Sophie Mottu Morel © Rolex Grand Slam / Peggy Schröder Sophie Mottu Morel © Rolex Grand Slam / Peggy Schröder

Dans les coulisses du CHI de Genève

Confidences de groom et le mot des organisateurs

Louise Persson, groom de Nayel Nassar

  • Parlez-nous un peu de votre trajet jusqu’au CHI de Genève...
  • Je suis venue en avion de Miami jusqu’en Belgique il y a cinq jours avec Coronado et Igor Van De Wittemoere, les montures de Nayel Nassar. Nous y sommes restés jusqu’à mardi soir, puis nous sommes arrivés à Genève hier matin. Ils sont tous deux en pleine forme physique et mentale. Ils ont bien mangé et bu pendant le voyage, tout s’est bien passé. En plus d’avoir du talent, ils ont les deux un très bon caractère. Coronado et Igor ont voyagé dans un camion deux places. Il existe des camions dits « triples » qui peuvent accueillir trois chevaux, mais les places sont plus serrées. Pour être sûrs qu’ils bénéficient du plus grand confort possible pendant le transport, nous les faisons toujours voyager dans un camion deux places.
    L’avion qui nous transportait était rempli de fleurs, dont beaucoup de tulipes, à destination d’Amsterdam. L’air était délicieusement parfumé ! Il faisait un peu froid pour moi, mais c’est mieux pour les chevaux d’être au frais pendant le transport, et pareil pour les fleurs. L’avion transportait également un moteur de bateau. En plus des chevaux, les avions-cargo transportent toutes sortes de choses : des voitures, des machines à laver, bref n’importe quoi. Les grooms sont assis derrière le cockpit, et ont accès aux chevaux derrière eux. Ils vont les voir toutes les deux heures, ou toutes les heures si c’est nécessaire. 
     
  • J’imagine qu’il est très important de vérifier s’ils sont bien hydratés et s’ils s’alimentent bien pendant le vol ?
  • Absolument. Certains chevaux ne boivent pas assez dans l’avion. On essaie alors de leur donner un mash, parfois agrémenté de jus de pomme, pour tenter de les hydrater. Le foin qu’on leur donne dans l’avion comprend beaucoup d’électrolytes qui les aident à rester hydratés. Il faut aussi s’assurer que les chevaux sont prêts et ont bien mangé et bu avant le vol.
     
  • Est-ce que vous conduisez beaucoup, et comment combattez-vous l’ennui durant les longs trajets ?
  • Je conduis moins qu’avant heureusement, car nous utilisons désormais une société de transport qui fournit des conducteurs. J’aime bien écouter de la musique, et maintenant qu’on voyage entre amis, il y a une bonne ambiance. Et puis les longs trajets sont l’occasion idéale de réfléchir.
     
  • Que faites-vous lorsque vous accompagnez un cheval sensible au transport ? 
  • Il faut déjà bien connaître son cheval pour s’apercevoir rapidement s’il n’est pas comme à son habitude ou qu’il est stressé, afin de pouvoir l’aider immédiatement. Les petits détails comptent, comme de savoir si un cheval préfère être au frais ou non pendant le transport.
     
  • Comment s’est passée la phase de préparation au CHI de Genève pour Coronado et Igor ? 
  • Ils ont d’abord concouru chez nous aux États-Unis. Il y a quelques semaines de cela, ils ont participé à de grosses épreuves en Amérique et au Canada, puis ils ont levé le pied un moment avant ce Majeur. Ils reconnaissent un gros concours comme le CHI de Genève par l’atmosphère qui y règne, et sont aussi sujets aux poussées d’adrénaline !
     
  • Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (The Dutch Masters, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, Spruce Meadows ‘Masters’ et maintenant le CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions ?
  • J’adore assister à ces concours, ils font partie des meilleurs au monde ! Tout est au top : les installations, les performances, les écuries... Tout est fait pour que les chevaux, les cavaliers et les grooms n’aient besoin de rien.
     
  • Se rendre à l’un des Majeurs du Rolex Grand Slam, c’est plus de stress ?
  • Les facteurs de stress dans le saut d’obstacles sont nombreux, mais la tension est à son comble lors des Majeurs, en particulier entre le Top 10 IJRC Rolex et le Rolex Grand Prix, deux épreuves prestigieuses et très bien dotées. Le dimanche venu, tout le monde veut remporter le Rolex Grand Prix, et avec les concurrents de talent inscrits cette année, il va être difficile de prédire le gagnant.
     
  • Vous montez beaucoup à cheval ? 
  • Non, plus beaucoup. Je crois que je préfère m’occuper des chevaux et leur donner des friandises !
     
  • Qu’est-ce que vous aimez le plus et le moins dans votre travail ?
  • J’adore passer du temps avec les chevaux. Je suis toujours très fière lorsque nos chevaux font un bon résultat, car c’est le fruit d’un labeur commun. J’aime aussi les liens qui se créent lors des compétitions. Le moins amusant ? Faire les écuries !
     
  • Les grooms forment-ils une vraie communauté où ils se soutiennent mutuellement ?
  • Oui, nous formons une communauté soudée. Nous nous aidons les uns les autres, et c’est important, car c’est un métier parfois difficile. Et nous bénéficions désormais de l’aide d’associations spécialement créées dans ce but. C’est agréable de voir notre métier ainsi reconnu.
     
  • De quelles qualités doit faire preuve un groom de haut niveau ?
  • Il faut travailler dur, être passionné par son travail, et vouloir gagner !
     
  • Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ? 
  • On apprend souvent en imitant, et on absorbe beaucoup de connaissances en ouvrant bien les yeux et les oreilles.

Le mot des organisateurs : Sophie Mottu Morel

  • Vous devez être ravie de voir le CHI de Genève de cette année se dérouler à guichets fermés ?
  • C’est vraiment exceptionnel ! Les ventes de billets sont fantastiques pour l’édition de cette année. Nous jouons à guichets fermés dimanche et je pense que nous le serons aussi vendredi et samedi. Je ne saurais dire pourquoi les ventes de cette année ont été aussi bonnes, peut-être est-ce la cérémonie de départ à la retraite de Clooney [Clooney 51] ou l’éventualité d’une troisième victoire successive, et historique, de Martin Fuchs au Rolex Grand Prix. Nous sommes très heureux, car beaucoup de gens veulent assister au concours cette année. Je pense que le public veut être là pour partager des souvenirs communs et pour encourager une victoire suisse. Et puis, l’année dernière, le CHI de Genève a été le seul événement sportif à Genève en décembre, donc peut-être que les gens ont découvert le concours l’an dernier et ont décidé de revenir cette année. Cette année nous avons ajouté une journée de compétition le mercredi et nous avons ouvert le concours à tout le monde, avec une entrée gratuite. Cela fait partie de notre philosophie de rendre le CHI de Genève accessible à tous et d’attirer un nouveau public pour notre discipline.
     
  • Le CHI de Genève nous réserve-t-il des surprises cette année ? 
  • Oui, nous avons introduit le Prix du Crédit Suisse, qui comprend trois épreuves de saut d’obstacles, le premier jour de la compétition. Ces épreuves étaient habituellement le jeudi, vendredi et samedi matin, mais nous avons vu qu’il était difficile pour les cavaliers de s’y présenter en raison des problèmes de circulation à Genève le matin, et il est également plus facile pour les cavaliers nationaux de venir pour une journée. Cela implique également que nous pouvons donner une pause à nos bénévoles pendant ces matinées et qu’ils n’auront pas besoin d’être présents au Palexpo aussi tôt, et c’est aussi bien pour nous, les organisateurs, qui aurons des matins plus calmes !
     
  • Quelle importance ont les bénévoles dans le bon déroulement de la compétition ?
  • Ils sont essentiels. Nous avons 700 bénévoles cette année et ils sont le clou du spectacle. Ils s’investissent avec tellement de passion dans la compétition, ils veulent être là et sont heureux de participer, et pour moi ils sont extrêmement importants. Le concours ne serait pas le même sans eux, ils sont l’âme du concours.
     
  • Quelles qualités recherchez-vous chez vos collaborateurs ? Et quels sont les ingrédients de la réussite pour une équipe comme la vôtre ?
  • Nous travaillons comme une famille, nous voulons nous aider les uns les autres. Nous avons beaucoup de responsabilités et nous devons pouvoir être sûrs que chaque membre de l’équipe fasse son travail correctement. Nous devons avoir confiance en nos collègues, il y a beaucoup de gens qui ont différentes responsabilités mais nous avons tous le même objectif.
     
  • Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans le secteur des événements sportifs ?
  • Vous devez vraiment aimer le sport dans lequel vous souhaitez travailler mais vous devez aussi suivre d’autres sports importants comme le tennis, le golf ou le ski et les événements qui y sont liés. Si vous voulez être bon, vous devez regarder ce que les autres font de bien et essayer de toujours faire mieux. Vous devez aller aux événements sportifs et parler avec les personnes qui y travaillent, pour ensuite utiliser ces idées et les adapter pour votre événement. Enfin, je dirais de ne pas compter vos heures parce que vous allez travailler beaucoup, mais c’est aussi très intéressant car vous rencontrez beaucoup de gens, et si vous êtes un passionné de votre sport, vous pouvez même parfois rencontrer votre idole. En conclusion, n’ayez pas peur, parlez avec beaucoup de gens et observez bien tout ce qui se fait de façon à vous améliorer continuellement. 
     
  • Les organisateurs du CHI de Genève et vous-même vous inspirez-vous de grandes compétitions d’autres sports, comme le tennis ou le golf ?
  • Oui, bien-sûr. Il est toujours utile d’observer ce qui se fait dans les autres sports. Je suis allée à Wimbledon une fois, et c’était vraiment incroyable. Je crois que nous devrions assister plus souvent aux grands événements d’autres sports pour apprendre comment ils font les choses.
     
  • Pourquoi le CHI de Genève tient-il autant à donner l’occasion aux plus jeunes cavaliers de concourir dans une grande compétition ?
  • Parce qu’ils sont les champions de demain. Il est vraiment important pour eux d’affronter les meilleurs cavaliers, sur les meilleurs terrains, et c’est un excellent moyen d’apprendre. Soutenir les jeunes cavaliers fait partie de l’histoire du CHI de Genève ; avant même que j’arrive sur le CHI, Alban Poudret et beaucoup d’autres ont veillé à ce que ce soit une priorité. Aujourd’hui, nous avons les concours pour les U25, mais avant qu’ils existent, la jeune génération était accueillie dans les concours internationaux. Je pense que ces concours ont permis à des cavaliers d’évoluer, comme par exemple Edouard Schmitz, qui n’a que 23 ans. Il a commencé à monter dans les concours de U25 quand nous les avons introduits il y a trois ans, et aujourd’hui il fait partie des meilleurs du monde. 
     
  • L’année prochaine marquera les 10 ans du Rolex Grand Slam of Show Jumping, quel succès a-t-il obtenu et quels changements positifs a-t-il apportés à la discipline ?
  • Je pense que c’est un énorme succès. Cela fait dix ans que nous avons démarré ce projet, et aujourd’hui, nous avons l’occasion de prendre un temps de réflexion. Nous avons rencontré des personnes extraordinaires d’autres Majeurs et nous avons énormément appris les uns des autres. La victoire de Scott Brash au Rolex Grand Slam of Show Jumping en 2015 a été un grand événement car elle a donné de la crédibilité à notre concept, elle a prouvé qu’il est possible de gagner, même si c’est difficile. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a établi une référence et un standard pour les autres concours, le niveau des cavaliers qui viennent concourir est phénoménal et le montant du prix est aussi exceptionnel. Le CHI de Genève a tiré énormément d’enseignements du Rolex Grand Slam of Show Jumping, et nous sommes très fiers de faire partie de cette famille. Les autres Majeurs sont une inspiration pour nous et nous motivent à nous améliorer. Nous sommes vraiment reconnaissants envers Rolex qui est bien plus qu’un fidèle partenaire.
     
  • Quel a été pour vous le moment le plus marquant de ces 10 premières années du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?
  • Il y en a eu tellement. Un grand moment pour moi a été de voir Scott Brash remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping à Calgary, il a été époustouflant. Et puis voir Steve Guerdat et Nino [Des Buissonnets] gagner le premier Rolex Grand Prix au CHI de Genève, dans le cadre du Rolex Grand Slam of Show Jumping de 2013, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais.

Comm. RGS


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