Urs Grünig transmet les rênes de l'équipe de Suisse à Andy Kistler

Saut d'obstacles: le chef d'équipe passe le témoin après trois ans et demi de bons et loyaux services. "Pour des raisons personnelles et également de temps". Il l'a annoncé ce mardi midi.

Urs Grünig Urs Grünig ©Valeria Streun

"Je pars le coeur léger, pour des raisons professionnelles, car la fonction de chef d'équipe est extrêmement lourde, en heures de travail comme en énergie, cela demande beaucoup sur les plans mental et émotionnel et ce n'était plus compatible avec mes obligations familiales et professionnelles", souligne Urs Grünig (photo) au moment d'annoncer son retrait au 21 avril prochain, au soir de la finale de Coupe du monde à Lyon. 

"Pour moi, il y a vraiment deux saisons, les concours indoors et le circuit d'été, avec les Coupes des Nations et les grands championnats, et je trouve bien de passer le relais à ce moment-là."

Son successeur, Urs Grünig l'a choisi lui-même, avec l'aval de la discipline saut et de la Fédération suisse des sports équestres (FSSE), évidemment. Il s'agit de l'un de ses deux adjoints actuels, Andy Kistler (59 ans), qui a assumé le rôle de chef d'équipe l'an passé à quatre reprises et notamment lors des CSIO Super Ligue de Rome et d'Aix-la-Chapelle. Stéphane Montavon continuera à officier comme suppléant à Calgary et sur quelques concours. Et Jörg Wetzel demeure à disposition comme psychologue du sport (il était aux JO) et le Dr Martin Kummer comme vétérinaire en chef.

Continuité, confiance… et qualification pour les JO!

Andy Kistler entrera en fonction le 1er mars et Urs Grünig l’initiera jusqu’à la fin avril aux divers aspects de cette charge, qui comprend aussi la responsabilité des cadres élite. Andy Kistler est père de quatre enfants, dont deux cavalières qui ont monté quelques années dans les cadres juniors et jc, puis au meilleur niveau national et un peu à l'étranger. Ex-dirigeant de Kimberly-Clark, Andy Kistler a une solide expérience professionnelle. Il est indépendant depuis un an et a davantage de temps. "Je suis très motivé et j'aimerais comme mes prédécesseurs me mettre totalement au service du saut d'obstacles. De plus, je peux vous assurer que je ferai la part belle à la continuité, à la correction et à la confiance". 

Les objectifs consistent à se classer dans le top 5 lors des Jeux mondiaux en Normandie, synonymes de qualification pour les JO 2016, et le maintien au sein de la Division 1 des Prix des Nations.

Du stress, mais un départ serein

Urs Grünig (60 ans le 31 mars prochain) a annoncé cela ce mardi, à l'issue de la conférence de presse du CSI de Zurich, au siège de la RTS, où la FSSE avait aussi convoqué la presse. Il tire sa révérence de façon sereine. Rien à voir avec le départ un peu contraint de Martin Walther après une belle série de médailles suivie d'un échec retentissant aux Jeux mondiaux de Jerez 2002. Ou celui de Rolf Grass après plusieurs podiums (dont Windsor 2009) ponctués d'un autre échec cuisant, aux Jeux mondiaux de Lexington 2010 ainsi qu'une relégation en Division II. Depuis Fabio Cazzaniga (fin 1992), aucun "chef" n'était donc plus parti de façon aussi "naturelle"…

"Apporter du calme, de la sérénité et de la constance, garantir la confiance, assurer une transparence, une bonne communication, des critères de sélection claires, une bonne stratégie", voilà quelques-unes des missions que s'était fixées Urs Grünig. Le Zurichois conseille la direction de cinq entreprises du bâtiment et il n'arrivait plus à tout mener de front. "Les sélections, c'est une grosse pression, ça m'empêchait souvent de dormir. Les cadres, c'est un ensemble, trente individualités, qui doivent former un tout. Aujourd'hui, c'est quasiment le cas".

Soulagement ou tristesse après cette décision? "Un peu les deux à la fois, évidemment. Il faut beaucoup de joie, de passion et d'émotions pour assumer ce job, j'ai eu beaucoup de plaisir durant ces presque quatre années, de bons contacts avec les cavaliers et les propriétaires, même si ce n'est pas toujours facile. Il y a des pressions, du stress, c'est parfois très difficile, mais passionnant. Et avec une bonne communication, de la clarté, on y arrive. Au début, il y avait la moitié des cavaliers contre moi, à la fin tout au plus deux ou trois!"

Un poste rétribué? Et un entraîneur?

Urs Grünig plaide pour un poste rétribué à plein temps. "C'est un poste clé pour le saut d'obstacles. Et c'est très prenant. J'ai déjà plaidé au près de la FSSE pour un poste à 50, 60 ou 70%, ce serait nécessaire. Et avec un champion olympique en titre, c'est le meilleur moment pour trouver un financement! La Suisse est la seule nation de pointe sans véritable staff rétribué" (ndlr: seuls des défraiements et des piges sont prévus).  On peut aussi se demander si la Suisse ne devrait pas s'offrir les services d'un entraîneur national ou de deux entraîneurs à temps partiel (Thomas Fuchs, titularisé aux JO, coache déjà quatre ou cinq piliers de l'équipe, aux frais des cavaliers).

"Les Jeux Olympiques ont constitué le plus haut fait et le meilleur moment de mon engagement. Pas seulement grâce à la médaille d'or de Steve Guerdat, mais aussi grâce à l'état d'esprit incroyable de toute l'équipe durant toute cette période, avant et pendant les Jeux. Steve a aidé l'équipe, mais l'équipe a aussi aidé Steve". Et Urs Grünig d'ajouter que les responsables de Swiss Olympic avaient trouvé que son équipe était la plus impressionnante de toutes pour sa cohésion et sa combativité. "Et quand on sait combien les cavaliers peuvent être individualistes, ce n'était pas évident! L'année 2012 a été fabuleuse, mais j'ai alors aussi constaté que c'était trop pour moi".

Les quatre CSIO choisis pour 2014

Et si Urs Grünig a été déçu de passer à nouveau si près du podium par équipe - et individuel - aux derniers championnats d'Europe de Herning ("ça a été très dur et c'était injuste, j'en ai fait des cauchemars" ), il rappelle que la Suisse a remporté l'été dernier le circuit des Coupes des Nations. Cela permet à la Suisse, comme à la France, gagnante de la finale de Barcelone, à la Grande-Bretagne et à l'Irlande, de choisir cet après-midi les quatre étapes qu'elle veut faire cet été. "Pour nous, ce sera Lummen (BEL), qui remplace Aix-la-Chapelle, La Baule, St. Gall et Rotterdam", nous confie Urs Grünig. Et d'ajouter: "Et j'espère bien que nous serons invités dans une ou deux autres étapes et bien sûr aussi au CHIO d'Aix-la-Chapelle!". Il quitte l'équipe, mais restera un de ses plus fervents supporters. 

Urs Grünig pourra consacrer plus de temps aux siens. Sa famille a dix chevaux et fait un peu d'élevage, avec deux juments poulinières, dont Fleur XI, avec laquelle sa fille Nora fut championne d'Europe par équipe chez les jeunes cavaliers (ières) en 2006 (avec Janika Sprunger, Faye Schoch et Mélanie Mändli). Nora ne monte plus, mais elle pourrait recommencer bientôt, car elle croit beaucoup en une 3 ans née à la maison. Possible aussi qu'Urs Grünig ayant retrouvé son indépendance, il confie à nouveau un cheval à Werner Muff. On devrait en tout cas le retrouver autour des terrains de concours. Plus détendu!

Alban Poudret

 


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