Forum de la FEI: suite et fin, avec le complet en point de mire
Après les 24 heures consacrées au saut d'obstacles, aux circuits, actuels ou à venir, à l'annonce d'un nouveau sponsoring de l'Arabie Saoudite pour six ans, conditionné à l'établissement d'une nouvelle formule proche du "knock-out" pour les Coupes Nations (lire notre article à ce sujet, paru mardi soir), les débats suivants, qui concernaient des problèmes vétérinaires, le concours complet et l'endurance ont paru plutôt calmes, mais constructifs, même si de vraies divergences semblent encore et toujours d'actualité dans cette dernière discipline.
Mercredi, il fallait hélas choisir entre l'endurance et le concours complet, qui débattaient en même temps, et nous avons privilégié la seconde discipline, vu la proximité des JO de Londres. On a du reste parlé de Londres, surtout pour s'inquiéter des obstacles amovibles ou démontables (frangible fences, pins) sur le cross, "qui pourraient coûter une pénalité injuste au cheval qui ne ferait qu'effleurer un obstacle pas 100% fiable". Britanniques et Américains semblent s'en inquiéter sérieusement. Et de se demander si, à l'avenir, on ne devrait pas pénaliser moins la démolition d'un tel obstacle (21 pts, c'est beaucoup). Les avis sont partagés et, pour Londres, c'est sans doute trop tard.
Giuseppe della Chiesa, le président de la commission de complet à la FEI, a rappelé tous les efforts - couronnés de succès - entrepris pour diminuer le nombre d'accidents depuis les sombres années 2000-2001. "On a pu conserver notre statut olympique et on a bien avancé, mais on peut encore améliorer certaines choses et ce Forum est pour nous le cinquième depuis août dernier à Luhmühlen".
L'idée est de mieux différencier CIC (shorts) et CCI (longs), en diminuant ici les vitesses, en allongeant les parcours là, mais l'équilibre n'est pas simple à trouver. "Les cross des CIC ne doivent pas ressembler à des parcours de CSO, gardons l'esprit du complet et préparons les chevaux à galoper vraiment entre les obstacles", ont souligné certains, comme les chefs de piste Roger Heller, Mike Etherington-Smith ou Rüdiger Schwarz. Catrin Norinder, la dynamique directrice du complet du dossier olympique, ne les a pas contredits mais leur a répondu" qu'il fallait aussi penser aux pays dits en développement. Les Français avaient par ailleurs proposé de fondre shorts et longs dans un seul format, mais la tâche semble impossible.
Deux chutes: rédhibitoire!
On a aussi débattu des qualifications requises pour les 2, 3 et 4 étoiles. Deux chutes la même année relègueront automatiquement un cheval dans une catégorie inférieure, jusqu'à ce qu'il obtienne un bon résultat. Les critères sont-ils suffisants? "75 pts en dressage, 4 barres au cross et deux ou trois chicken-ways sur un cross, est-ce méritant?", a demandé Martin Lips, l'entraîneur des Hollandais. Pour la FEI, il appartient surtout au cavalier, à son entraîneur et à sa FN de savoir s'il mérite de monter une épreuve plus difficile. "C'est un minimum qui est requis, mais certains bons cavaliers de 2 étoiles, ne seront jamais bons dans du 3 étoiles". On a aussi parlé d'infliger 10 pts seulement pour le premier refus, 40 pts pour le second.
Dans la salle voisine dédiée à l'endurance, on a semble-t-il beaucoup parlé de "bien-être des chevaux", la conception variant parfois d'un continent à un autre. Le temps de récupération entre deux épreuves d'endurance fait ainsi débat. On a aussi parlé de contrôles électroniques et les Français ont été suivis dans leurs propositions. Les pays arabes leur ont proposé un soutien logistique, mais pour d'autres sujets, l'incompréhension serait plus importante, même si les nombreuses propositions de la Fédération Française d'Equitation semblent avoir été suivies.
Les débats vétérinaires de la veille n'avaient pas été très animés, malgré la présence de plus de 180 délégués et invités. Les sujets ne s'y prêtaient guère, même si on a évoqué les changements de règlement pour 2013 (simplification et transparence, plus en conformité avec la LAMA/WADA), les saignements d'un cheval en compétition (disqualification automatique ou non?), les longs et de plus en plus fréquents voyages effectués par les chevaux, et le clonage.
Concernant les saignements, John McEwen, le président de la Commission vétérinaire de la FEI, ne proposait aucun changement de règlement, mais plusieurs intervenants ont regretté qu'il n'y ait pas une procédure commune à toutes les disciplines: "Le bien-être des chevaux varie-t-il d'une discipline à l'autre?". On peut bien sûr leur répondre qu'un caillou provoquera plus facilement une petite coupure à un cheval sur un cross ou sur les 160 km d'un raid d'endurance, mais trop de disparité dans la sanction semble provoquer l'incompréhension.
Graeme Cook, le chef vétérinaire de la FEI, et son staff tentent auprès de l'OIE de limiter les problèmes de quarantaine, qui créent de grandes disparités entre les pays, et il espère définir un statut de cheval de haute performance et de bonne santé pour faciliter les voyages de certains chevaux.
Où l'on reparle du clonage
Le fait d'imposer un passeport FEI non plus seulement pour passer une frontière, mais pour disputer un concours 3 étoiles dans son propre pays passe assez mal! En revanche, la thermographie progresserait (plus de mille chevaux déjà examinés) et l'IJRC, le Club des Cavaliers, a apporté son total soutien.
Victoria Unt, Conseillère vétérinaire à la FEI, a présenté un résumé sur dix années de clonage (une bonne centaine de clones seraient vivants) et elle s'est aussi permis de soulever des problèmes éthiques et moraux, une photo comparant même des clones à des voitures, toutes semblables, mais le simple fait de remettre le débat à l'ordre du jour soulève certaines inquiétudes. Lors de l'Assemblée générale de 2007, la FEI avait décidé d'interdire tout clone (équin ou humain!) dans une compétition FEI. Reviendra-t-on peu ou prou sur cette décision?
Alban Poudret