Equipes à trois aux JO (et ailleurs?) : Rodrigo Pessoa redit son inquiétude

Membre de la Commission de saut d’obstacles de la FEI, le champion olympique 2004 redoute toujours autant des JO à trois et que la mesure ne s’étende à d’autres championnats, voire aux CSIO...

Rodrigo Pessoa Rodrigo Pessoa

Au surlendemain de la Finale des Nations Furusiyya – et au lendemain de la consolante, que son équipe du Brésil a superbement gagnée -, Rodrigo Pessoa a participé, en tant que représentant des cavaliers, à la réunion de la Commission de saut d’obstacles de la FEI organisée à Barcelone. On y a rediscuté de la formule à trois (sans possibilité d’effacer un résultat) prévue pour les Jeux olympiques, suite aux problèmes posés par le déroulement de l’épreuve à Rio (trois des huit équipes finalistes, parties à quatre, avaient fini à trois).
La FEI, qui souhaite promouvoir cette formule à trois pour les trois disciplines olympiques (saut, dressage et complet) afin d’augmenter le nombre de drapeaux - les « petites » fédérations, nombreuses, y sont pour la plupart favorables -, n’entend pas publier de communiqué sur cette réunion, « qui a valeur de conseil, pas de décision », mais des bruits de couloir assez sérieux font état d’un possible revirement, non pas pour les JO, mais pour les autres championnats (Europe, monde, etc.) et les Coupes des Nations, où on pourrait garder la formule à quatre, souhaitée par l’immense majorité des cavaliers et des chefs d’équipe. 
La FEI chercherait-elle donc un compromis ? Ferait-elle donc partiellement machine-arrière, pour rassurer les cavaliers et ne pas compromettre la bonne santé des CSIO et des Coupes des Nations, un de ses biens les plus précieux ? Nous avons voulu en savoir un peu plus en interviewant Rodrigo Pessoa, qui est ce week-end au CSI5* de Los Angeles, non pas comme cavalier, mais comme coach d’une élève japonaise, Karen Polle. Il nous livre son sentiment. Et ses inquiétudes, à la fois sur les épreuves à trois et l’inversion - bien curieuse - des finales individuelle et par équipe aux JO.

-    Rodrigo, après cette réunion de la Commission de CSO, peut-on dire que l’on s’achemine vers une sorte de compromis, les JO à trois, les autres championnats et les Coupes des Nations à quatre ?
-    Non, je ne pense pas, si ça change pour les JO, ça risque hélas aussi de changer pour les autres championnats et les Coupes des Nations, car la volonté de la FEI est bien de modifier l’ensemble. Ceci dit, il y a beaucoup de résistance, notamment de la part des cavaliers. Et on peut donc encore espérer un infléchissement de la part de la FEI, mais rien n’est acquis.
-    Le fait qu’à Rio, trois des huit équipes finalistes (USA, Brésil et Pays-Bas) ont fini à un de moins et donc à trois, n’a-t-il pas fait évoluer les positions ?
-    Ça devrait faire réfléchir, car trois nations, deux en tout cas, auraient disparu de la lutte, mais on nous dit qu’on peut faire appel à un réserviste. Ce n’est pas raisonnable, il pourra être jeté dans l’arène à tout moment, sans avoir eu la même préparation, sur un parcours plus difficile. Rob Ehrens, qui représente les chefs d’équipe (Pays-Bas) et moi l’avons dit et redit, ce serait faux et injuste.
-    Ce d’autant que la finale individuelle aurait désormais lieu avant la finale par équipe, donc un cheval pourrait avoir quatre ou cinq (si barrage) parcours dans les jambes et un autre aucun ?
-    Exactement et ça c’est aussi un changement malvenu, les parcours les plus difficiles, ceux de la finale individuelle, précéderaient désormais les parcours des équipes et certains chevaux auront déjà sauté un ou deux tours de plus que d’autres, il n’y a aucune logique là-dedans. On essaie de le dire, mais on n’est pas forcément écouté.
-    On a aussi entendu qu’un cavalier éliminé serait pénalisé de 16 pts, est-ce juste ?
-    On a aussi discuté de cela, mais c’est sans fin… Si on chute, on aurait 16 pts, si on glisse dans un tournant ou que la sangle cède, ce serait 16 pts, si on essuie deux refus plutôt 18 ou 19 pts… mais par rapport à un cavalier qui va au bout avec trois ou quatre barres, ce n’est pas assez, donc on discute, mais c’est arbitraire.
-    Vous êtes clairement pour le maintien de la formule actuelle ?
-    Oui, c’est un format juste et efficace, meilleur pour les chevaux. Et les Coupes des Nations à quatre, c’est plus juste et plus intéressant, ce format fait ses preuves à longueur d’année, encore le week-end dernier à Barcelone. On nous rétorquera que le score à effacer c’est compliqué, qu’en allumant la télévision, on ne comprend pas immédiatement qui est en tête, mais notre sport est complexe, il se pratique avec des chevaux. Le but principal, c’est qu’il soit juste, pas qu’il soit simple. Et avec des tableaux, on comprend vite.
-    Craignez-vous pourtant que la formule à trois passe pour les JO de Tokyo ?
-    Oui, je le crains. Les petites fédérations sont séduites, mais ça ne fonctionnera pas et ils reviendront probablement à l’ancienne formule, pas seulement pour les équipes à quatre, mais aussi pour la finale individuelle à la fin. En 1968, à Mexico, il y avait eu trois cavaliers par équipe et le Canada avait gagné avec plus de 100 points… Aujourd’hui, le sport a évolué, mais la formule à trois n’est pas heureuse. Et il y a plus de suspens aussi à quatre, on l’a encore vu à Barcelone.
-    Y aura-t-il un autre réunion de la Commission de CSO avant l’Assemblé générale de la FEI à Tokyo, la troisième semaine de novembre ?
-    Non, plus de réunion, sinon une conférence téléphonique, que nous avons chaque mois, mais j’espère que certains réfléchiront encore au bien-fondé de tout cela, Rob Ehrens et moi-même nous nous battons pour faire entendre la voix des cavaliers et certains s’expriment, c’est important.
Propos recueillis par Alban Poudret


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