Forum sportif de la FEI: les chefs d’équipe ne veulent pas de JO à trois

Sept chefs d’équipe, dont Philippe Guerdat, Rob Ehrens, Otto Becker et Robert Ridland, ont défendu la formule « à quatre ». Et la finale individuelle à la fin des JO, mais d’autres idées novatrices sont mieux accueillies et Ingmar De Vos entend être « proactif ». Les pay-cards critiquées.

FEI Sports Forum FEI Sports Forum

Ce mardi, au 4e Forum sportif de la FEI, c’était au tour du saut d’obstacles de se pencher sur son avenir, olympique, mondial et global. Avant cela, il n’avait pas fallu cinq minutes pour liquider l’Assemblée générale extraordinaire de la FEI et la question de la rémunération du président qui s’y rattachait. Les 86 voix (59 présents et 27 procurations, pour un total de 133 Fédérations et un quorum de 67) ont dit oui à la question posée durant sa campagne déjà par Ingmar De Vos. La FEI a voulu se doter d’un président sans couronne, elle pousse donc la logique - ou l’audace, c’est selon - jusqu’au bout. Le Bureau devra encore ratifier la chose et fixer le montant (équivalent à celui que recevait alors l’ex-Secrétaire Général?). 
La Fédération Suisse (FSSE), par la voix de Claude Nordmann, a simplement demandé une étude sur le sujet, pour savoir si les vice-présidents ou d’autres membres du comité devaient aussi être rémunérés ou défrayés et si la mesure devait s’étendre à des Fédérations nationales qui, jusqu’ici, fonctionnent plutôt sur le mode du bénévolat. 
Deux heures trente pleines et intenses ont été consacrées au saut d’obstacles et aux mesures, parfois novatrices, voire provocatrices, suggérées par la Commission de saut. Pour passer de 15 à 20 équipes aux JO, John Madden (photo, au micro) propose de limiter à trois les cavalier par équipe, comme ses homologues du dressage et du complet (!) l’avaient osé la veille. Le nombre d’individuels resterait fixé à quinze, mais ils n’auraient plus à sauter l’épreuve par équipe, l’individuel se déroulant avant. Une double mesure qui ne plait pas du tout aux chefs d’équipe.

Les chefs montent au créneau!
L’Américain Robert Ridland a plaidé pour la chasse et pour la diversité. Sans « drop score », il redoute aussi des parcours plus conventionnels et faciles. « On ne misera plus sur les jeunes, mais sur des vétérans avec des nerfs ». Il n’imagine pas la 1ère épreuve sans 4 cavaliers. «Et 3 cavaliers, c’est 3 propriétaires et donc 25% de chances en moins de voir son cheval aux JO. On doit penser à toutes les conséquences ».
Pour la Fédération allemande, Sönke Lauterbach invoque le « bien-être des chevaux » (« On sera amené à pousser un cheval à sauter ») et Otto Becker se demande si le CIO a vraiment demandé ça. Hanfried Haring imagine des abandons en cascade si la 2e manche commence mal. Comment les TV expliqueront-elles cela? « Ce sera mortel pour notre sport, si on a plusieurs forfaits ». Rob Ehrens, le patron des Hollandais, veut placer « l’épreuve par équipe au centre de tout » et viser l’excellence, pas le nombre. Les Britanniques sont du même avis. Et Philippe Guerdat ajoute encore d’autres arguments: « On a un sport avec une grande histoire, on peut faire des changements, mais pas ceux-ci. On ne demande pas au hockey sur glace, au foot ou au volleyball de réduire le nombre de joueurs ou de périodes! Et on sait tous pourquoi il serait dommageable de réduire les équipes à trois. »
Seul Torchy Millar, le chef des Canadiens, envisage volontiers l’épreuve avec 3 cavaliers, avant de préciser « dans la dernière manche en tout cas, car ça augmentera le… drama ». Tous, ils souhaitent voir l’épreuve par équipe avant l’individuel. « Certains chevaux auront sauté deux gros tours de plus que les autres et seront fatigués pour l’individuel, ça conviendra à certains et pas à d’autres, mais ce n’est pas fair ». Comme l’a souligné Stéphane Montavon (FSSE). 
Autres pommes de discorde, le fait d’imaginer cinq séries de quatre équipes comme qualification, avec 50% de déchet (une équipe pourrait être repêchée avec 20 pts, une autre écartée avec 8 pts…) ou encore le fait de limiter la première manche de l’individuel à 25 cavaliers sur 75 et surtout la seconde à 10. 

Fin de la chasse et de la tournante?
Pour les Jeux mondiaux, on utiliserait aussi cette formule, avec deux épreuves bien distinctes: bye bye la chasse du premier jour, adios la « tournante »! Dès les Jeux de Bromont en 2018? Robert Ridland a du coup proposé d’introduire deux jeux de médailles, un pour la chasse et un pour le classique Barème A de type GP. Y compris aux JO. Ingmar De Vos a semblé imaginer cela possible. 
Le Chili, la Grèce et d’autres pays s’inquiètent de la réduction du nombre d’équipes aux JEM, voulue pour diminuer les coûts et l’incertitude des organisateurs. « C’est notre seule grande occasion de monter un championnat ». Pas simple de jongler entre universalisation, coûts et attrait des médias…

Les pay-cards pénalisantes
On a ensuite parlé des concours qui privilégient (trop) les pay-cards et imaginé des solutions pour limiter le phénomène. La Ranking List ne donnerait plus que la moitié de ses points à des concours utilisant plus de cinq invitations (ou pay-cards!). « Le talent et le travail doivent être avantagés, pas la fortune des cavaliers. Et il faut aider les jeunes », plaide désormais la FEI.
Se sentant forcément visé, Marco Danese, le directeur sportif du Global Champions Tour, trouve la mesure injuste. « Les séries de la FEI, les concours Coupe du monde et les CSIO, peuvent demander des engagements (maximum 500 fr.), les autres CSI pas ». Reste qu’il y a engagements et engagements… Et Danese de critiquer à son tour la Ranking list, qui ne tiendrait compte que du prize money et pas de la hauteur ni des difficultés techniques des épreuves.
A l’inverse, la FEI imagine de désigner six concours 6 étoiles, qui donneraient encore plus de (bons) points aux cavaliers lauréats. Au nom du Club des cavaliers (IJRC), Eleonora Ottaviani s’est félicitée de la volonté de la FEI de lutter contre la multiplication des pay-cards.

De tout un peu…
L’après-midi était réservé aux cinq autres disciplines de la FEI, mais la salle était beaucoup plus clairsemée. Pour le para-dressage, on veut réduire le Libre en musique au tiers des concurrents et on rêve d’une Coupe du monde (« si on trouve un sponsor »). Pour l’attelage, on aimerait aider les teams à 4 à traverser l’Océan pour les JEM 2014, même si certains imaginent de les remplacer par des attelages à 1 (ou un mélange). Pas très convaincant! L’idée de faire une vraie épreuve par équipe, avec un Pas de Deux, séduit. Et Quentin Simonet (FRA) de proposer un relais pour la maniabilité. En voltige, on espère l’introduction d’une épreuve par équipe (hommes, femmes et groupes). 
En reining, on supprimerait les deux jours de pause, mais rien d’autre! En endurance, on imagine des Mondiaux sur 2 fois 100 km, avec une nuit (sécurisée?) entre deux. Cela ne plait pas à tous, car ça augmenterait la vitesse, la prise de risques et les accidents. Et la surveillance des écuries posera problème. 
Comme l’a rappelé dans sa dynamique synthèse Ingmar De Vos: « C’est un débat, rien n’est décidé. Les propositions sont parfois provocatrices, pour vous secouer, vous faire réagir et imaginer des solutions avec nous. Demain, je vais à Caen et je féliciterai les Normands pour leurs excellents Jeux et le lendemain on se remettra tous au travail, on doit raccourcir certaines épreuves et diminuer certains coûts, mais je suis confiant en notre avenir aux JO et également sur le futur des Jeux mondiaux ». Le débat ne fait que commencer - vous pouvez du reste apporter votre propore contribution sur le site de la FEI - et nous y reviendrons dans le Cavalier Romand de juin (mai est en kiosques!), notament avec des interviews d'Ingmar De Vos, d'Eleonora Ottaviani et de Rodrigo Pessoa.
Alban Poudret


Dans la même catégorie

Nos partenaires

N'attendez plus!

Abonnez-vous!

Suivez le #CavalierRomand

Le magazine a bien été ajouté à votre panier !

Continuer sur le site Voir le panier