La Princesse Haya renonce à se représenter à la tête de la FEI
Malgré le changement de statuts décidé en avril et le soutien de beaucoup, la présidente de la FEI renonce à un éventuel troisième mandat. Elle entend se consacrer davantage à ses enfants et aux causes humanitaires au Proche-Orient. Pierre Genecand aura-t-il d'autres candidats face à lui?
Coup de théâtre ce mardi 12 août: la Princesse Haya de Jordanie (photo) annonce dans un communiqué de presse renoncer à se présenter à l'élection du 14 décembre et donc à prolonger de quatre ans son mandat à la tête de la Fédération équestre internationale (FEI). Alors que les conditions semblaient réunies pour lui permettre de rempiler – le soutien d’une très nette majorité de fédérations nationales à une modification statutaire fin avril, notamment –, la Princesse Haya s’est ravisée. Présidente de la FEI depuis 2006, la soeur du Roi de Jordanie et épouse du Cheikh de Dubaï Mohammed Bin Rashid Al Maktoum annonce qu’elle en restera aux deux mandats initialement prévus.
"Cela a été l’une des décisions les plus difficiles de ma vie. Ma toute première action une fois à la tête de la FEI avait été, en 2006, de préparer une motion selon laquelle le président de la FEI ne pourrait accomplir que deux mandats de quatre ans. J'ai confirmé ce point de vue quatre ans plus tard lors de ma réélection, et à nouveau alors que certains de mes supporters plaidaient pour un changement de statuts, afin de me permettre de remplir un troisième mandat", précise la Princesse Haya, qui avoue avoir été ensuite tentée de céder aux cent Fédérations nationales qui avaient signé une pétition en sa faveur, puis par le vote massif en sa faveur d'avril dernier.
La Princesse Haya a alors beaucoup réfléchi à l'option d'un troisième mandat. "Les sports équestres continuent d'être une source d’inspiration pour moi. Les chevaux et la relation magique avec eux remontent à la nuit des temps et représentent la plus belle partie de mon âme. J’ai aimé servir cette communauté comme j’ai aimé être une athlète dans cette famille. (…) J’aurais souhaité continuer à faire partie de cette institution et à bâtir sur nos progrès", souligne la Princesse, qui ne se sent toutefois plus à même de promettre d'être "la présidente dont la FEI a besoin et qu'elle mérite".
Raisons familiales et politiques
La Princesse Haya se dit motivée dans sa décision par des raisons familiales- elle est mère de deux jeunes enfants et elle entend prendre le temps de les aimer - elle rappelle aussi que sa mère, la Reine Alia, était décédée accidentellement alors qu'elle-même n'avait que trois ans -. Et par le désir de s'engager davantage dans des causes humanitaires au Proche Orient. "La situation dans ma région est turbulente et désespérée en ce moment. Vous comprendrez que ce sont aussi mes proches et ma famille (…) et que c'est devenu pour moi une priorité. Ces dernières semaines, j’ai dû mettre de côté certaines tâches à la FEI pour me concentrer sur des aspects humanitaires à Gaza et dans ce secteur. Et je sens que ce n’est là qu'un début".
La situation géopolitique particulièrement tendue dans sa région natale, et bien au-delà, semble donc avoir aussi recentré ses priorités. Il y a désormais pour elle des enjeux plus importants que ceux du monde équestre. Il est possible aussi que certaines décisions prises sur le plan sportif aient parfois des incidences politiques insoupçonnées, certains enjeux, en cette période très crispée, dépassant largement le cadre du divertissement.
Cette annonce détendra sans doute aussi un peu le climat autour des prochains Mondiaux d'endurance, qui se dérouleront le jeudi 28 août dans le cadre des JEM 2014 en Normandie. Suite aux nombreuses affaires entourant l'endurance - dans lesquelles son époux ou son entourage étaient parfois impliqués - et aux prises de position assez tendues des uns ou des autres, on pouvait craindre que le climat entourant l'épreuve de 160 km disputée dans la baie du Mont St-Michel soit très lourd et cela devrait apaiser les tensions.
Cela dit, l'universalité grandissante du sport soutenue par la Princesse Haya a aussi porté ses fruits et les nations participantes aux JEM n'ont jamais été aussi nombreuses. Et toutes ces petites fédérations soutiennent à fond la présidente actuelle, qui renoncera en même temps qu'à la présidence de la FEI à son poste de membre du Comité international olympique ou à celui de présidente de la Confédération internationale des sports hippiques (créée récemment avec le monde des courses).
Qui face à Pierre E. Genecand?
Le retrait de la Princesse Haya intervient suffisamment tôt pour encourager certains candidats, qu'ils soient de la mouvance de la Princesse Haya ou pas, à se déclarer d'ici à la date butoir du 1er septembre. La première semaine des JEM risque d'être émaillée d'un certain nombre de bruits de couloirs. La Princesse a-t-elle "son" candidat?
Pour l’heure (suisse!), le Genevois Pierre Genecand, président du CHI de Genève jusqu'en 2003 et actuel organisateur du tournoi international de Polo de Gstaad, est le seul candidat déclaré. Il a eu le courage de se lancer dans la course et d'offrir une alternative, dénuée de conflits d'intérêts et de calculs politiques. Il est toutefois vraisemblable que, la voie s'étant libérée, d'autres candidats se présentent, voire se bousculent au portillon. Réponse le 1er septembre! L'élection est prévue dans le cadre de l'Assemblée générale, initialement prévue en novembre à Dubaï, retardée et transférée à Bakou (Azerbaïdjan), du 11 au 14 décembre, le dernier jour pour ce qui est du vote. Ironie du sort, le prochain CHI de Genève se disputera aux mêmes dates…
Alban Poudret