression que l’équitation s’est un peu éloignée du côté purement sportif pour revenir vers quelque chose de plus artistique, presque comme un ballet — et j’adore ça ! Ces dernières saisons surtout, on valorise davantage l’élégance, l’harmonie, plutôt que la simple démonstration de force. C’est une évolution qui me plaît énormément. Personnellement, mon style est resté le même depuis mes débuts. J’ai toujours mis l’accent sur l’harmonie, l’équitation en finesse, la manière de gérer son cheval, que ce soit dans le bas niveau jusqu’au plus haut.

Il y a quelques mois, vous avez accédé à la première place du classement mondial. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 
C’était la première fois que j’atteignais cette place, et j’ai réussi à la garder pendant quelques mois. C’était assez amusant, parce que le jour où c’est arrivé, on a bien sûr trinqué avec une coupe de champagne à l’écurie, mais, curieusement... tout paraissait pareil (rires). C’était drôle de se dire : « Hé, j’ai été numéro un mondiale ! » Mais notre petite écurie reste la même. J’aime notre quotidien, notre ferme, sans rien de tape-à-l’œil. Cela m’a simplement rappelé, une fois de plus, que je fais tout ça pour les chevaux, par amour pour eux, et non pas pour être numéro un mondiale. Mais c’était une belle expérience.

Le dressage évolue rapidement, avec la qualité des chevaux, la préparation... Diriez-vous qu’il est aujourd’hui plus rapide ou plus accessible d’atteindre le très haut niveau qu’il y a, par exemple, dix ans ?
Je ne sais pas si on peut vraiment dire que c’est plus rapide. Avec les chevaux, tout prend du temps. Il y a quelques années, on pouvait encore participer aux Jeux olympiques avec un cheval de 6 ans. Aujourd’hui, la FEI fixe l’âge minimum à 8 ans, et au Danemark, nous sommes même passés à 9. C’est devenu plus largement admis qu’il faut du temps — et vu le tempérament des chevaux d’aujourd’hui, c’est une évidence. Nous avons beaucoup de chevaux de grande qualité, mais il est essentiel, selon moi, de ne pas perdre de vue l’objectif : nous voulons des chevaux que l’on peut bien entraîner et qui ont envie de collaborer avec nous, pas seulement de montrer leur potentiel sous tension. Il faut un véritable partenariat, une relation de confiance en entrée de piste. Et ça ne s’improvise pas. Il faut des années pour construire cela avec un cheval.

Votre cheval Atterupgaards Cassidy a marqué votre carrière comme un partenaire d’exception. Comment décririez-vous le lien unique que vous avez avec lui ?
Je deviens toujours un peu émotive quand je parle de lui. C’est un cheval extraordinaire, et il me manque chaque jour — c’est mon petit rayon de soleil à la maison. Désolée... c’est toujours comme ça quand je parle de lui (elle sourit, laissant couler quelques larmes). C’est le cheval de ma vie, il compte plus que tout. Je le monte encore tous les jours, et le voir se promener dans le jardin pour cueillir ses pommes, c’est juste... merveilleux. Il a fait ma carrière, il m’a appris à gérer les chevaux difficiles — c’est sans doute pour ça que je les aime tant aujourd’hui. Pour moi, il représente tout. Et chaque fois que j’en parle, je pleure, parce que je sais que je n’aurai probablement plus jamais un cheval comme lui. Mais je suis heureuse d’avoir eu la chance d’en avoir eu un, un jour.

Mais votre carrière continue. D’ailleurs, vous venez d’acheter un poulain !
Oui, je viens de l’acquérir ! Je n’avais absolument pas en tête le projet d’accueillir un poulain, mais il est là !

Qu’est-ce qui vous a fait prendre cette décision ?
Je ne sais pas (rires) ! Quand je l’ai vu, j’ai simplement su que nous devions évoluer ensemble, que je devais l’acquérir. Il s’est passé quelque chose à l’intérieur de moi, il m’a fait penser à Cassidy. D’ailleurs, pour rendre les choses encore plus spéciales, c’est un produit de l’étalon Atterupgaards Bernachi, dont la mère n’est autre que... la propre sœur de Cassidy ! C’était ma dernière chance d’avoir un cheval qui me relie de près à lui. Il y avait un feeling, un sentiment sur lequel je n’ar- rive même pas à poser de mots. J’ai ressenti qu’il devait rentrer avec moi, que nous avions quelque chose à vivre ensemble. Alors... l’avenir nous le dira !

La deuxième partie de cet interview sera disponible demain. 

Propos recueillis par Julie Queloz

Cet article est paru en p. 6-8 du numéro de novembre. Toute reproduction des textes et photos, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’éditeur.

 


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