Joannou Antonella, SUI, Dandy de la Roche CMF CHWorld Equestrian Games - Tryon 2018© Hippo Foto - Dirk Caremans13/09/2018 Antonella Joannou et Dandy de la Roche CMF CH aux Mondiaux de Tryon en 2018. La Genevoise donnera deux cours de dressage au CHI le jeudi soir à 18h40 et le samedi à 13h. © Hippo Foto - Dirk Caremans

L’énergie au service de la légèreté

L’image idéale d’un couple en dressage, c’est de voir celui-ci évoluer sans effort, dans une gestuelle et une locomotion fluides, qui ne soient pas forcées. Il faut arriver à jouer avec son cheval pour le faire danser, que cela reste le plus naturel possible. Les aides du cavalier deviennent alors si fines que l’on oublie le pilote pour ne voir que le cheval. Et l’osmose.
Pour arriver à cela, il faut un cheval avec une très belle énergie. Le sauteur est naturellement stimulé à la vue de l’obstacle. En dressage, c’est plus complexe. Il faut créer la bonne énergie, pour avoir de l’expression, sans crispation. Il y a l’énergie mentale et l’énergie physique. Il faut bien faire la différence entre l’excitation, l’énervement ou la précipitation. Quand le cheval avance avec beaucoup de stress ou d’énervement, le muscle reste très contracté et cela impacte la souplesse et la locomotion.
Dans ce cas, il y des risques de déséquilibre, donc de blessures et cela joue aussi sur sa motivation, et donc son énergie mentale. L’énergie que le cavalier amène est propre à chacun, elle peut être plus ou moins grande, plus ou moins vibrante et rayonnante.

Pourquoi est-il énervé ?

Le cheval doit être concerné par nos demandes et il faut stimuler son attention pour ne pas le blaser, comprendre son tempérament et aussi lui laisser le temps de nous répondre. Il est donc bien de commencer une séance par mesurer l’énergie. Mon cheval s’est-il énervé dans son box pour telle raison ? Parce qu’il est très jeune et a beaucoup de tempérament ? Il est mieux de commencer par le longer afin de laisser sortir cette « mauvaise » énergie. Si un cheval a peu d’énergie, il faut essayer de le stimuler, mentalement, et pas toujours avec les jambes, car on finit par détériorer la relation. Le cheval doit apprendre le langage des jambes, mais si on les utilise avec trop de force, il contracte sa cage thoracique et se crispe. On perd alors la transmission entre l’arrière et l’avant, ce « morceau du milieu » doit rester confiant et souple. Si un cheval est très froid, le travailler plus souvent en extérieur peut être une idée.
S’il comprend ce qu’on lui demande, le cheval est normalement beaucoup plus motivé « mentalement » à répondre. Très souvent, nous demandons plusieurs choses à la fois et il ne sait pas ce qu’on attend de lui. On peut utiliser des petits codes comme fermer les mollets, faire  un petit appel de langue, puis une pression plus forte du mollet, puis un autre son avec la voix, et le féliciter quand il participe, acceptant que certains sont plus lents et mous.
Bien sûr, le cavalier doit être décontracté, en équilibre, discipliné et clair avec ses idées. Il faut prendre le temps, recommencer avec le même code. Et féliciter !

Être un homme orchestre

Visualiser ce qu’on aimerait nous met généralement dans la bonne intention avec tout le corps. Et étonnamment, si on le fait bien, nos cellules fonctionnent comme si on avait déjà le bon résultat ; ça marche en général très bien avec les chevaux.
J’aime toujours imaginer que nous sommes un peu comme l’homme orchestre, nous devons apprendre à utiliser tous nos instruments de musique, de manière fine et dissociée. Si un cheval résiste dans la main, on rectifie avec les talons, mais ce n’est pas toujours une bonne action.
Il faut comprendre pourquoi il résiste. Est-ce qu’il freine au contact de la main ? On va alors remettre de la jambe, mais s’il est seulement contracté à l’action de la main, il faut le mettre en confiance et travailler délicatement sa bouche. Un cheval léger et rond n’est absolument pas synonyme d’un cheval correctement décontracté. Continuer à décontracter la bouche, puis la nuque, si importante pendant les transitions, car liée à la décontraction de l’arrière main.
Jouer avec les doigts ne doit pas être seulement mécanique ; c’est comme raconter une histoire, arriver à établir un lien entre notre cerveau et celui du cheval, ce toucher « main-bouche ». Cela demande énormément de dissociation chez le cavalier. Certains ont plus ou moins de talent mais, comme entraîneur, il faudra leur apprendre cette coordination et dissociation. Et accepter que ça prenne du temps. Prendre conscience de son corps et du corps du cheval, et surtout ne pas se dire qu’en faisant plus fort, on va gagner du temps et avoir un meilleur résultat. 

Antonella Joannou 

Cette chronique est paru en p. 45 du n° de décembre-janvier. 

Antonella Joannou donnera deux cours de dressage au CHI le jeudi soir à 18h40 et le samedi à 13h.


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