Nouveau projet et pactole pour les Coupes des Nations. Mais pour lesquelles?
L'Arabie saoudite promet 16 millions d'euros sur 4 ans pour la Furusiyya FEI Nations Cup Serie et surtout pour sa finale. Des questions restent ouvertes.
Istanbul et la Turquie accueillent ces jours-ci l'Assemblée générale de la Fédération équestre internationale (FEI), à suivre demain jeudi sur FEI TV, et le Bureau de la FEI s'est réuni hier mardi déjà et il a pris beaucoup de décisions lui appartenant. Il a notamment annoncé la finalisation d'un partenariat de 16 millions d'euros sur 4 ans (donc de 5 millions de nos francs par an) avec la Fédération équestre saoudienne, sponsor du nouveau circuit des Coupe des Nations, désormais baptisé " Furusiyya FEI Nations Cup" et qui se veut une sorte de championnat du monde annuel par équipe, avec six ligues pour les qualifications et une finale… à 18 ou 19 nations! Colossal et pas totalement convaincant!
Le monde a été divisé en six parties: l'Europe, avec deux sous-divisions 1 et 2, l'Amérique du Nord et Centrale, l'Amérique du Sud, le Moyen Orient, qui a droit à sa zone, l'Asie et l'Australie et enfin l'Afrique, qui aura une place. Le détail du règlement va être publié sur le site www.fei.org où figure déjà un résumé. On a sagement renoncé aux demi-finales, après avoir déjà enterré les quarts de finale. Certaines régions, comme l'Europe, se battront toute l'année pour se qualifier pour cette finale, d'autres ne feront peut-être même pas de qualificatives, les Rolex Rankings servant alors de sélection.
L'Europe a son circuit. Et son sponsor?
On a heureusement trouvé un compromis entre l'ancienne formule et la nouvelle pour ce qui est de l'Europe, qui garde en quelque sorte sa (Super) Ligue des Nations, mais ne peut plus ouvrir son classement à des équipes extra-continentales. Les Américains, les Brésiliens ou les Saoudiens pourront venir sauter chez nous, mais sans prendre de points!
L'essentiel est apparemment sauf pour les huit étapes - historiques - que sont La Baule, Rome, St Gall, Rotterdam, Falsterbo, Aix-la-Chapelle - qui se suffit à elle-même, mais c'est sans doute la seule! -, Hickstead et Dublin, où il y aura toujours des matchs entre les équipes européennes. Et où d'autres nations comme les USA, le Canada ou l'Arabie Saoudite (sans doute bienvenue) pourront être invitées. On ne sait pas encore si ces huit organisateurs tenteront tous l'aventure. Et qui financera ces Coupes des Nations-là, l'aide de la FEI étant beaucoup plus modeste (cinq fois?) que jusqu'ici et l'attrait de ces épreuves moins fort. L'Europe de l'Ouest pourra-t-elle avoir un sponsor global? On court le risque de se retrouver avec une coquille vide. L'Europe a partiellement sauvé son système, reste à lui trouver un moteur! Les autres CSI 3, 4 et 5 étoiles européens peuvent prétendre organiser un évènement de la division 2 sous réserve de conditions de dotation.
Comme ces dernières années, les deux moins bonnes équipes européennes de la division 1 devraient être reléguées (la Suisse a bien fait de sauver sa peau à Dublin!) et les deux meilleures de la division 2 européenne seront promues pour l'année suivante. Question: l'Ukraine, la meilleure sur le circuit dit de Promotion 2012, voudra-t-elle se lancer, Björn Nagel l'ayant quittée (comme Grégory Wathelet auparavant)? Pour la finale, on parle de neuf équipes pour l'Europe (sept pour la Div I et deux pour la Div II). Une équipe reléguée en division 2 doit-elle forcément être doublement punie, en ne pouvant pas disputer la grande finale inter-continentale? Les Européens auront sans doute encore d'autres propositions demain jeudi...
Tout se décidera sur un jour
La participation à cette super-finale sera un peu pléthorique avec 18 ou 19 nations (le pays hôte est automatiquement invité). Se retrouveront 9 équipes d'Europe, 1 d'Afrique et 2 de chacune des 4 autres régions. On aura donc 18 ou 19 équipes dans la première manche et 8 d'entre-elles seulement disputeront le (sur?)lendemain la grande finale, où l'on repartira de zéro. Pour ménager le suspens et finir si possible par un barrage, où seuls trois des quatre cavaliers d'une même équipe seront conviés. Un final à suspens, mais un gros machin à organiser pour deux jours, dont un seul vraiment médiatique.
Les 10 ou 11 nations du bas de classement à l'issue de la première manche devront se contenter d'une consolante pour désigner les rangs au-delà du huitième: pas grisant! On se demande aussi qui payera le déplacement de toutes ces équipes, surtout si la finale a souvent lieu dans le pays ou la région de son nouveau sponsor. L'organisateur, le sponsor ou les Fédérations en question? Il reste donc encore beaucoup de questions ouvertes. Et le débat de demain sera sans doute mouvementé.
Cette série s'intitulera Furusiyya FEI Nations Cup. Furusiyya, ça ne vous dit rien? "Ce mot arabe englobe les notions d'équitation, de chevalerie et de stratégie, il symbolise la fierté, le patrimoine et l'hospitalité du peuple arabe", nous dit le communiqué de la FEI. La signature de ce contrat de 4 millions d'euros par an, valable jusqu'à la fin de l'année 2016, par la Fédération Saoudienne a été annoncée lors du Bureau de la FEI, qui a approuvé à l'unanimité le nouveau règlement . "C'est un évènement historique " s'est réjoui la Présidente de la FEI, la Princesse Haya qui insiste aussi sur la modernisation du concept de la Coupe des Nations et assure que la nouvelle formule sera désormais en mesure de capter l'attention des fans de sports et des médias. La Princesse Haya a par ailleurs remercié "tous ceux qui se sont impliqués dans le processus de restructuration des Coupes des Nations et surtout le Fonds Saoudien pour leur confiance".
Reste à donner un sens à ce circuit et à cette méga-finale, qui aura lieu fin septembre ou début octobre. En 2013 ce ne sera pas trop délicat, mais en 2014, au lendemain des Jeux mondiaux en Normandie, il sera difficile de motiver les cavaliers et les équipes de ressortir une nouvelle fois leurs meilleurs chevaux, sachant aussi que les étapes du Global Tour se multiplient et que le circuit de la Coupe du monde Rolex FEI commencera une semaine plus tard. A moins que les millions ne pèsent plus que les médailles, mais on ne veut y croire. Il sera difficile de concilier et de répartir judicieusement tous ces événements. Wait and see!
Alban Poudret