Photographie Eric KNOLL. Jumping International de Dinard 2018. CSI 5*

Dans les coulisses du Rolex Grand Slam : aperçu de la saison 2024

Souvent considéré comme le plus grand challenge du monde du saut d’obstacles, le Rolex Grand Slam of Show Jumping sera une fois encore en tête des ambitions des cavaliers de renom cette année. Tout comme les tournois des grand chelems au tennis ou au golf, les concours du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont les plus renommés au monde et présentent un enjeu extraordinaire pour les cavaliers et chevaux de talent. Le prestige du Rolex Grand Slam of Show Jumping est tel qu’il attire les meilleurs couples de chevaux et cavaliers au monde, de tous les coins de la planète, pour nous offrir un niveau de compétition inégalé.

Le Dutch Masters, premier en date, aura lieu du 7 au 10 mars. Inauguré en 1967, il sera aussi le dernier des Majeurs à donner l’occasion de fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping (les festivités ayant commencé au CHIO d’Aix-la-Chapelle de 2023). Fort de sa victoire au CHI de Genève en décembre, le jeune Allemand Richard Vogel fera ses débuts sur la piste principale du prestigieux Brabanthallen. Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, il tentera tout pour être le deuxième cavalier de l’histoire à remporter cette récompense.

Souvent comparé au tournoi de tennis de Wimbledon, le CHIO d’Aix-la-Chapelle offrira un cadre de renom au nec plus ultra du saut d’obstacles. Aussi appelé World Equestrian Festival, cet événement propose de quoi ravir les amateurs avec cinq disciplines équestres représentées. Après dix jours de compétition haletante, il culminera le dimanche 7 juillet par le célèbre Rolex Grand Prix. Dans l’illustre parc sportif Soers, devant 40 000 passionnés d’équitation, quarante des meilleurs couples au monde se feront face lors de trois manches acharnées dans l’espoir d’inscrire leur nom au palmarès de ce concours emblématique.

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping traverse alors l’Océan Atlantique, direction Spruce Meadows, l’un des lieux de concours les plus renommés d’Amérique du Nord. Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ (du 4 au 8 septembre) sera le théâtre de l’un des Grands Prix les plus prestigieux au monde, le CPKC ‘International’ Grand Prix, présenté par Rolex. Le chef de piste Leopoldo Palacios offrira aux chevaux et cavaliers un défi de taille, qui exigera courage, précision et moyens. L’an passé, Martin Fuchs (témoignage Rolex) et le talentueux Leone Jei avaient décroché une victoire spectaculaire.

Le CHI de Genève marquera le point final du Rolex Grand Slam of Show Jumping 2024. Du 11 au 15 décembre à Genève, un contingent impressionnant de sportifs de haut niveau se réunira sous le toit de Palexpo, pour beaucoup le meilleur lieu de concours de saut d’obstacles indoors. Le Rolex Grand Prix servira de point d’orgue à plusieurs jours de féroce compétition et à une énième année de sensationnels divertissements proposés par le Rolex Grand Slam of Show Jumping.

Entretien avec Josie Eliasson

  • Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?
  • Je m’appelle Josefine et je travaille pour Jessica Springsteen depuis huit ans. Au départ, je travaillais à ses écuries et je montais un petit peu. Mais cela fait maintenant six ans que je voyage autour du monde avec elle et ses chevaux, en tant que groom de concours. 
     
  • Comment votre carrière a-t-elle commencé ?
  • J'ai commencé par faire de l'équitation quand j'avais cinq ou six ans, et je suis tombé amoureuse des chevaux. Un peu plus tard, j’ai eu un bon cheval avec lequel j'ai fait de la compétition en Suède. La personne gérant les écuries où mon cheval était en pension concourait aussi régulièrement aux National Young Horse Championships, et je lui servais de groom. Je me suis vite rendue compte que ça me plaisait, et elle m'a toujours encouragée dans ce sens. Elle m'a répété que j'étais douée et que je me souvenais de tous les petits détails importants. J’ai alors rendu visite à une amie à moi qui travaillait avec des chevaux en Suisse. Après deux jours seulement, je savais que c’était bien ce que je voulais faire. Je lui ai demandée si elle connaissait quelqu'un qui avait besoin d’une personne pour travailler dans ses écuries. C’est là que j’ai trouvé un poste auprès de Romain Duguay. J'avais toujours mon cheval mais j'ai réussi à le prêter et j'ai fait mes valises pour la Suisse. Je suis restée à ce poste pendant un an environ, avant de repartir en Suède. J’ai réalisé que mon ambition était de devenir groom de concours en Europe, ce qui nécessitait souvent de conduire un van, une tâche difficile sans permis de conduire correspondant. Mais avant même mon premier cours d'auto-école catégorie poids lourds, j'ai commencé à travailler avec Jessica. C'était il y a huit ans de cela maintenant. 
     
  • Si vous pouviez revenir dans le temps, quels conseils donneriez-vous à la personne que vous étiez à vos débuts ?
  • Je me dirais d’écouter les personnes ayant plus d’expérience que moi. Ce que j'aime dans cette profession, c'est qu'on apprend toujours de nouvelles choses, et cela pour deux raisons : tout d’abord parce que notre sport évolue en permanence, et puis parce que chaque personne a ses propres systèmes et techniques. J’ai toujours osé poser des questions, mais je lui conseillerais tout de même d’en poser encore plus, car c’est comme ça qu’on apprend. 
     
  • Vous faites souvent le trajet pour les États-Unis, comment faites-vous pour que les chevaux soient en forme à l’arrivée ? Avez-vous des astuces de pro à partager avec nous ?
  • La clé du succès, c’est de très bien connaître son cheval. De cette façon, il est plus facile de remarquer si quelque chose ne va pas. Plus on remarque vite ce genre de choses, plus vite on peut remédier au problème. C’est plus facile à faire avec les chevaux de championnat, car on passe énormément de temps en leur compagnie et on connaît toutes leurs petites habitudes. N’importe quel petit changement dans leur comportement est donc immédiatement évident, et on peut prendre les mesures adaptées avant que cela ne devienne un vrai problème. 
     
  • Avez-vous des habitudes ou gestes superstitieux bien ancrés au moment de la compétition ?
  • Tout le monde a ses petits gestes et habitudes, je crois, à l’approche des grandes épreuves. Par exemple, je dis toujours à ma cavalière de ne pas oublier de s’amuser, et je donne une petite tape sur l’encolure du cheval. Pour les grosses épreuves, j’essaie de le faire discrètement afin de ne pas déranger ma cavalière alors qu’elle tente de se concentrer, mais je n’y manque jamais. 
     
  • Parlez-nous des chevaux dont vous vous occupez et de leurs caractéristiques.
  • Don Juan Van De Donkhoeve, la monture olympique de Jessica, est notre meilleur cheval. Lui et moi sommes très liés. En tant que groom, on passe tellement de temps seuls avec nos chevaux de championnat qu’on apprend à les connaître comme personne. Je sais que tous les grooms doivent se dire la même chose, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir un lien privilégié avec Don. Par exemple, quand j’entre dans l’écurie, il hennit à mon approche, mais ne le fait pour personne d’autre. Il occupe une place très spéciale dans mon cœur. C’est un étalon, mais c’est l’étalon le plus gentil que j’ai jamais rencontré. Je filme aussi toutes les épreuves. C’est une autre habitude que j’ai, même lorsqu’on peut regarder la compétition en live ou acheter la vidéo. Si quelqu’un d’autre filme, je ne sais pas quoi faire de mes mains. Il faut que je tienne un téléphone ! Dès que je filme Don [Juan Van De Donkhoeve], il faut toujours que je l’encourage à toutes les étapes. Je l’exhorte : « Vas-y, tu vas y arriver ! ». Dans notre cheptel de chevaux 5*, on a aussi Hungry Heart. Il a douze ans et c’est un vrai personnage. On peut jouer avec lui comme avec un chien de compagnie. Je blague souvent en disant que si j’y mettais du mien, je pourrais sûrement lui apprendre à s’asseoir. Il est trop rigolo. Il y a aussi deux ou trois autres chevaux très prometteurs. Nous avons un bel avenir devant nous ! 
     
  • Que faites-vous pour vous assurer qu’ils soient au top de leur forme aux dates clés du calendrier équestre ?
  • On essaie de partir d’une date importante pour planifier notre approche à l’avance pour le cheval en question. Si on sait qu’un cheval saute mieux la deuxième semaine de compétition, on fait en sorte de prévoir des épreuves sur deux semaines consécutives. En tant que groom, j’essaie de garder la même routine en concours et à domicile, car les chevaux sont plus calmes ainsi. Lors des grands concours, on peut utiliser des choses un peu spéciales, comme des couvertures massantes, mais j’essaie au maximum de garder les choses simples et de les laisser être eux-mêmes. 
     
  • Jessica a fait de très bonnes performances au Rolex Grand Prix du CHI de Genève. Qu’a ressenti l’équipe dans son ensemble à ce moment-là ?
  • Le CHI de Genève est un événement très spécial. C’est mon concours indoor préféré, et sûrement celui de Jessica et de la plupart des cavaliers de haut niveau. Une performance réussie dans un Grand Prix aussi prestigieux est un rêve devenu réalité, pour lequel nous avons beaucoup travaillé. Nous sommes allés à deux ou trois concours avant le CHI de Genève, et Don [Juan Van De Donkhoeve] était en très bonne forme. Pour cette raison, nous nous sommes beaucoup mis la pression, mais nous étions ravis de finir la saison 2023 en Europe par ce résultat. La dernière fois que nous étions au CHI de Genève, une petite erreur au Rolex Grand Prix nous avait coûté cher. Nous nous sommes rachetés cette année. 
     
  • Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?
  • Il a eu un impact incroyable. C’est l’objectif ultime de chaque cavalier. Gagner un Majeur et devenir le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping est une très grande réussite, mais avoir l’opportunité de concourir dans ces épreuves les plus prestigieuses au monde est déjà un immense privilège pour les cavaliers. C’est très spécial de concourir ou même d’être présent dans des lieux tels que ceux qui accueillent le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou The Dutch Masters. 
     
  • Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?
  • Je trouve qu’ils permettent de mieux faire connaître le sport en question. C’est toujours incroyable de pouvoir assister au plus haut niveau de la compétition mondiale, et les Majeurs sont là pour ça. C’est une chance, au-delà de l’épreuve elle-même, de remporter une récompense comme le Rolex Grand Slam of Show Jumping. À mon avis, c’est un enjeu capable de passionner tout le monde, même ceux qui ne sont pas normalement des amateurs de sports équestres. 
     
  • L’an passé, vous avez lancé Yeehaw, une société visant à établir des connexions entre grooms et cavaliers. Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer cette initiative ? 
  • Plusieurs facteurs m’ont encouragée à lancer ma propre entreprise. Tout d’abord, le fait que beaucoup de gens me demandaient comment trouver du personnel de qualité ou des postes intéressants. Il y a beaucoup de bons grooms et employeurs, mais ce n’est pas toujours facile pour nouer des connexions.  Je souhaitais créer une plateforme où tout le monde pourrait accéder aux postes vacants. Il n’est pas difficile de trouver du travail dans ce secteur, car il existe de nombreux postes à pourvoir, mais ce n’est pas toujours facile de trouver un bon poste. Avant, il fallait connaître les bonnes personnes, car il n’y avait pas de site officiel où chercher un emploi. Je voulais donc créer une communauté où les grooms et cavaliers pourraient se retrouver et échanger. L’autre objectif, c’était de renforcer les normes dans ce domaine pour tenter d’améliorer les conditions de travail des grooms. Un poste de groom valorisant vous donne envie de rester indéfiniment. Mais si l’on ne se sent pas valorisé dans son premier poste, on peut très vite en avoir ras le bol, même si l’on est doué. J’aimerais que ces personnes talentueuses trouvent les meilleurs postes possibles, car c’est le meilleur métier qui soit à mes yeux. 
     
  • Si vous pouviez donner un conseil à un groom en herbe, quel serait-il ?
  • Je lui donnerais le même conseil qu’à la personne que j’étais plus jeune : d’écouter les grooms chevronnés pour en apprendre le plus possible. Je lui conseillerais également de ne pas avoir peur. Beaucoup de gens ne se trouvent pas mal dans leur travail, mais ne sont pas aussi heureux qu’ils pourraient l’être. Alors évidemment, cela fait peur de se lancer dans l’inconnu et de changer de vie, mais c’est essentiel de trouver sa place. Enfin, il faut bien sûr aimer les chevaux. En tant que groom, on passe énormément de temps à s’en occuper et à voyager en leur compagnie. Mais si c’est le cas, c’est le meilleur métier du monde.

Entretien avec Joseph et Mark Stockdale

Joseph et Mark Stockdale sont tous deux des étoiles montantes de l’univers sportif, le premier au saut d’obstacles et le second au golf. Les deux frères tiennent de toute évidence de leur père, Tim Stockdale, aujourd’hui malheureusement décédé : celui-ci avait représenté la Grande Bretagne aux Jeux olympiques de 2008 en saut d’obstacles.

  • Pourriez-vous vous présenter et nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ?
  • [Joseph Stockdale] : Je m’appelle Joseph Stockdale. J’ai 24 ans, j’habite à Northampton [au Royaume-Uni] et je suis cavalier de saut d’obstacles. En 2022, j’ai fait partie de l’équipe britannique médaillée de bronze aux Championnats du monde FEI à Herning, et j’espère bien concourir cet été aux Jeux olympiques de Paris 2024. 
  • [Mark Stockdale] : Je m’appelle Mark Stockdale. J’ai 19 ans et je suis également originaire du comté du Northamptonshire. J’appartiens actuellement à l’équipe universitaire de golf de l’UCA (University of Central Arkansas), ainsi qu’à l’équipe nationale d’Angleterre. Mon but est de devenir golfeur professionnel. Je suis actuellement en 320e position au classement mondial.  
     
  • À votre avis, qu’avez-vous appris de vos sports respectifs ? Existe-t-il des différences ou au contraire des similitudes ? 
  • [Joseph Stockdale] : Ce sont deux sports qui ont pour point commun de provoquer de grandes frustrations. Mark sait monter à cheval, et j’ai pratiqué le golf. Mais au plus haut niveau, ce sont deux sports très difficiles. Avec les chevaux, c’est les montagnes russes, on a constamment des hauts et des bas. Ayant joué au golf à petit niveau, je sais c’est un jeu qui peut être très frustrant, où il faut se livrer bataille à soi-même. Dans un sens, on a la chance dans le saut d’obstacles d’avoir d’autres facteurs qui entrent en jeu, comme les chevaux. Le golf est un sport très individuel. En cas de mauvaise performance, on ne peut que s’en prendre à soi-même. Mais dans l’ensemble, la force mentale est un élément fondamental dans les deux sports.
  • [Mark Stockdale] : Je suis tout à fait d’accord. Dans les deux cas, il est essentiel de rester patient et de se fier à sa préparation. Ces choses prennent du temps, il faut être résilient pour y arriver. Ces deux sports sont très différents et à la fois similaires. Il faut faire preuve de beaucoup de patience. On n’arrive pas tout de suite en tête du classement, il faut y travailler chaque jour. 
  • [Joseph Stockdale] : La chose à retenir dans n’importe quel sport de haut niveau est le fait que la réussite ne repose pas entièrement sur la préparation et les résultats, mais aussi sur le côté psychologique et sur l’état d’esprit qu’on cultive après une épreuve. Ces deux aspects sont comparables dans ces deux sports très différents.  
     
  • Pensez-vous qu’on puisse comparer la relation entre le golfeur et son caddie à celle qui unit cavalier et groom ?
  • [Mark Stockdale] :  Effectivement, je pense qu’il y a là des points communs. La confiance doit être là. Joe doit pouvoir se fier à Charlotte [sa groom de concours, ndlr] pour être sûr que ses chevaux sont prêts et en pleine forme le jour J. De mon côté, je dois vouer une confiance totale à mon caddie, avec qui je partage les mêmes objectifs et le même état d’esprit. Lorsque nous échangeons sur certains aspects de la partie, nous devons être sur la même longueur d’onde. Il ne faut pas se disputer ! Mais en fin de compte, lorsque Joe entre en piste ou que je lève mon club, le groom et le caddie ne font plus partie de l’équation. Ils ont rempli leur part du contrat : c’est à l’athlète de jouer.
  • [Joseph Stockdale] : Il existe de nombreuses similitudes entre les deux. Comme l’a dit Mark, la confiance est primordiale. C’est tellement plus reposant quand on sait que quelqu’un vous accompagne et vous soutient à chaque étape de votre préparation. C’est aussi très important d’avoir quelqu’un avec qui échanger et partager des idées. Par exemple, Mark peut demander à son caddie ce qu’il pense d’un coup potentiel, et même si ce dernier se contente de dire que c’est une bonne idée, cela donne confiance. De mon côté, quand je suis à l’échauffement avec Charlotte, je peux lui demander : « Comment était-il sur le vertical? », et elle me répond « Parfait ! ». Même si c’est surtout pour se rassurer mentalement, cela donne confiance : ce soutien permet de réaffirmer qu’on peut se faire confiance et qu’on sait ce qu’on fait. C’est bon pour le moral de se sentir soutenu au moment d’entrer sur la piste ou de jouer le coup.
     
  • Pourriez-vous nous parler de votre équipe et de son rôle dans votre réussite 
  • [Joseph Stockdale] : Je suis entouré d’une super équipe, comprise de nombreuses personnes. Non seulement les gens qui travaillent aux écuries chaque jour, mais aussi les vétérinaires, les maréchaux ferrants, les kinés et bien d’autres. Quand on y réfléchit, beaucoup de gens contribuent à mon succès. Je me suis intéressé à la psychologie du sport dernièrement, et j’ai notamment lu des livres écrits par des cyclistes qui parlent de la règle des 1 %, dans laquelle votre équipe joue un rôle crucial. En améliorant chaque aspect de la préparation par paliers de 1 %, la différence peut finir par être énorme. Désormais, notre rôle est de faire en sorte que tout le monde améliore ses performances de 1 % à chaque étape. Les gens qui m’entourent sont formidables, ils mettent tous leurs efforts dans leur travail. Je ne pourrais jamais assez les remercier. Sans eux, je n’aurais jamais eu le même succès.
  • [Mark Stockdale] : Pareil pour moi. Je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui sans l’aide de ma famille et de mes proches. Le golf n’est pas un sport que ma famille connaissait. Nous l’avons découvert ensemble et nous continuons d’apprendre de nouvelles choses chaque jour à ce sujet. En tant que sportif professionnel, on rencontre de nombreuses difficultés dont il faut pouvoir être en mesure de parler pour en tirer des leçons. Je reçois aussi l’aide de mon université. Par exemple, je rencontre mes entraîneurs aujourd’hui pour être au top de ma forme au moment de concourir. L’association anglaise de golf (England Golf) m’aide également à participer aux meilleurs tournois et à concourir au plus haut niveau. Sans compter les nombreux intervenants externes, comme les fabricants de mes clubs de golf, sans qui je n’en serais pas là. 
     
  • Pouvez-vous nous expliquer l’importance des tournois et concours « majeurs », comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou le Masters au golf, pour la notoriété et l’image de marque de vos sports respectifs ? 
  • [Joseph Stockdale] : Ce sont les événements à ne pas manquer dans nos deux sports. Si l’on interroge n’importe quel cavalier de saut d’obstacles sur les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou le Dutch Masters, il vous dira que ce sont des concours spectaculaires, les meilleurs au monde. Quand je parle à mes amis en dehors de l’univers équestre, ceux-ci ne connaissent pas forcément les concours dont je leur parle. Mais si je leur dis que je vais à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, ils comprennent tout de suite l’importance de l’événement. C’est ça, l’impact qu’a eu Rolex. Pour les cavaliers, ces concours sont les plus importants et les plus dotés au monde : ceux que tout le monde rêve de remporter, là où l’on retrouve le plus grand talent. 
     
  • [Mark Stockdale] : Pareil au golf : lorsqu’on entend le mot ’Masters’, tout le monde est conscient du côté prestigieux et de l’importance historique de l’événement. Même s’ils ne jouent pas tous au golf, les membres du public ont entendu parler des joueurs victorieux ou de la fameuse « veste verte ». À mon avis, ces événements permettent d’attirer les personnes qui n’avaient pas jusque-là d’intérêt particulier pour ce domaine, qui comprennent à quel point une victoire est prestigieuse pour le gagnant. Ce type d’enjeu est très important dans le sport. 
     
  • Le Rolex Grand Slam of Show Jumping donne aux jeunes cavaliers la chance de concourir aux côtés des plus grands. Quelle importance revêt cette opportunité pour eux de se mesurer aux meilleurs cavaliers de la planète ? 
  • [Joseph Stockdale] : C’est ce qui permet de passer au niveau supérieur. Dans les concours 5* usuels, les cavaliers en lice ne sont pas aussi éminents que ceux des Majeurs du Rolex Grand Slam Majors, les obstacles pas aussi massifs, les parcours pas aussi techniques. Pour un jeune cavalier, la première participation à un Majeur est une expérience électrique. On apprend énormément lorsqu’on est forcé de se dépasser. La première fois que je suis allé au CHI de Genève, j’ai adoré. On y retrouve le nec plus ultra du saut d’obstacles mondial. Tous les plus grands cavaliers sont au rendez-vous avec leurs meilleurs chevaux dans l’espoir de gagner. Les barrages de ces épreuves sont exceptionnels, on ne retrouve cela nulle part d’autre. En temps normal, on assiste à un une performance exceptionnelle une fois par mois environ. Mais au Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2022, ce sont cinq cavaliers qu’on a vu avaler le parcours à toute vitesse. Chaque passage était aussitôt qualifié d’imbattable, avant d’être dépassé par le prochain couple. Un spectacle inoubliable pour les spectateurs, mais aussi une expérience formidable pour les cavaliers tels que moi. J’ai appris énormément de choses. Chaque Majeur est une chance extraordinaire de pouvoir se mesurer à ses héros, et je suis très reconnaissant aux organisateurs de présenter cette opportunité aux jeunes cavaliers. Je ne pense pas que j’en serais là si je n’avais pas eu cette opportunité, grâce à laquelle j’ai infiniment amélioré mes performances.  
     
  • Ayant grandi dans une famille férue d’équitation, qu’est-ce que vous a mené à développer une passion pour le golf ? Pensez-vous avoir tiré des leçons d’une enfance passée dans cet univers, qui vous sont utiles dans votre carrière de golfeur ?
  • [Mark Stockdale] : J’ai commencé à jouer au golf pour m’amuser. Mon père s’y est mis, et Joe a pris des cours en même temps que lui, et ils allaient jouer ensemble le week-end, une fois mon père rentré de concours. J’ai voulu apprendre pour passer du temps avec eux. J’ai pris quelque cours, et mon esprit de compétition s’est tout de suite réveillé. J’ai dû m’entraîner pour essayer d’être au même niveau qu’eux et de les battre. J’avais des facilités, et quand j’ai commencé à participer à des tournois, j’ai très vite adoré m’entraîner et m’améliorer. C’est un sport très frustrant : il suffit de penser qu’on a compris quelque chose pour que cela vous file entre les doigts le lendemain. Cette quête incessante d’amélioration, c’est ça que j’aime. Ma famille m’a appris qu’on ne peut pas prendre un jour de congé parce qu’on en a envie. Il faut monter chaque jour, il n’est pas possible de laisser un cheval à l’écurie. Il faut travailler sans cesse. Lorsque mon père et Joe partaient monter, j’allais m’entraîner pour me perfectionner. Pour cela, il faut être très résilient. Les contrecoups sont inévitables, mais en restant concentré sur ses objectifs et en travaillant dur chaque jour, on peut y arriver. 

 

  • Avec un père athlète olympique, vous baignez depuis tout petits dans la compétition. Quelles leçons vous a-t-il inculquées ?
  • [Mark Stockdale] : Il m’a énormément appris, et je pense à ces leçons au quotidien. Par exemple dans sa manière d’être et d’échanger avec les gens, comme les enfants en quête d’un autographe ou les personnes qu’il rencontrait dans la vie de tous les jours. Aux concours, tout le monde le connaissait et vice-versa. J’ai appris à forger des liens avec les personnes pour mériter leur respect. Mon père a toujours été consciencieux et professionnel, et m’a inculqué le goût du travail bien fait. Pour réussir, il faut se donner à 100 % et persévérer encore et toujours. 
  • [Joseph Stockdale] : Je suis d’accord avec Mark. Notre père était volontaire et même obstiné. Quand il perdait ou rencontrait une difficulté, il ne se résignait jamais, mais redoublait d’efforts. Il faisait tout son possible pour retrouver le chemin de la victoire. Il pouvait se montrer têtu : si quelque chose ne marchait pas, il était toujours décidé à trouver la solution pour résoudre le problème et atteindre le résultat visé. Dans les moments où nous pourrions avoir envie d’arrêter, sa voix résonne dans nos esprits et nous exhorte : « Vas-y, continue, essaie de trouver une solution ». Il continue de nous motiver à ce jour. 
     
  • Si vous pouviez remporter un Majeur, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
  • [Joseph Stockdale] : De mon côté, j’aimerais beaucoup remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. C’est un Grand Prix très spécial, avec plusieurs manches, réputé pour sa difficulté et pour la taille de ses obstacles. La piste en herbe du CHIO d’Aix-la-Chapelle a une longue et épique histoire. C’est mon rêve de gagner à cet endroit. Au golf, je dirais bien sûr le Masters. Ça doit être phénoménal de jouer sur la pelouse d’Augusta et d’enfiler la fameuse veste verte. 
  • [Mark Stockdale] : Je dirais aussi le Masters. Avec son fairway tondu au cordeau, c’est ce qui s’approche le plus du paradis pour un golfeur. On n’est pas loin de la perfection dans ce tournoi à la réputation irréprochable. Quand j’étais  petit, le moment où le joueur enfile la veste verte, c’était le golf dans toute sa splendeur.

Comm RGS. 


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