Interview d’Henrik Von Eckermann, prétendant au Rolex Grand Slam
Victorieux du Rolex Grand Prix de Bois-le-Duc (et aussi de celui de Windsor, depuis), le Suédois aura un beau défi à relever mi-juillet à Aix-la-Chapelle.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire ? Comment avez-vous commencé à monter à cheval ?
Mes parents étaient agriculteurs et même s’ils ne pratiquaient pas la compétition équestre, ma mère montait un cheval ou deux en balade dans la forêt. Chaque année, mes parents allaient au Gothenburg Horse Show. Quand j’étais jeune, je les accompagnais et je me disais qu’un jour, j’adorerais participer à ces épreuves. J’ai toujours adoré la compagnie des animaux et des chevaux à la ferme, donc je suppose que c’est ainsi que ça a commencé.
Vous souvenez-vous de votre premier poney ?
Mon premier poney était un Dales qui s’appelait Golden Chance.
Quel a été le meilleur moment de votre carrière jusqu’ici ?
Honnêtement, c’est difficile à dire. Mon dernier grand moment a évidemment été ma victoire au Rolex Grand Prix des Dutch Masters, mais il y a eu tant de grands moments. Ça dépend du stade où l’on en est dans sa carrière. J’ai tant de souvenirs, depuis mon premier concours international jusqu’à Bois-le-Duc. Évidemment, gagner un Rolex Grand Prix était l’un de mes principaux objectifs.
Quelles pensées vous sont venues à l’esprit aux Dutch Masters quand vous avez réalisé que vous aviez remporté le Rolex Grand Prix ?
Steve est passé avant moi et quand j’ai vu son tour, je me suis dit : « OK, je sais que je peux le battre. » Après moi, deux ou trois concurrents devaient encore prendre le départ. Quand on n’est pas le dernier à entrer dans l’arène, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. J’ai été très souvent deuxième. Au Rolex Grand Prix de Genève, Kent m’a battu et j’ai encore été deuxième. J’ai donc été vraiment très heureux de gagner celui-là. Ça a été dur de regarder les autres. J’étais très inquiet à l’idée de décrocher une autre deuxième place.
C’est bientôt le CHIO d’Aix-la-Chapelle. Comment vous préparez-vous à la prochaine étape du Rolex Grand Slam ?
Je n’ai pas encore réussi à décider quel cheval j’allais monter. C’est encore la surprise. Il me reste environ dix semaines, donc il va falloir que je me décide.
Pensez-vous que le Rolex Grand Slam crée du buzz supplémentaire autour du saut d’obstacles ?
Oui, c’est un plus extraordinaire pour ce sport. Les compétitions Rolex sont les meilleures du monde et les épreuves du Grand Slam sont celles que tout le monde veut gagner. Le Rolex Grand Slam est l’équivalent équestre de la Formule 1 ; il paraît presque hors de portée ! Je ne sais pas si nous aurons l’occasion un jour de voir quelqu’un renouveler l’exploit de Scott Brash. Mon objectif actuel est d’en gagner deux consécutifs, mais nous verrons. C’est certain que c’est une grande motivation.
Qu’avez-vous fait Toveks Mary Lou et vous depuis votre victoire du mois de mars ?
Nous avons participé à quelques concours, le premier étant la FEI World Cup™ Final, à Göteborg. Mais ça ne s’est pas tout à fait passé comme nous l’aurions voulu, donc nous l’avons vite oublié. Elle a fait une petite pause avant de faire son retour au Royal Windsor Horse Show où elle a bien couru, alors nous sommes très contents !
Vous avez eu une année incroyable avec Toveks Mary Lou. Qu’est-ce qui fait que c’est un cheval si spécial ?
C’est une gagnante qui montre une extraordinaire combativité quand elle entre dans l’arène. Elle donne toujours le petit truc en plus et elle sait toujours quand elle doit être au top.
Comment est-elle en compétition et à la maison ?
Elle est très différente. Aux écuries, elle est très calme et profite de la vie. Mais en compétition, elle peut être très sensible. Son humeur change radicalement. À la maison, elle est beaucoup plus détendue et ne prend pas peur facilement. Tandis qu’ici, en compétition, elle est beaucoup plus en alerte, comme si elle était branchée sur du 220 volts. Il faut faire très attention et je dois toujours être sur mes gardes !
Pouvez-vous nous parler de votre équipe et de tous ceux qui vous aident à la maison et en compétition ?
Au début, il y a eu Karl Schneider. Il avait une ferme et c’est l’ancien propriétaire de Mary Lou. Tout a commencé dans cette ferme, avec Karl. J’ai eu la chance que nous ayons ce cheval auquel j’ai cru dès le départ. Évidemment, la famille Tovek, qui est propriétaire de Mary Lou, m’a garanti de pouvoir continuer à la monter, ce qui a vraiment été primordial. Et puis, il y a bien sûr tous mes grooms à la maison, aux écuries. Ils prennent parfaitement soin de Mary Lou. Elle est très spéciale, si vous saviez. Il pourrait facilement lui arriver quelque chose et comme je ne peux pas être avec elle en permanence, je leur suis très reconnaissant de leur soutien. En fin de compte, j’ai une équipe formidable. Et enfin, il y a ma petite amie qui est là dans les mauvais jours comme dans les bons. J’ai eu beaucoup de chance. Quand on démarre tout seul, on réalise à quel point il est important de s’entourer des bonnes personnes.
Quel est le côté le plus difficile de votre travail ?
Il peut se produire des choses sur lesquelles vous n’avez pas prise et qui font que, parfois, vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs. Il arrive que les chevaux se blessent et je pense que c’est ça le plus dur, d’avoir conscience du risque qu’il peut toujours se passer quelque chose.
Quel est le meilleur côté de votre travail ?
Il y a tant de choses. Le simple fait de pouvoir faire ce que nous faisons avec ces animaux, de pouvoir communiquer avec eux de cette façon, cela devient un partenariat. Gagner n’en est qu’un petit aspect. L’important, c’est le chemin parcouru. En fin de compte, la victoire est un couronnement. Ce n’est jamais pareil, chaque jour est différent. Aucun sport ne ressemble à celui-là. Certains jours sont formidables et d’autres, on finit dans la boue. On ne sait jamais ce qu’il peut se produire.
Si vous n’étiez pas cavalier professionnel, que feriez-vous ?
Je pense que j’aurai aimé être joueur de hockey sur glace !
À quel âge vous êtes-vous dit « je veux devenir cavalier professionnel » ?
Dès que j’ai commencé à monter à cheval. J’ai pratiqué de nombreux sports quand j’étais enfant et j’avais un fort esprit de compétition. Je voulais toujours être le meilleur. Dès que j’avais le sentiment de ne pas être à la hauteur, j’arrêtais et je passais à autre chose. Puis j’ai trouvé le sport équestre et ça a marché ! Si vous m’aviez vu monter à mes débuts, vous n’auriez probablement pas imaginé que je deviendrai cavalier professionnel un jour. Je n’ai pas eu d’aptitudes tout de suite, mais j’avais le bon état d’esprit, ce qui est primordial.
Ludger Beerbaum a été votre mentor. Prendriez-vous vous aussi un jeune cavalier sous votre aile?
J’ai une élève, Evelina Tovek. C’était très différent avant que je n’aie un élève – je ne pensais qu’à ma façon de monter et à rien d’autre. Mais maintenant, j’ai une élève qui est jeune et qui est aussi ma concurrente. Mais c’est formidable parce que cela permet de conserver une sorte d’équilibre et de me donner autre chose sur lequel me concentrer. Si ça se passe mal pour moi, mais bien pour elle, alors c’est parfait. Il y a tant d’autres sports dans lesquels on aide ses concurrents et on leur donne des conseils.
Communiqué RGS
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