Jean-Maurice Bonneau n’est plus l’entraîneur et chef d’équipe du Brésil: consternant!
Le Français annonce la nouvelle dans un communiqué, nous l’avons appelé. Il a le plein soutien des cavaliers - comme le confirme Rodrigo Pessoa -, mais la Fédé manque de sous… L’aventure, commencée en 2011, finit à neuf mois des JO. Définitif?
Ce genre de nouvelles, Le Cavalier Romand les traite généralement dans sa revue, pas sur son site, et nous y reviendrons du reste dans notre prochain numéro, mais on ne pouvait pas passer celle-ci sous silence et, pour dire vrai, cela nous consterne: Jean-Maurice Bonneau n’est plus l’entraîneur et chef de l’équipe brésilienne de saut d’obstacles.
Lui qui faisait corps, coeur et âme avec son équipe, encore victorieuse des Coupes des Nations d’Arezzo et de Calgary en septembre dernier, doit abandonner l’aventure à neuf mois des JO, qui auront justement lieu à Rio de Janeiro. Impensable!
Nous l’avons immédiatement appelé - 2 minutes après l’envoi du communiqué, à 11h13 (!), mais voici tout d’abord ce communiqué:
Fin de Contrat Confédération Brésilienne Hippique & Jean-Maurice Bonneau
La C.B.H. a mis un terme à mon contrat en tant que Chef d’Equipe et Entraîneur de l’équipe de Jumping du Brésil.
La situation économique actuelle du Brésil ainsi que la dévaluation drastique du real brésilien sont les causes de cette rupture.
J’ai été très honoré de collaborer pendant cinq ans auprès de cavaliers exceptionnels, avec qui j’ai travaillé en pleine harmonie. Les résultats obtenus pendant ces 3 dernières années (voir ci-dessous) montrent que l’équipe est performante et se développe
Merci aux trente cavaliers qui ont représenté le Brésil en Coupe des Nations et Championnats pendant ces cinq années.
Merci aux propriétaires de ces chevaux, qui nous ont fait confiance.
Merci à Monsieur Nelson Pessoa pour son soutien indéfectible tout au long de cette mission.
Merci à la Confédération, au Comité Olympique, et au Ministère des Sports, d’avoir supporté ce projet, et j’accompagne de tous mes vœux cette équipe en vue des Jeux Olympiques de Rio 2016.
Voici ce que Jean-Maurice Bonneau et Rodrigo Pessoa viennent de nous confier, à chaud, au téléphone. Nous y reviendrons dans le Cavalier Romand de décembre:
Jean-Maurice Bonneau:
« Je ne sais pas quoi dire, je suis si désolé devant ce gâchis. On était une telle équipe, lâcher un tel groupe… La victoire à Calgary, c’était tellement fort. Je le savais déjà à Calgary, depuis le mois d’août, la Fédération n’avait plus les moyens de me payer, mais j’espérais un retournement et comme on avait gagné à Arezzo et à Calgary, avec huit cavaliers différents, l’espoir était là. J’ai aussi fait des contre-propositions, des concessions, mais rien n’y a fait. Je voulais absolument finir ce travail, c’est une belle aventure humaine. La nuit passée encore, j’ai espéré, jusqu’à ce mail définitif de la Fédération. On avait commencé en 2011, après Lexington, en vue des JO de Londres, et j’ai ensuite eu un contrat de quatre ans, en vue de Rio. Entre temps, j’aurais pu être manager du sport à la Fédération française, mais j’ai refusé pour continuer mon aventure brésilienne et c’était bien ainsi, surtout maintenant qu’avec Sophie Dubourg, ils ont la bonne personne et que la France, pour le haut niveau, est bien structurée. Et le management, ça ne s’apprend pas dans les livres, ça se vit. Je les aime mes cavaliers et ils me soutiennent, ils sont aussi affectés que moi. Ils voulaient même trouver une solution financière. Le président a redit non, mais j’espère encore une solution d’ici à l’an prochain, je suis un peu naïf.»
Rodrigo Pessoa:
« Jean-Maurice avait le plein soutien des cavaliers du groupe élite, à 100%. On avait une excellente entente et les résultats étaient là, mais la situation économique est difficile au Brésil, plusieurs autres contrats ont sauté, pas pour l’équitation, mais pour d’autres sports. La monnaie a été dévalorisée de 80% depuis le début du contrat de Jean-Maurice, cela a donc quadruplé son salaire, pas pour lui, mais pour la Fédération, qui payait. Il fallait aussi casser son contrat pour d’autres raisons, car il aurait dû suivre des cours tous les mois au Brésil, des choses intenables. A Caen, il ne pouvait pas être chef d’équipe pour cette raison, c’était Caio Carvalho qui l’était officiellement et Jean-Maurice entraîneur, mais ça ne changeait rien.
On a de la peine à imaginer la préparation des JO et Rio sans lui, mais on est des grands garçons, on va avancer sans lui, préparer nos chevaux, certains en Floride, d’autres en Espagne ou en Californie. J’espère encore un retournement de situation durant l’hiver, il n’est pas impossible que cela se débloque s’il est toujours à disposition dans quelques mois. »
Propos recueillis par Alban Poudret
PRINCIPAUX RESULTATS:
Jeux mondiaux
Caen 2014: 5e par équipe (à moins d’une faute du podium)
Finale des Nations
Barcelone 2013: médaille d’argent
Pan American Games
Guatalajara 2011: médaille d’argent et bronze indiv. (Bernardo Alves)
Toronto 2015: équipe 4e et 5e indiv. (Pedro Veniss)
South American Games
Salvador de Chili 2014: argent par équipe et or ind. (F. Amaral), argent (C. Almeida), bronze (S. Marins)
Coupe des Nations
5 victoires
Porto Alegre 4*: 2013-2014
Arezzo 3*: 2013-2015
Calgary 5*: 2015
Grand Prix (individuel)
Victoires de Rodrigo Pessoa, Doda de Miranda, Marlon Zanotelli, Pedro Veniss, Eduardo Menezes dans de gros concours en Europe et aux USA.