Un sponsor saoudien pour les Coupes des Nations

A Lausanne, le Forum de la FEI a commencé par une annonce bienvenue et s'est poursuivi par un débat nourri!

La nouvelle a été annoncée lors du Forum organisé ces jours-ci (du 30 avril au 2 mai) à Lausanne: un sponsor, le Fonds équestre saoudien, a décidé de soutenir le circuit des Prix des Nations, sans "parrain" l'an passé, et ce pour un an, avec reconduction possible pour cinq ans. Reste que la condition posée n'est pas simple, puisqu'il s'agit de trouver une formule plus attrayante et universelle, un peu calquée sur la Coupe Davis, et que cela risque de laisser certains CSIO sur le bord du chemin. Arrivera-t-on à trouver LA bonne formule d'ici à l'automne?

Saut d'obstacles, avec la problématique des circuits (ou series, si on préfère l'anglais!), problèmes vétérinaires (ce mardi), concours complet et endurance (demain mercredi) sont au menu du 1er Forum sportif organisé trois jours durant par la Fédération équestre internationale (FEI) à Lausanne. Et, dès l'ouverture de ce Forum, la présidente de la FEI, la Princesse Haya Bint Al Hussein, avait une bonne nouvelle à apporter aux quelques 250 participants, officiels, organisateurs, cavaliers, vétérinaires ou journalistes, réunis pour l'occasion: un nouveau sponsor pour le circuit des Coupes des Nations!

Ce sponsor n'est pas commun, puisqu'il s'agit du Fonds équestre saoudien, créé en 2009 par le Roi Abdullah et porté par le Prince Faisal dans le but de créer une grande équipe de saut d'obstacles en même temps qu'un environnement sportif et culturel autour du cheval, avec des événements (des concours, une grande exposition qui sera bientôt inaugurée au British Museum de Londres, etc.).

On sait que les Saoudiens ont brillé lors des Jeux mondiaux 2010 (2e en individuel, 8e par équipe), mais que leurs deux fers de lance, Khaled Al Eid, le médaillé de bronze des JO 2000 à Sydney, et Abdullah Al Sharbatly, le vice-champion du monde, sont menacés d'une suspension pour dopage qui pourrait leur barrer la route des JO 2012. L'équipe sera, quoi qu'il en soit, en lice avec quatre cavaliers à Londres et ses ambitions sont grandes.

Cinq ans, si...

Les Saoudiens ont donc décidé de financer cette saison la Super Ligue et "la revitalisation du circuit des Coupes des Nations", selon les mots de la Princesse Haya, qui salue les Saoudiens comme "de véritables visionnaires". " Le fonds saoudien a accepté de prendre un contrat de sponsor-titre pour cinq ans, à partir de 2013, "une fois que le processus de remodelage sera finalisé". Le cadeau est donc assorti d'une condition et l'assemblée, qui a spontanément applaudi cette annonce, a ensuite débattu des tenants et aboutissants du projet dévoilé en détails ce mardi par le Secrétaire général de la FEI Ingmar de Vos. "L'objectif est de faire des Coupes des Nations un circuit frais et universel", avait demandé le Prince Faisal Bin Abdullah Al Saud et c'est ce qu'a redit ici à la tribune le manager du team, Ziyad Abduljawad.

Cela dit, à partir de 2013, on oublierait complètement la Super Ligue pour calquer un nouveau système sur le modèle de la Coupe Davis. Avec des quarts de finale (sur plusieurs continents), deux ou trois demi-finales et une grande finale. 32 à 40 nations seraient concernées par les quarts de finale. On aurait 10 ou 12 équipes le samedi, les six meilleures le dimanche, où l'on repartirait de zéro mais où l'on garderait quatre cavaliers pour trois résultats comptés.

Inquiétudes saint-galloises

Les huit organisateurs des étapes de la Super Ligue avaient été informés de l'arrivée d'un nouveau sponsor lors du dernier CHI-W de Genève, en décembre, mais pas de la nature du projet, ni de ses conséquences pour eux-mêmes. Les CSIO du printemps, La Baule, Rome et St-Gall, ont quelque souci à se faire, car les quarts de finale ne devraient pas trop les intéresser, ces éliminatoires mélangeant deux ou trois grandes équipes avec des nations beaucoup moins expérimentées. Ils devraient plutôt garder leur ancienne formule, mais sans sponsor pour leur Coupe des Nations. Les CSIO de fin de circuit pourraient, eux, postuler pour la finale ou une demi-finale. Un Grand Prix y sera-t-il couru? Ce n'est pas encore décidé! Nayla Stössel, qui doit reprendre les rênes du CSIO de Suisse des mains de son père après l'édition 2012, a dit son inquiétude: "Nous tenons à notre Grand Prix et au sport de haut niveau, sinon les conséquences financières seront importantes".

Pour Aix-la-Chapelle, évidemment, pas de souci, Mercedes étant déjà sponsor de la Coupe des Nations, Rolex du GP et le succès garanti! Les autres CSIO pourraient être intégrés dans une sorte de circuit de promotion dont les deux meilleurs recevraient une wild-card pour les demi-finales. A creuser! John Madden, le président de la Commission de saut d'obstacles, a en tout cas redit l'importance de défendre les Coupes des Nations.

Pay-cards et principes en discussion

Ceci dit, les dates des CSIO, comme celles des étapes de la Coupe du monde Rolex FEI, ne seront plus protégées du tout et on a vu que certains clashs avaient eu lieu cette année déjà avec le Global Champions Tour, dont certains ont souligné qu'il était "privé" et non pas sous l'égide de la FEI, même si Ingmar de Vos l'a inclus dans les circuits du futur. Eleonora Ottaviani, la directrice du Club des Cavaliers, et François Mathy, qui a présenté les Rolex Rankings avec brio, ne se sont pas privés de défendre les intérêts des cavaliers… ainsi que certains principes. "Le comité de l'IJRC, et notamment nos cinq jeunes membres, comme Kevin (Staut), Steve (Guerdat) et Ben (Maher) sont opposés au système des pay-cards. Voulez-vous offrir un modèle de sport guidé par l'argent à notre jeunesse ou au contraire un monde qui leur plaise?", a osé Eleonora Ottaviani à l'adresse des organisateurs du Global Champions Tour, qui vendent certaines places. Là, le débat a été stoppé net, mais, on le voit, les opinions divergent fortement.

Mais revenons aux Coupes des Nations, un débat qui s'est avéré constructif et plus mesuré, même si certains organisateurs (St. Gall, Rotterdam, Hickstead, Dublin, Barcelone aussi) ont fait part de leur vive inquiétude pour leur avenir. Le Fonds saoudien et ses responsables seront partie intégrante des discussions sur la dotation - les pays émergents et lointains ont aussi insisté sur les coûts exorbitants de transport des chevaux, demandant des dédommagements - et la "revitalisation" de ces deux séries (Super Ligue et Ligue site de promotion).

Votre avis sur internet!

La FEI va aussi créer une plate-forme sue son site internet pour permettre à chacun de donner son avis et surtout ses idées. "Nous voulons un début transparent et constructif, rien n'est acquis, tout est ouvert", a répété John Madden, le président de la Commission de CSO de la FEI. Reste à savoir si ce projet réussira à être novateur tout en évitant de plonger certains CSIO dans la difficulté et d'affaiblir les CSIO de Promotion League et les Coupes des Nations en tant que tel. Si l'on pourra trouver des solutions applicables dès la saison 2013, le tout devant être soumis à la décision du Bureau et à une  ratification lors de l'Assemblée générale de novembre 2012 à Istambul. On en doute.

Pourquoi ne pas ouvrir la Super Ligue à d'autres équipes et à d'autres continents dès l'an prochain, sans écarter d'emblée certaines étapes averties un peu trop tard de ce qui les attend? Et remettre ainsi à 2014 ou à 2015 le lancement d'une nouvelle série bien définie, en même temps que les chantiers de catégorisation de concours (l'idée de ne pas tout baser sur la dotation est bonne) et d'amélioration des rankings (quatre épreuves par concours, au maximum), ainsi que la désignation de quelques concours-phares, dits Majors, que l'on prévoit pour 2017 seulement à la FEI. Le tout dans deux ans, histoire de ne pas compromettre l'ensemble, ne serait-ce pas un bon compromis "à la Suisse"?

Alban Poudret


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