Trois cavaliers par équipe aux JO? Et ce dans chaque discipline?

Le Forum sportif de la FEI se penche durant deux jours à Lausanne sur de nouvelles formules pour les JO et les JEM

Réunie à l'IMD, à Lausanne-Ouchy, la Fédération équestre internationale (FEI) traite durant deux jours de l’avenir de ses disciplines, et notamment des trois disciplines olympiques. Elle aimerait limiter à trois le nombre de cavaliers (ières) par équipe aux JO et aux JEM - ailleurs aussi ?- pour avoir plus d’individuels ou en tout cas plus de drapeaux. Autrement dit, comment combiner universalité et excellence? Et est-ce compatible, d’abord?

Ce 4e Forum sportif de la FEI se penche sur le futur de chacune des huit disciplines, mais tout plus particulièrement sur celui du dressage, du concours complet et du dressage, cherchant un nouveau format jo-compatible pour ses trois disciplines-phares. 

Ce lundi, on a déjà consacré trois bonnes heures de débat au dressage et au complet, avant d’attaquer le plat de résistance(s), le saut d’obstacles, mardi matin, une fois l’Assemblée générale extraordinaire et la question du salaire du président liquidées. L’après-midi, on finira par un tutti fruti, avec les cinq autres disciplines dans la même coupe de dessert et on n’aura qu’une heure et demie pour le faire.

« Le Comité International Olympique (CIO) nous oblige-t-il vraiment à changer de formule et à réduire les équipes d’une unité ?», ont demandé plusieurs intervenants dans l’après-midi, mais le directeur sportif du CIO Kit McConnell, qui avait fait un exposé des plus intéressant le matin sur le système du CIO et l’évolution des sports, n’était hélas plus là pour répondre. Tout en louant « la fantastique collaboration » qu’il entretient avec les dirigeants de la FEI et la belle réussite des JO de Londres (« 98% des billets ont été vendus, 62 millions de téléspectateurs ont suivi le jumping »), Kit McConnell avait invité l’Assemblée à être imaginative, à défendre l’universalisation, à rendre les épreuves plus rapides, mais sans donner des objectifs clairs. 

Simplifier les règles, attirer les TV

Ingmar De Vos s’était montré plus précis et pressant, soulignant que « les audiences TV sont le paramètre le plus important pour rester dans les JO » et qu’il s’agit « de simplifier les règles, d’améliorer le format et de mieux distinguer les épreuves individuelles et par équipe ». Et le nouveau président de conclure: « On ne doit pas être conservateurs, on doit trouver un juste équilibre ». Comme Tim Hadaway avant lui, Ingmar De Vos a aussi souligné que la nouvelle formule s’appliquerait également aux Jeux équestres mondiaux, qui coûtent trop cher (« Il faut limiter la participation ») et doivent servir de qualification et de module pour les JO. Tout cela s’étendrait probablement aux Championnats continentaux. Et aux CSIO/CDIO/CCIO?

Une collection de propositions...

Comme il s’agit de mettre tout sur la table, Frank Kemperman, le chef du dressage, a proposé toutes sortes d’innovations, allant jusqu’à imaginer un Pas de Deux - ou de Trois - pour l’épreuve olympique par équipe, en passant par un knock out, un derby (à Hambourg, plus personne ne veut pourtant échanger son cheval) ou un quadrille… Il y a bien sûr un peu de provocation là-dessous, on veut s’ouvrir, quitte à déranger, mais ce que la FEI veut faire passer, c’est des équipes à trois.

Les trois chefs des disciplines olympiques veulent clairement essayer de réduire à trois le nombre de cavaliers (ières) par équipe, pour accueillir plus de nations. Trois par équipe et plus aucun résultat biffé! Si cela semble imaginable en dressage, sous réserve « d’accepter un véritable réserviste, qui pourrait même disputer le GP Spécial (par équipe), sans avoir fait le Grand Prix (qualification), histoire d’éviter qu’un cheval en méforme ou légèrement blessé ne soit forcé à prendre le départ pour éviter l’élimination de l’équipe », cela paraît encore plus compliqué en concours complet, où le « welfare of the horse » (litt. bien-être du cheval) est un thème encore plus sensible.

Les cavaliers ne veulent pas d’une épreuve à trois, eux qui ont déjà accepté que les équipes passent de cinq à quatre. Sans aucun « drope score », ils redoutent une loterie. Ouverts, à l’instar de leur président, le Néo-Zélandais Bruce Haskell, ils peuvent, en revanche, imaginer de séparer davantage épreuves individuelle et par équipe, comme on le fit aux JO d’Atlanta et de Sydney, même s'ils rappellent avoir fait beaucoup d’efforts pour changer leur sport en vue d’une meilleure sécurité.

Deux épreuves bien distinctes

Et avec quel système doit-on séparer ces deux épreuves? Celui de Giuseppe della Chiesa, le patron du complet, qui veut mettre un 3 étoiles par équipe et du 4 étoiles pour les 20 individuels? Ou celui de l’EEF (la Fédération européenne), qui voit un CIC court sur trois jours au début des JO pour les équipes et un one day le dernier jour pour les meilleurs individuels? Ou encore celui de Chris Bartle, qui imagine un cross plus long et plus difficile dans sa seconde partie pour les individuels sans-faute, avec une pause de 12 ou 15 minutes entre deux? Reste à savoir si la télévision - dont on nous dit qu’elle est le nerf de la guerre - retransmettra l’épreuve par équipe ou l’individuel en parallèle?

On le voit, ce n’est pas simple et comme le Club des Cavaliers de Saut (IJRC) est résolument contre cette proposition pour le CSO, notamment au nom du bien-être des chevaux, on peut imaginer que ces grands débats-là (ges!) vont s’éterniser. Les chefs d’équipe ne sont-ils pas quasiment tous contre? Dans Le Cavalier Romand qui sort ces jours-ci (jeudi en kiosque), Andy Kistler, le chef de l'équipe de Suisse, Steve Guerdat et Romain Duguet, expliquent pourquoi ils sont contre aussi, comme la grande majorité des cavaliers. Le débat ne fait que commencer...

Alban Poudret


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