Martin Kühnis, former son cheval, une vraie satisfaction (2/2)
Martin Kühnis brille en cette première partie de saison. 2e du Grand Prix d’Aarberg fin mai, 11e et meilleur Romand à Galgenen et déjà 2e d’une rankings à Busto Arsizio en avril avec son holsteiner de 12 ans Citano van’t Prinselveld, le Haut-Valaisan a marqué ses premiers points au classement des wild-cards pour le CHI de Genève. Âgé de 36 ans, celui qui fut à l’époque dans les cadres de la relève est installé depuis plus de quinze ans à La Souste, à 10 minutes de Sierre, à la sortie de la forêt du Bois de Finges. Là, il y a monté une écurie de commerce et les lieux se sont peu à peu développés, pouvant accueillir désormais plus de septante pensionnaires.
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Et vous élevez aussi un peu, juste ?
Exactement. J’avais commencé avec Infinity II, ma première jument de Grand Prix (4e du championnat de Suisse JC 2008, remporté par une certaine Janika Sprunger, ndlr). Nous avons eu chaque année entre un et trois poulains. Cette année, on a eu un fils de Wiveau et un de Picobello van’t Roosakker. Nous avons des alpages de chaque côté de la vallée, environ quatre hectares en direction de Loèche-les-Bains et cinq du côté Illgraben-Val d’Anniviers. J’accueille aussi assez souvent des jeunes étalons ou des chevaux d’amis ayant besoin d’être mis au vert. Ce n’est pas comme au Jura certes, mais chaque année, on a tout de même une petite vingtaine de jeunes.
Quelles ont été les personnes à avoir influencé votre carrière ?
Au début, j’ai eu la chance de m’entraîner avec Jürg Notz, puis de passer aussi quelques mois chez les Etter. Ensuite, Albert Lischer et Willi Melliger m’ont donné ma chance dans l’équipe de Suisse juniors et j’ai pu y rester jusqu’à la fin des jeunes cavaliers. Nous n’avions ensuite pas les moyens pour régater avec l’élite, j’ai donc commencé à former des jeunes chevaux. J’ai aussi passé quelques temps chez Hervé Favre, où j’ai beaucoup appris sur le plan technique. Depuis 2006 en revanche, je travaille seul.
En habitant à La Souste, sauriez-vous dire combien d’heures de camion vous faites par année ?
Beaucoup (rires) ! Je dirais en tout cas 80'000 km. Toutefois, je me sens bien dans mon coin. On est rapidement en Italie, on met 160 km pour aller à Busto Arsizio et… 170 pour Yverdon !
Ce qui ne vous empêche pas d’être régulièrement en concours en Suisse romande.
Parce que nous sommes romands bon sang (rires) ! À la fin, les organisateurs sont tous des amis et on adore participer à leurs concours et les soutenir. Je fais le programme à l’avance en fonction des besoins de nos chevaux, des clients et des jeunes.
Comment jonglez-vous entre tout cela ?
C’est toute une organisation. Je suis très reconnaissant envers mon équipe ainsi que toutes les personnes qui me suivent et qui m’aident afin que je puisse aller au concours sereinement. Pour cela, je dois beaucoup à ma maman qui a un œil sur tout et qui fait un travail énorme à la maison.
Avez-vous le temps pour d’autres passions ?
J’adore nager et jouer au tennis, mais c’est quand même assez rare de trouver le temps. Finalement, même le dimanche, je finis par passer le tracteur pour les clients afin que les installations soient au top tous les jours. Et je suis toujours le dernier aux écuries le soir. C’est quelque chose que je ne délégue pas facilement et j’aime que tout soit bien fait en fonction de chaque cheval. Par exemple, Citano sort trois fois par jour, une fois au marcheur, puis au parc et enfin à la longe ou en balade.
S’adapter à chaque cheval, est-ce la clef ?
Je crois que pour que les chevaux se sentent bien, il faut faire en fonction de leurs besoins. Certains jeunes étalons doivent sauter la veille du concours, sinon c’est du rodéo. À l’inverse, Citano ne voit plus une barre une semaine avant le concours. D’ailleurs, il ne fait que de la gymnastique, il n’a jamais vu une barre aussi haute que dans un Grand Prix.
Propos recueillis par Elisa Oltra
Cette interview est parue en p. 43 à 44 du numéro de juillet. Toute reproduction des textes et photos, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’éditeur.